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Conan

De par un scénario plat et prévisible, une réalisation saccadée, cette version 2011 de Conan ne se justifie pas. S'il est très facile d'y déceler des défauts, on sera plus néanmoins plus indulgents sur un casting intéressant, nullement aidé par la caractérisation de leurs personnages. Un énorme potentiel (tant sur les moyens engrangés que sur l'univers à exploiter) gâché par des erreurs grossières.
Publié le 25 Janvier 2012 par Dante_1984Voir la fiche de Conan
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L'annonce d'un énième remake proposant de remettre « au goût du jour » (une vilaine expression) un chef d'oeuvre cinématographique, c'est un peu comme les mauvaises herbes qui poussent et repoussent dans votre jardin. On peut décider de les ignorer, les enlever, mais elles ne cessent de proliférer à notre insu quoique l'on fasse. Toutefois, il est des réalisateurs qui se sont bâti une bonne réputation sur des remakes tout à fait honorables, voire excellents. Marcus Nispel en fait partie intégrante. Sa version de Massacre à la tronçonneuse parvenait à rivaliser avec le film culte de Tobe Hooper. Quand l'on sait qu'il est également derrière Pathfinder et le sympathique (mais moins percutant) remake de Vendredi 13, on pouvait donc attendre cette nouvelle version de pied ferme.


Un apprentissage à froid !

Un nourrisson encore dans le ventre de sa mère, des cris, du sang, une épée qui le frôle de peu. Conan n'est pas né qu'il a déjà fort à faire avec la violence de ce monde de brutes. Si l'intention de focaliser la première partie du film sur la jeunesse de Conan est fort appréciable, on déchante rapidement en découvrant une mise en place qui n'apporte finalement rien au personnage. Il s'agit ni plus ni moins qu'un bref passage pour comprendre les motivations de notre barbare des années plus tard et justifier son comportement. Loin d'être indispensable, cette mise en bouche anecdotique sera pourtant le cadet de nos soucis au vu de ce qui va suivre.

Une histoire de vengeance. Certes, Conan n'est pas réputé pour faire dans la dentelle ou pour ces longues diatribes sur le sens de la vie, mais réduire le mythe de Robert E. Howard à un guerrier avec deux sous de jugeotes, voilà qui est pour le moins simpliste et hautement scandaleux. « Vivre, tuer et aimer », tel est le credo du Cimmérien version 2011 et le bougre s'en contente. Malgré ce scénario on ne peut plus commode et paresseux, on y décèle des incohérences (du moins, des imprécisions). Pourquoi Conan, de son enfance à nos jours, ne poursuit pas Khalar Zym ? Qui plus est, pourquoi ce dernier ne parvient-il pas à trouver la jeune fille au sang pur avant que Conan ne soit devenu adulte ? Il est loin d'être incompétent puisqu'il a réuni le masque d'Acheron.


Pas de doute, ils ont le physique de l'emploi.

Quand bien même fait-on l'impasse sur ces grossières errances, Conan nous réserve encore moult mauvaises surprises à savourer. La plus étonnante d'entre elles réside dans la réalisation elle-même. Au lieu d'insuffler une mouvance épique dans les batailles et les séquences de combats nombreuses, Marcus Nispel se fourvoie dans une mise en scène vomitive absolument inimaginable. La caméra épileptique ne cesse de faire des allers-retours d'un bout à l'autre de l'écran sans trop savoir où elle va. Le cadrage, décalé et approximatif, veut s'octroyer un style. Excentrer les angles pour donner du « cachet » n'est pas condamnable... quand c'est bien fait. Or, dans le cas présent, la lisibilité de l'action est quasi nulle. Un comble pour un réalisateur qui nous avait habitués à beaucoup mieux.

Malheureusement, on est loin d'en avoir fini avec les innombrables défauts qui parsèment le film. Si le gros de l'orage est passé, on dénotera que l'univers de Conan n'a rien de merveilleux à nous proposer. Qu'il s'agisse de fantasy ou de dark fantasy (encore une fois, Marcus Nispel essaye de jongler entre ces deux courants sans se décider pour un style prédominant), les environnements manquent de folie, de panaches. Seuls sont ressassés les lieux stéréotypés typiques à ce genre. Le village à la lisière de la forêt, la cité de voleurs aux consonances orientales, la forteresse de Khalar Zym où se déclinent des panoramas très froids, rien n'est entrepris pour nous faire découvrir un autre monde. Seuls quelques plans fixes sortent du lot. Il s'en dégage un aspect superficiel noyé sous des images de synthèse peut-être bien conçues (rien de moins n'est sûr), mais creuse. En clair, il manque une âme à cet univers.


Le père et la fille : un duo de méchants ambigus et intéressants.

On apportera toutefois une nuance sur le casting du film. Si les personnages ne sont pas convenablement développés, la plupart des interprètes campent leur rôle avec implication, même si le résultat n'est pas forcément au rendez-vous. Pour Conan, Jason Momoa est un choix comme un autre, ni pire, ni mauvais, son physique faisant le reste. Nullement aidé par des dialogues creux, il a parfois tendance à surjouer en adoptant des poses assez incongrues avant de combattre. Rachel Nichols, elle, est transparente. Elle ne dispose d'aucun charisme et se contente de mettre en avant le slogan « Sois belle et tais-toi ». Il demeure Khalar Zym et sa fille, un duo intéressant et assez ambigu dans leur relation. À noter que certaines répliques ou compositions confèrent un côté humoristique plus ou moins volontaire qui ternit une époque sombre faite de violence et de cruauté (qui n'est même pas représenté tout au long du récit). Compte tenu de la qualité générale du film, un moindre mal.


Une surprise de taille sous l'eau.

Qu'il s'agisse d'un remake ou d'une « nouvelle vision » de l'oeuvre de Robert E. Howard, Conan déçoit à tous les niveaux. Il n'est nul besoin de faire un comparatif avec le film de John Milius ou le roman pour constater que ce Conan est une production basique qui ne communique aucune émotion, aucune sensation au spectateur. L'ennui n'est peut-être pas de rigueur, mais la mise en scène et l'histoire sont tellement bancales que l'on en arrive au stade de l'indifférence. Même la bande-son est décevante sans toutefois être mauvaise. Là encore, on ne dénotera aucun moment fort. Les symphonies demeurent tout au plus sympathiques, mais il manque ce souffle épique et merveilleux que l'on attendait (tout en étant conscient que le lyrisme des compositions de Basil Poledouris ne peut être égalé). Triste constat d'autant plus difficile à admettre que Marcus Nispel était aux commandes.

A propos de l'auteur : Dante_1984
Portrait de Dante_1984

J'ai découvert le site en 2008 et j'ai été immédiatement séduit par l'opportunité de participer à la vie d'un site qui a pour objectif de faire vivre le cinéma de genre. J'ai commencé par ajouter des fiches. Puis, j'ai souhaité faire partager mes dernières découvertes en laissant des avis sur les films que je voyais.

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Sortie France:
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113 min.
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