Voir la fiche complète du film : Alien vs. Predator (Paul W.S. Anderson - 2004)
[[

Alien vs. Predator

Paul Anderson loupe le coche (encore une fois). Malgré des effets spéciaux convaincants, le film est plombé par des idées absurdes et une histoire peu captivante...
Publié le 1 Janvier 2008 par JulienVoir la fiche de Alien vs. Predator
6
Invisibilité Extra-Terrestre

Le richissime industriel Bishop Weyland rassemble une poignée de scientifiques afin de préparer une expédition assez particulière. En effet, l'un de ses satelittes à détecter une forte source de chaleur à un endroit bien précis du pôle Nord. Il a également découvert une pyramide enterrée à 700 mètres sous la surface. Il semblerait que cette pyramide ait connu plusieurs civilisations. Lorsqu'ils arrivent sur place, l'équipe découvre un tunnel qui aurait été creusé en 24 heures seulement. Ils pénètrent à l'intérieur et découvrent l'existence de deux autres civilisations. Des civilisations extra-terrestres...

Alien vs. Predator. Déjà, il y a un petit "hic" dans le titre : pourquoi pas AlienS vs. PredatorS ? Pourquoi pas ne pas avoir utilisé le pluriel ? A la vision du film, on comprend un peu pourquoi. En effet, AVP est (malheureusment) un film qui ne tient pas les promesses de son titre.

Couché comme ça sur le papier, le scénario n'est déjà pas des plus excitants. Mais apparement, l'idée d'Anderson de situer l'action sur Terre a séduit les producteurs, au grand dam du spectateur qui aurait sans doute préféré que l'action prenne place sur la planète des Aliens ou celle des Predators. Question de budget ? C'est fort probable. Car, même si le film était largement attendu par les fans des deux franchises de la Fox, il n'a pas bénéficié d'un budget particulièrement élevé (environ 65 millions de dollars alors que Spider-man 2, par exemple, a bénéficié de 200 millions). En même temps, une certaine appréhension à l'égard de ce projet était inévitable. Tout comme avec Freddy vs. Jason, les fans se demandaient quelles "ficelles" les scénaristes allaient bien trouver pour rassembler les deux créatures et les amener à se combattre...

Pour résumer, les Predators ont capturé une reine de la race des Aliens, l'ont enfermé dans une pyramide pour qu'elle ponde des oeufs. Ensuite, les Predators attirent quelques humains sur les lieux afin qu'ils se fassent gentiment incuber par les larves d'Alien afin de donner naissance à des Aliens tout frais. Enfin, les "jeunes" Predators doivent se débarasser des Aliens afin d'accomplir un "rite de passage". Le problème ne tient pas dans cette histoire (pas trop mal fichue) mais plutôt dans le fait qu'une poignée d'humains se trouve au beau milieu de toute cette organisation. Mais là n'est pas le véritable problème. Le "hic" c'est que les fameux humains (des scientifiques quand même) mettent presqu'une heure à comprendre cette histoire que le spectateur a assimilé en moins d'un quart d'heure après l'entrée dans la pyramide. Le spectateur a donc presque toujours une longueur d'avance sur les personnages, ce qui a pour effet de désamorcer totalement l'intrigue...

Revenons un bref instant sur le titre du film : Alien vs. Predator. En principe, avec un titre comme celui-ci, on s'attend à ce que des Predators se foutent sur la tronche avec tout un tas d'Aliens. Perdu. Trois Predators seulement débarquent dans la pyramide (deux d'entre eux se font zigouillé en quelques minutes). Mince, les Aliens auraient-ils l'avantage ? Encore perdu. Le dernier Predator semble plus balèze que les deux autres. Mais dans la pyramide, il y a aussi des humains. On s'attendait à un Starship Troopers dans une pyramide... Encore et encore perdu. Une petite astuce du scénario amène toute l'équipe de scientifiques à être divisée en petits groupes. Le traitement aurait pu être intéressant, comme dans Alien, le huitième passager, lorsque Landburt se retrouve seul avec son lance-flammes dans un gaine de ventilation où se planque l'Alien. Dans cette fameuse séquence, il y avait quelque chose qui fait cruellement défaut à AVP : du suspense et de la maîtrise visuelle.

Dans AVP, ne cherchez pas le grand frisson ou la moindre once de suspense. De ce côté, c'est malheureusement le néant. Et même lorsque Paul Anderson utilise quelques effets "classiques" pour faire sursauter le spectateur, il échoue lamentablement. Heureusement que la bande-son de Harald Kloser est là (et plutôt efficace) parce que sinon, on ne bougerait pas d'un cil lors de ces séquences. Mais si vous n'êtes pas amateur de suspense et que c'est du "bourrin" que vous voulez...Là encore, c'est pas la joie.

