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Black Swan

Si besoin était, Darren Aronofsky confirme son statut de metteur en scène original. Il porte un regard très personnel sur ce que représente le cinéma. Un matériau brut qu’il transforme à sa convenance grâce à une imagination fertile et sans frontière. <b>Black swan</b> est avant tout une expérience intense qui ne vous lâche pas tant que la conclusion ne vienne mettre un point final à une œuvre unique et pour le moins immersive au possible. Le lyrisme de ce film n’a d’égal que son brio pour tenailler le spectateur. Un futur classique en devenir.
Publié le 15 Mars 2011 par Dante_1984Voir la fiche de Black Swan
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Nina est une jeune danseuse étoile ambitieuse dont l’unique but est d’atteindre le sommet de son art. Lorsqu'elle obtient le rôle-titre du Lac des cygnes, elle est ravie. Pourtant, le travail harassant et une « concurrente » semblent se liguer contre elle. Elle commence à entrevoir des visions pour le moins inquiétantes. Son personnage le hanterait-il au point de la tourmenter dans la réalité ?

Darren Aronofsky est le genre de réalisateur qui fait frémir d’impatience les cinéphiles sitôt son nom attaché à un projet. Ses productions se sont avérées des oeuvres majeures, parfois indûment décriés ou ignorés (The Fountain), mais toujours propres à leur géniteur qui, sans faire étalage de toute la palette de talent dont il dispose, parvient une fois de plus à nous transporter vers une représentation de son univers très personnelle et tellement juste que cette facilité à nous émerveiller confère presque à la magie. Après être partie en quête de l’éternité et ressasser les états d’âme d’un catcheur déchu, l’illustre cinéaste de Requiem for a dream nous revient avec un film étrange et pour le moins attendu : Black swan, sombre récit à la lisière du fantastique où le paraître et le non-dit se métamorphose en un mal latent.


Le rêve d’une jeune fille.

On aura beau essayer de ranger Black swan dans tel ou tel type de productions, il ne parvient pas à s’octroyer les codes d’un genre particulier. Certes, l’on décèlera une dramaturgie omniprésente saupoudrée d’une pincée de fantastique qui accompagne une atmosphère sibylline du plus bel effet (ce qui n’est pas sans rappeler les meilleurs thrillers, ceux qui nous manipulent de but en blanc), mais Black swan se révèle bien davantage qu’un film de genre. Une production qui se complaît dans l’illusion. Un peu comme si le réalisateur était parvenu à capter sur le vif, l’essence même d’un rêve sorti tout droit de son imagination. La magie de l’instant saisit au vol par un virtuose du septième art.


Nina se sent pousser des ailes.

L’histoire, curieuse dès les premières images, se suit comme le ballet auquel se prépare Nina et les autres danseurs. Il en émerge une beauté presque palpable où la grâce insuffle au récit une aura unique, voire ineffable sur certains aspects. Musique ensorcelante, gestuelle naturelle et gracile, éclairages et photographie absolument somptueux, chaque élément qui entre en jeu est un peu comme un nouveau protagoniste qui sert l’intrigue. À l’instar d’une caméra en constante mouvance, Black swan fait passer des émotions que l’on aurait peine à croire. Certains ressentiront de la compassion, d’autres de l'émerveillement ou bien encore l’appréhension de l’inconnu. Le film vit à travers nous et en nous. Il offre l’opportunité à chacun d’y déceler un point de vue unique et personnel.


Le cygne déchu ?

On ne peut s’empêcher de contempler cette dualité qui anime le récit. Tant de par le caractère de Nina que dans son environnement, les opposés se côtoient avec une troublante quiétude, comme s’il ne pouvait exister d’autres alternatives. Bien entendu, on remarque un certain manichéisme dans cette approche, mais étrangement, plus l’on progresse, moins la frontière devient évidente entre le bien et le mal. Ainsi, l’ombre et la lumière font partie intégrante du tout ; de ce qui compose l’homme et sa véritable nature. Dès lors, les jeux de clairs-obscurs enveloppent le quotidien de Nina où ses tourments ne cessent de l'assaillir.


La vie n’est qu’une longue succession d’interrogations.

Pour ce faire, Natalie Portman navigue entre deux eaux. La frêle et innocente jeune fille qu’elle est doit se pervertir afin de crédibiliser son rôle, mais également de se connaître elle-même. Après tout, Black swan est une quête d’identité qui met à mal nos propres sentiments et nos certitudes sur ce que nous sommes, paraissons être et sommes réellement. Trois points de vue qui, ici, s’entremêlent dans un maelstrom de sensations aussi vindicatives qu’hypnotisantes. Quoi de mieux pour cela que d’entretenir cette tension de tous les instants par le biais d’un traitement profondément singulier où les acquis s’envolent avec une facilité déconcertante ? Illusion et réalité s’intriquent dans une perception vaporeuse où l’on a du mal à déceler le commencement de l’un quand l’autre se termine.


Nina est prête à voler de ses propres ailes.

Cette paranoïa omnipotente nous fait rappeler que rien n’est avéré par nature et qu’un cadre familier, voire réconfortant, peut rapidement devenir le siège d’une cruelle vérité qui vous assaille sans répit. À cela, il faut ajouter l’empathie profonde de Nina pour son personnage, à un point tel qu’il finit par l’habiter littéralement dans le moindre regard ou geste qui prend une tournure et une signification toute différente. On pourrait alors s’interroger sur ce qu’implique une totale abnégation pour assouvir un rêve (celui-là même qui revêt des allures de cauchemar). Nul doute que le prix à payer se révèle plus élevé et surprenant que prévu. Il en découle une réalité fantasmée ô combien torturée !


Le clou du spectacle… ou plutôt l’envol !

Vous l’aurez aisément compris, Black swan est le genre de films qui marque une fois son générique de fin achevé. Une histoire dont il est difficile de ne pas succomber à son charme tant la symbolique de la dualité et de l’illusion y est riche et fascinante. Sur bon nombre d’aspects, il en ressort une œuvre touchante qui vous emporte dans un tourbillon d’émotions aussi différentes qu’inattendues. La performance de Natalie Portman y est pour beaucoup dans sa réussite, la mise en scène de Darren Aronofsky l’est encore plus. Une fresque sombre, tortueuse et sans l’ombre d’un doute incroyable, Black swan est en passe de devenir un incontournable.
A propos de l'auteur : Dante_1984
Portrait de Dante_1984

J'ai découvert le site en 2008 et j'ai été immédiatement séduit par l'opportunité de participer à la vie d'un site qui a pour objectif de faire vivre le cinéma de genre. J'ai commencé par ajouter des fiches. Puis, j'ai souhaité faire partager mes dernières découvertes en laissant des avis sur les films que je voyais.

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Black Swan
Réalisateur:
Sortie France:
Durée:
108 min
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