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Brynhildr in the Darkness

Une adaptation déséquilibrée qui délaisse sa propre intrigue au profit de séquences humoristiques récurrentes et dispensables. Brynhildr in the Darkness ne parvient pas à développer toutes ses qualités et préfère s’encastrer dans une linéarité complaisante pour mieux se reposer sur le succès d’Elfen Lied. Décevant.
Publié le 15 Octobre 2017 par Dante_1984Voir la fiche de Brynhildr in the Darkness
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Adaptation de manga Extra-Terrestre

Avec Elfen Lied, chef d’œuvre incontesté, Lynn Okamoto offrait à l’animation japonaise l’une de ses plus sombres et poignantes histoires. Une petite dizaine d’années plus tard, son successeur connaît également une adaptation télévisée. Sans être une suite directe, il est facile d’y déceler la patte graphique et les thèmes exploités par le mangaka. Si Elfen Lied était parvenu à créer la surprise, les attentes que l’on place dans Brynhildr in the Darkness sont pour le moins conséquentes. Qualité de l’intrigue et des personnages, atmosphère singulière, originalité et pertinence des propos... Cet anime réussit-il à nous combler? La réponse n’est pas forcément évidente...

Plus dure sera la chute !

Dans la mythologie nordique, une brynhildr (ou brunehilde) est une guerrière, une walkyrie. Son rôle et son importance varient selon les récits et les poèmes scandinaves. Toutefois, cette inspiration n’a qu’une valeur symbolique dans le présent anime. Car il n’est pas question de retranscrire quelques batailles épiques ou de retracer l’épopée de Siegfried. Le contexte de Bynhildr in the Darkness reste très contemporain, voire même futuriste dans certaines thématiques qu’il aborde. Sur ce point, on retrouve des sujets chers à l’auteur. L’éthique dans les expérimentations scientifiques, la différence et l’intolérance qui en découle, la peur de l’autre, l’amitié et, par extension, le sens même de l’existence.

De ce point de vue, il n’y a aucun souci. Chaque élément s’intègre les uns aux autres pour former la trame principale, même s’il est vrai que leur rapprochement n’est pas forcément évident. On sent d’ailleurs une certaine réserve pour associer les pouvoirs des magiciennes (axés vers l’urban fantasy) à la potentialité d’une vie extraterrestre. Pour autant, la progression demeure cohérente et relativement fluide dans l’avancée de ses propos. De plus, les protagonistes se révèlent rapidement attachants. Dans leur maladresse ou leur spontanéité, on parvient sans mal à saisir leur point de vue, parfois leurs ambitions ou leur détresse.

Quand on se fait poignarder dans le dos...

Tout cela aurait pu fournir un excellent manga, mais il persiste des points qui atténuent considérablement cet état de fait. Le manga original se compose de 18 tomes qui, à l’époque de la sortie du présent anime, n’était même pas encore achevé. Or les scénaristes se sont vus confrontés à une épure radicale. On occulte bon nombre de passages clefs, d’histoires annexes et autres aspects de l’intrigue qui édulcore considérablement l’œuvre d’Okamoto. Malgré un dénouement assez habile qui délaisse une pointe d’optimisme, certaines séquences clefs ne sont qu’évoquées tandis que d’autres surviennent de manière inopportune. Les membres d’Hexenjagd dans les deux derniers épisodes sont un exemple flagrant.

Amputé de plusieurs faits importants, il en résulte un récit plus simpliste qu’il n’y paraît. Là encore, on aurait pu pardonner des choix douteux face aux restrictions de treize d’épisodes à la durée tout aussi limitée (à peine 20 minutes). Pourtant, la plupart d’entre eux offrent leur part de délires à l’humour discutable, préférant s’appesantir sur des histoires de romance somme toute charnelle, délaissant par la même le côté tragique qui émane du départ. Un peu de légèreté n’a jamais fait de mal, sauf si elle dénature le potentiel initial. Il n’est donc pas rare de contempler des séquences inutiles qui prennent le pas sur des aspects fondamentaux.

Pas la peine de rougir pour autant !

De l’aveu même du scénariste principal, il fallait instaurer des passages comiques pour mettre en valeur le ton dramatique de l’ensemble! Nul doute que cela ne fonctionne pas. Pire que cela, l’émotion suscitée dans les premiers instants débouche sur une cordiale indifférence dans le devenir de certains personnages. Le suspense et la complexité du récit n’étaient clairement pas une priorité pour l’équipe de production qui souhaitait privilégier l’action. Et quelle action! Si les affrontements s’avèrent réussis bien que rapidement expédiés, les temps morts sont légion et certains pans sont plus que dispensables à la bonne progression de la trame.

Malgré une patte esthétique accrocheuse, des personnages sympathiques et des sujets foncièrement intéressants, Brynhildr in the Darkness demeure tout de même une déception. La faute à des choix scénaristiques peu pertinents au regard de la densité de l’œuvre d’Okamoto. Faisant la part belle aux poitrines surgonflées, à un humour en dessous de la ceinture, le présent anime ne fait qu’effleurer un potentiel qui n’a pourtant rien à envier à Elfen Lied. Peut-être souffre-t-il de la comparaison avec son illustre prédécesseur. Toujours est-il qu’il persiste de trop nombreuses errances sur le fond (une fâcheuse tendance à perdre de vue le fil rouge) pour y retrouver les ambitions insufflées par son auteur.

A propos de l'auteur : Dante_1984
Portrait de Dante_1984

J'ai découvert le site en 2008 et j'ai été immédiatement séduit par l'opportunité de participer à la vie d'un site qui a pour objectif de faire vivre le cinéma de genre. J'ai commencé par ajouter des fiches. Puis, j'ai souhaité faire partager mes dernières découvertes en laissant des avis sur les films que je voyais.

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Brynhildr in the Darkness
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Durée:
13 x 25 min
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Moyenne : 6 (1 vote)

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