Amityville 3D : Le démon
Alors que les années 1980 sont particulièrement plébiscitées pour mettre des figures emblématiques du slasher sur le devant de la scène, la saga Amityville se poursuit d’une manière plus ou moins régulière. Cela vaut autant pour la sortie des films respectifs que pour leur constance qualitative. Bien qu’il soit toujours possible d’émettre des réserves sur la véracité des faits, les deux premiers opus proposaient de revenir sur les deux grands aspects qui entourent l’affaire: l’assassinat de la famille DeFeo et l’emménagement des Lutz. Avec ce troisième volet, on se tourne totalement vers la fiction. Et le traitement est, une fois de plus, assez dissemblable de ce qui a pu être réalisé auparavant.
Le démon a la nausée avant de la donner
Pour des raisons évidentes, comme le potentiel narratif et spectaculaire à l’écran, la franchise restait assez favorable à la manifestation de phénomènes paranormaux. Cela tenait autant à la hantise qu’à la possession. La première approche avec le présent métrage fait preuve de plus de recul. Le fait de démystifier l’histoire par les agissements de pseudo-voyants offre un point de vue nouveau qui ne demande qu’à être exploité. Écarter les superstitions et trouver des explications rationnelles à des événements inquiétants. À ce titre, le personnage principal incarne parfaitement cet aspect pragmatique face aux craintes irraisonnées des autres intervenants.
Avec Richard Fleischer à la réalisation, on peut s’attendre à un traitement psychologique assez fouillé. Le cinéaste excelle dans le domaine, notamment quand il se penche sur de véritables affaires criminelles. On songe à L’étrangleur de Boston et L’étrangleur de Rillington Place. Or, il n’est malheureusement pas question d’une recherche approfondie où la perception des uns s’amalgame à des stimuli à la subjectivité toute trouvée. L’on s’écarte pourtant rapidement de ces considérations pour revenir à un déroulement beaucoup plus classique et moins ambivalent qu’escompté. En partant de ce postulat, on se heurte à une succession de scènes à la cohérence discutable, voire complètement dispensable.
Un ascenseur qui traduit bien le nombre de suites de la franchise...
Le froid soudain, l’attaque des mouches, la présence du puits dans la cave, les bruits de pas à l’étage ou les portes qui claquent... L’ensemble reste très conventionnel et suscite quelques appréhensions si ce n’est celle de voir les protagonistes se fourvoyer dans des situations improbables. Leur comportement fait peine à contempler et démontre des limites évidentes dans la manière de présenter les événements surnaturels. Cela sans compter des lignes de dialogue qui tiennent du pléonasme et des échanges d’une rare stérilité en ce qui concerne la hantise (ou non) de la demeure en question. On remarquera néanmoins que l’influence du «démon» est beaucoup plus vindicative puisqu’il tue en dehors de la maison.
Même si l’on continue à évoquer une présence maléfique, on écarte également les allusions à la religion, notamment les symboles christiques et les représentants de l’église. Cela ne constitue pas forcément une maladresse, mais les remplacer par une enquête parapsychologique de pacotilles l’est davantage. Les dernières manifestations sombrent dans une démarche grand-guignolesque proprement stupéfiante. Au lieu de nous fournir un minimum d’explications, on nous inflige un dénouement à l’emporte-pièce qui s’achève dans le ridicule, faute d’y entrevoir des justifications pertinentes. Cela sans compter des effets spéciaux surranés et des effets 3D totalement inutiles.
Oui, c'est un film à la qualité effrayante
Au final, Amityville 3D aurait pu constituer un film assez divertissant s’il ne s’était pas fourvoyé dans un délire rocambolesque à même de miner l’affaire Amityville par le fond. Malgré la présence de Richard Fleischer derrière la caméra et une entame assez intéressante dans ce qu’elle suggère, on se heurte bien vite à une progression linéaire et prévisible. Rien n’est foncièrement effrayant, à tout le moins angoissant. Les phénomènes sont éculés et surtout mal exposés pour susciter une quelconque réaction du spectateur, même si l’on retrouve çà et là la vue subjective du précédent opus. Une incursion globalement médiocre qui ne parvient pas à se décider entre la démystification de l’affaire Amityville ou l’affirmation d’une hantise.
Un film de Richard Fleischer
Avec : Tony Roberts, Tess Harper, Robert Joy, Candy Clark