Voir la fiche complète du film : Amityville 3D : Le Démon (Richard Fleischer - 1983)
[[

Amityville 3D : Le démon

Bien moins convaincant que ses prédécesseurs, ce troisième film laissait augurer un traitement plus pragmatique. Il en ressort néanmoins une approche lisse et percluse de maladresses à même de ridiculiser l’affaire Amityville tout en s’appuyant sur des incohérences et des facilités scénaristiques.
Publié le 7 Avril 2019 par Dante_1984Voir la fiche de Amityville 3D : Le Démon
4

Alors que les années 1980 sont particulièrement plébiscitées pour mettre des figures emblématiques du slasher sur le devant de la scène, la saga Amityville se poursuit d’une manière plus ou moins régulière. Cela vaut autant pour la sortie des films respectifs que pour leur constance qualitative. Bien qu’il soit toujours possible d’émettre des réserves sur la véracité des faits, les deux premiers opus proposaient de revenir sur les deux grands aspects qui entourent l’affaire: l’assassinat de la famille DeFeo et l’emménagement des Lutz. Avec ce troisième volet, on se tourne totalement vers la fiction. Et le traitement est, une fois de plus, assez dissemblable de ce qui a pu être réalisé auparavant.

Le démon a la nausée avant de la donner

Pour des raisons évidentes, comme le potentiel narratif et spectaculaire à l’écran, la franchise restait assez favorable à la manifestation de phénomènes paranormaux. Cela tenait autant à la hantise qu’à la possession. La première approche avec le présent métrage fait preuve de plus de recul. Le fait de démystifier l’histoire par les agissements de pseudo-voyants offre un point de vue nouveau qui ne demande qu’à être exploité. Écarter les superstitions et trouver des explications rationnelles à des événements inquiétants. À ce titre, le personnage principal incarne parfaitement cet aspect pragmatique face aux craintes irraisonnées des autres intervenants.

Avec Richard Fleischer à la réalisation, on peut s’attendre à un traitement psychologique assez fouillé. Le cinéaste excelle dans le domaine, notamment quand il se penche sur de véritables affaires criminelles. On songe à L’étrangleur de Boston et L’étrangleur de Rillington Place. Or, il n’est malheureusement pas question d’une recherche approfondie où la perception des uns s’amalgame à des stimuli à la subjectivité toute trouvée. L’on s’écarte pourtant rapidement de ces considérations pour revenir à un déroulement beaucoup plus classique et moins ambivalent qu’escompté. En partant de ce postulat, on se heurte à une succession de scènes à la cohérence discutable, voire complètement dispensable.

Un ascenseur qui traduit bien le nombre de suites de la franchise...

Le froid soudain, l’attaque des mouches, la présence du puits dans la cave, les bruits de pas à l’étage ou les portes qui claquent... L’ensemble reste très conventionnel et suscite quelques appréhensions si ce n’est celle de voir les protagonistes se fourvoyer dans des situations improbables. Leur comportement fait peine à contempler et démontre des limites évidentes dans la manière de présenter les événements surnaturels. Cela sans compter des lignes de dialogue qui tiennent du pléonasme et des échanges d’une rare stérilité en ce qui concerne la hantise (ou non) de la demeure en question. On remarquera néanmoins que l’influence du «démon» est beaucoup plus vindicative puisqu’il tue en dehors de la maison.

Même si l’on continue à évoquer une présence maléfique, on écarte également les allusions à la religion, notamment les symboles christiques et les représentants de l’église. Cela ne constitue pas forcément une maladresse, mais les remplacer par une enquête parapsychologique de pacotilles l’est davantage. Les dernières manifestations sombrent dans une démarche grand-guignolesque proprement stupéfiante. Au lieu de nous fournir un minimum d’explications, on nous inflige un dénouement à l’emporte-pièce qui s’achève dans le ridicule, faute d’y entrevoir des justifications pertinentes. Cela sans compter des effets spéciaux surranés et des effets 3D totalement inutiles.

Oui, c'est un film à la qualité effrayante

Au final, Amityville 3D aurait pu constituer un film assez divertissant s’il ne s’était pas fourvoyé dans un délire rocambolesque à même de miner l’affaire Amityville par le fond. Malgré la présence de Richard Fleischer derrière la caméra et une entame assez intéressante dans ce qu’elle suggère, on se heurte bien vite à une progression linéaire et prévisible. Rien n’est foncièrement effrayant, à tout le moins angoissant. Les phénomènes sont éculés et surtout mal exposés pour susciter une quelconque réaction du spectateur, même si l’on retrouve çà et là la vue subjective du précédent opus. Une incursion globalement médiocre qui ne parvient pas à se décider entre la démystification de l’affaire Amityville ou l’affirmation d’une hantise.

A propos de l'auteur : Dante_1984
Portrait de Dante_1984

J'ai découvert le site en 2008 et j'ai été immédiatement séduit par l'opportunité de participer à la vie d'un site qui a pour objectif de faire vivre le cinéma de genre. J'ai commencé par ajouter des fiches. Puis, j'ai souhaité faire partager mes dernières découvertes en laissant des avis sur les films que je voyais.

Autres critiques

Le scaphandrier
Le slasher est un genre extrêmement codifié dont les seules limites narratives peuvent suffire à l’enclaver à un public de connaisseurs. Il y a bien les modèles et les précurseurs qui peuvent toucher le grand public, mais l’aspect bis, voire Z, a tôt fait de décourager des spectateurs non avertis. En général, le boogeyman ou psychopathe se pare d’un masque ou d’un...
Vampires suck : Mords-Moi Sans Hésitation
Il est une chose qu'on peut se demander concernant Jason Friedberg et Aaron Seltzer : mais comment font-ils pour encore convaincre des producteurs de leur donner de l'argent? A l'instar d' Uwe Boll , le duo de réalisateurs/scénaristes nous pond catastrophe sur catastrophe et continue, malgré tout, à nous abreuver de parodies toutes moins drôles les unes que les autres. Vous avez...
The Grudge
Avec The Ring , la saga The Grudge a démocratisé le cinéma d’horreur asiatique à l’échelle internationale. Nantis d’une forte identité, les métrages en question se sont distingués par une approche de l’épouvante autant oppressante qu’immersive. Au fil des années, leurs qualités intrinsèques se sont progressivement délitées dans des incursions opportunistes et dénuées...
La Stratégie Ender
Adapté du formidable roman d' Orson Scott Card , la Stratégie Ender narre la trajectoire peu commune d'un apprenti soldat malmené par ses camarades : le jeune et surdoué Ender Wiggin, considéré comme une mauviette à cause de sa frêle constitution alors qu'il a, en réalité, du mal à refréner ses accès de violence. On pouvait craindre qu'une telle histoire, passée à la moulinette...
L'Inspecteur Harry
Au début des années 70, l'inspecteur Harry Callahan tente de mettre un terme aux agissements d'un psychopathe, surnommé Scorpio. Inspiré du célèbre Tueur du Zodiaque , l'histoire de ce premier Dirty Harry est un tournant décisif dans la carrière de Clint Eastwood. En 1971, l'acteur vient de fêter ses quarante ans en réalisant son premier long-métrage, un thriller inventif et...
Amityville 3D : Le Démon
Réalisateur:
Durée:
105 min.
5.04545
Moyenne : 5 (22 votes)

AMITYVILLE 3D: LE DEMON / Spot TV en VOSTFR

Thématiques