Gérardmer 2014 : 4ème jour et palmarès

21ème Film Fantastique de Gérardmer

4ème jour 

Dernier jour

Quatrième journée beaucoup plus ensoleillée qui nous a permis de découvrir deux derniers films. Il nous a malheureusement été impossible de voir deux des trois ½uvres primées cette année, Miss Zombie (grand prix du jury) et The Badadook (qui rafle quatre prix), en raison de l’affluence massive – et de l'organisation confuse – qui ne facilitaient pas l’accès aux salles.

Le premier film du jour était Almost Human, réalisé par l’américain Joe Bedos. Si le récit s’inscrit dans un premier temps dans la veine de la science-fiction la plus élémentaire – la disparition d’un homme, Mark, « emmené » par une mystérieuse lumière bleue évoquant une puissance extraterrestre – l’histoire prend ensuite un autre virage, dans la droite ligne de L'Invasion des profanateurs de sépultures de Don Siegel (qui a fait l’objet de deux remakes réalisés par Philip Kaufman et par Abel Ferrara en 1978 et en 1993, mais aussi d’un hommage très récent, Le Dernier Pub avant la fin du monde, mis en scène par Edgar Wright). Le film de Joe Bedos reprend la trame principale du genre : l’histoire d’un individu d’apparence humaine qui parvient à prendre possession du corps de ses semblables mais leur ôte tout sentiment, toute empathie pour les autres. Agissant tels de simples automates, les victimes se trouvent dénuées de toute humanité. Sur ce canevas, le réalisateur reprend de nombreuses séquences cultes sans distance ni nuance : l’héroïne principale s’enferme dans une penderie pour se cacher de son agresseur de la même manière que le personnage de Laurie dans Halloween de Carpenter, les séquences de « renaissance » des victimes bénéficient de la même production-design que le Body Snachers de Ferrara, sans parler du cri poussé par le mutant, réplique exacte de tous les films du genre. Le long-métrage recycle ainsi toutes ces scènes sans jamais les transcender ni même se les approprier. Ce faisant, la réflexion principale proposée par le titre, « presque humain », est totalement mise de côté. Il faut attendre le dernier plan pour que l’ébauche d’une problématique vienne sous-tendre le récit, au moyen d’une conversation qui questionne enfin, mais du bout des lèvres – c’est le moins que l’on puisse – l’inhumanité supposée de ces personnages apparemment humains mais intérieurement monstrueux. Bref, en raison de ces incohérences scénaristiques (les personnages se retrouvent dans une maison dont ils disaient ignorer l'adresse jusque-là…) et de son découpage pas toujours très rigoureux, Almost Human est une expérience de cinéma sympathique mais tout à fait dispensable.

Last Days on Mars de Ruairi Robinson se laisse agréablement regarder, sans faire palpiter son spectateur, tout en respectant les codes attendus d’un film de science-fiction. Lors des dernières heures de leur mission sur Mars, comme le souligne le titre, alors qu’ils pensent rentrer bredouilles, les membres de l’équipe découvrent une mystérieuse forme de vie bactérienne qui décime un à un les différents personnages. Le genre dérive alors sur diverses pistes: les astronautes touchés se muent en zombies ; la contamination qui se propage est progressive si bien qu’on ne sait si l’ami d’hier est devenu, ou non, un ennemi assoiffé de sang et de meurtre (la piste du body snatcher n’est pas loin) ; une fugace histoire d’amour se noue entre deux des survivants jusqu’à ce que l’idée de sacrifice colore toute la fin, tragique, du film. La mise en scène est aussi traditionnelle que le scénario, qui parvient néanmoins à émouvoir lors de quelques scènes fortes, notamment l’indétermination quant au sort du seul rescapé, qui dérive dans l’espace, ne sachant pas si l’égratignure qu’il porte est le signe d’une contamination qui détruirait l’espèce humaine. Quant au mélange des genres, il aurait pu ouvrir à une vraie réflexion au lieu de ne fournir que des esquisses hétéroclites. Un long-métrage qui ne casse pas la baraque mais qui permettra aux amateurs du genre d’y trouver leur compte.

Au final, bien qu’il nous faille rester mesuré au regard des ½uvres que nous n’avons pu voir, la sélection de cette 21ème édition a été d’un meilleur niveau global que l’an dernier. Il manquait peut-être une ½uvre du même acabit que Mama, Grand Prix de la précédente édition, pour illuminer le festival.

Le Jury Longs Métrages de la 21ème  édition du Festival International du Film Fantastique de Gérardmer, présidé par Jan Kounen et composé de Kim Chapiron, Alain Damasio, Vahina Giocante, Roxane Mesquida et Juan Solanas a remis les prix suivants :

GRAND PRIX
MISS ZOMBIE de SABU (Japon)

PRIX DU JURY
EX-AEQUO
THE BABADOOK de Jennifer KENT (Australie)
RIGOR MORTIS de Juno MAK (Hongkong)

PRIX DU PUBLIC
THE BABADOOK
 de Jennifer KENT (Australie)

PRIX DE LA CRITIQUE
THE BABADOOK
 de Jennifer KENT (Australie)

PRIX DU JURY JEUNES DU CONSEIL RÉGIONAL DE LORRAINE
THE BABADOOK  de Jennifer KENT (Australie)

PRIX DU JURY SYFY
THE SACRAMENT de Ti WEST (États-Unis)

Le Jury Courts Métrages de la 21e édition du Festival International du Film Fantastique de Gérardmer, présidé par Alexandre Bustillo et Julien Maury et composé de Lizzie Brocheré, Alexandre Courtès, Xavier Laurent et Félix Moati a décerné son prix à:

GRAND PRIX DU COURT MÉTRAGE
THE VOICE THIEF de Adan JODOROWSKY (France, Chili, États-Unis)

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