Il faut déjà attendre une bonne heure avant de voir un Predator et un Alien se fritter la tronche (heureusement que leur affrontement est assez violent). Et pendant cette heure, que se passe t-il ? Rien, les scientifiques discutent entre eux. Chacun y va de sa petite histoire pour étaler sa science... Malheureusement - et c'est là qu'apparaît un autre élément qui affaiblit l'ensemble - les personnages principaux du film nous sont présentés très rapidement et l'on a guère le temps de s'attacher à eux. Ils manquent tous de profondeur et, malgré les prestations très honnêtes de chacun d'entre eux, le spectateur a du mal à s'intéresser à eux. Lorsqu'ils se font attaquer, on ne tremble pas une seule seconde pour eux (de toute façon, le spectateur sait qui vivra et qui mourra à l'avance). Enfin, le tout manque cruellement d'enjeu. Des Predators se servent des Aliens (qui sont d'ailleurs présentés presque comme les "méchants" du film, un parti-pris pas très judicieux), on a compris. Mais ils font ça tranquillement au pays des pingouins, entre eux, et n'embêtent personne. Question : pourquoi des humains ont-ils été fourrer leur nez dans leurs histoires ? "Pour faire un film...". Bonne réponse.

Ajoutez à tout cela quelques idées assez saugrenues en fin de métrage (l'alliance entre l'héroine et le Predator, la Reine qui se prend pour le T-Rex de Jurassic Park) et vous comprendrez que Paul Anderson est passé un peu à côté de son sujet. Et sans les effets spéciaux du film (de très beaux décors notamment et des Predators assez convaincants) et quelques très beaux plans qui rappelent fortement l'Event Horizon du même réalisateur (au passage, de loin son meilleur film), AVP serait vraiment très décevant. Le pire c'est qu'à un moment du film, le spectateur entrevoit ce qu'aurait pu être AVP : l'arrivée des Predators sur la Terre nous est dévoilée (ils sont considérés comme des Dieux par les différentes civilisations) et Anderson nous dévoile un plan dans lequel une poignée de Predators se retrouve confrontée à une gigantesque armée d'Aliens. Une séquence très efficace mais également très (trop) courte...

Enfin, on regrettera également qu'Anderson ait cédé, sur quelques plans, au "bullet time" popularisé par la série des Matrix. Visuellement, cela a beau être impressionnant (encore que...) mais le fait est que l'utilité et l'intérêt de ces ralentis n'est absolument pas justifié dans le film. Du "juste-pour-faire-joli", grosso modo...

Avec tout ça, vous devez vous demandez "bah alors, pourquoi aller voir ce film ?". Et bien, hormis les effets spéciaux et quelques séquences plutôt bien emballées, le spectacle ne vaut pas vraiment le déplacement. La mise en scène de Paul Anderson est loin d'être exceptionnelle (il filme l'action parfois un peu n'importe comment) et comporte même certains plans mal repris provenant tout droit des films des deux franchises. Enfin, le spectateur ne manquera pas de sourire en découvrant les dernières secondes du film annonçant ce qui pourrait s'appeler "Alienator" (ou "Predalien", au choix)...

Autres critiques

Les Désastreuses Aventures des orphelins Baudelaire
Déjà portée à l’écran en 2004 par Brad Silberling ( Casper , La cité des anges ...), Les désastreuses aventures des orphelins Baudelaire est une série de romans jeunesse qui compte treize tomes. Malgré toutes ses qualités et son incontestable originalité, le film ne laissait entrevoir qu’une partie des pérégrinations des enfants Baudelaire, principalement les trois premiers ouvrages...
La Mutante des Mers
La Mutante des Mers se présente comme le remake d'un film de monstre de 1956 : The She-Creature d' Edward L. Cahn . N'ayant pas vu cet antique témoin d'un cinéma populaire à base de Craignos Monsters en latex, c'est donc vierge de tout apriori que j'ai entamé le visionnage du film de Sebastian Gutierrez . Et puisque j'en suis aux confidences, sachez que j'ai...
Frankenweenie
Avec Alice au pays des merveilles , Tim Burton avait refroidi bon nombre de ses fans et des amateurs de l'histoire originale. Le film n'était pas forcément mauvais, mais l'association de l'illustre cinéaste à celui de Lewis Carroll avait de quoi faire rêver. Mais les plus grandes attentes sont parfois synonymes de déconvenues magistrales. La déception était au rendez-vous devant un produit léché...
Les innocents
Dans le domaine du fantastique, certaines œuvres littéraires du XIXe siècle demeurent des classiques qui, non contents de poser les bases d’un genre, le transcendaient à travers des intrigues intemporelles. On songe à Edgar Poe, Mary Shelley, Oscar Wilde ou encore Bram Stoker. Dans la même veine, Henry James a écrit Le tour d’écrou , roman remarquable en tout point, tant dans sa prose...
No Dormirás
Huit ans après un premier long métrage remarqué pour son côté novateur ( The Silent House , constitué d’un long plan-séquence d’1h20, qui a eu droit à son remake US), le réalisateur uruguayen Gustavo Hernández replonge dans le cinéma de genre avec No Dormirás, un thriller bien plus psychologique que ce que laissait présager son accroche et son concept de base. La circonspection (x2)...
Alien vs. Predator
Réalisateur:
Sortie France:
Durée:
101 min.
5.87395
Moyenne : 5.9 (119 votes)

SO - Alien vs Predator 1 & 2 (Rétrospective Alien 5/7)

Thématiques