Voir la fiche complète du film : Conjuring: Sous l'Emprise du Diable (Michael Chaves - 2021)
[[

Conjuring : Sous l'emprise du diable

Conjuring : Sous l’emprise du diable s’avance comme une suite en deçà des réalisations de James Wan. Même si le film tend à s’éloigner de ses modèles à travers une approche plus cartésienne, la narration use de poncifs évidents et prévisibles, tout comme les phénomènes paranormaux. On apprécie le traitement des protagonistes et cette volonté de prendre des risques dans l’exposition des faits ; moins cette incapacité à instiller l’effroi avec une mise en scène inconstante et une gestion de l’obscurité maladroite.
Publié le 22 Juin 2021 par Dante_1984Voir la fiche de Conjuring: Sous l'Emprise du Diable
6
Diable et Démon

En considérant les spin-offs, la saga Conjuring a donné lieu à 8 films en un peu moins de 10 ans. Avec Insidious, elle constitue l’une des franchises les plus notables du cinéma de genre des années 2010. Certes, certaines de ces productions présentent un niveau qualitatif moindre. Pour autant, il n’en demeure pas moins une incursion globalement convaincante dans le domaine de l’épouvante. Après deux premiers opus réalisés sous la direction de James Wan, Conjuring se voit confier à Michael Chaves à qui l’on doit La Malédiction de la dame blanche. Une production médiocre et mal maîtrisée qui suggère des craintes légitimes quant à l’orientation de cette suite.

Comme un air de déjà-vu...

Somme toute classique dans sa présentation des faits, l’entame augure de l’exorcisme d’un jeune garçon. On retrouve le cadre du foyer familial avec une mise en situation immédiate. On distingue, entre autres, les stigmates des phénomènes paranormaux et de la tentative d’exorcisme elle-même. L’approche frontale se veut sans subtilité aucune, s’appuyant sur les sempiternels subterfuges qui ne décrochent aucun effroi ni sursaut. Au sortir de ce premier affrontement avec le « mal », l’intrigue s’oriente dans une tout autre direction, se penchant sur l’affaire Arne Johnson. Le cas a défrayé la chronique au cours des années 1980 puisque l’intéressé plaide la possession et est reconnu comme tel lors de son procès.

D’un point de vue chronologique, on distingue une certaine cohérence avec l’évocation des sixties et des seventies, respectivement dans les deux précédents opus. Par la même, cela permet de développer la caractérisation du couple Warren, leur rapport à autrui et aux phénomènes surnaturels. On sent également des personnages vieillissants où leur expérience est inversement proportionnelle à leur bonne santé physique, sinon mentale. Et c’est précisément sur ce point que le film s’appuie : la vulnérabilité des protagonistes qui, jusqu’alors, n’a jamais été aussi exacerbée. Auparavant, il persistait un recul, une implication toute mesurée avec les évènements en question.

 

Amis contorsionnistes, bonjour !

Ici, le couple Warren est lui-même concerné par la menace, car il ne s’agit pas uniquement de forces maléfiques. Conjuring : Sous l’emprise du diable apporte alors un danger plus tangible sous l’angle du satanisme et de considérations matérialistes. En l’occurrence, leurs investigations évoluent vers les agissements ésotériques d’un mouvement sectaire, du moins est-ce là la première impression qui s’en dégage. L’intrigue ne se focalise pas sur les phénomènes, mais sur des recherches à la tonalité malsaine. De la confrontation au mal, on se heurte désormais à une fascination plus dérangeante, car directement associée à la nature humaine.

En cela, cet angle d’approche sauve sûrement le film de l’itération douteuse. Au fil de la progression, on distingue néanmoins des errances de mises en scène déjà commises avec La Malédiction de la dame blanche. On songe à ce montage relativement capricieux où l’alternance des points de vue se veut confus en début de parcours, tout comme certains allers-retours temporels dispensables. Cependant, on apprécie l’amalgame entre hallucinations et réalité pour dépeindre les phénomènes paranormaux. Si l’ensemble n’est guère effrayant, mais plutôt oppressant à certains moments, ce choix permet de contourner l’absence toute relative d’originalité pour mettre en branle les mécaniques de la peur.

 

Rien de tel qu'une messe noire pour bien démarrer la journée

Au final, Conjuring : Sous l’emprise du diable est une suite sensiblement différente de ses prédécesseurs. On ressent le passage de relais entre les metteurs en scène. Ce qui influe sur la qualité générale du métrage. D’excellents a priori pour les réalisations de James Wan, on se confronte à une production sans fulgurance ni relief, aux maladresses évidentes. Il est à regretter ce traitement brut de décoffrage en ce qui concerne la tonalité surnaturelle de l’intrigue, rendant la progression prévisible, y compris pour les manifestations. En contrepartie, des efforts ont été consentis pour présenter une affaire paranormale sous un angle plus pragmatique qu’à l’accoutumée. Cela tient à la plaidoirie du coupable en filigrane, mais aussi à l’enquête du couple Warren et son incursion dans les strates méphitiques du satanisme. Un résultat qui souffle donc le chaud et le froid qui, sans être catastrophique, n’est pas non plus remarquable.

A propos de l'auteur : Dante_1984
Portrait de Dante_1984

J'ai découvert le site en 2008 et j'ai été immédiatement séduit par l'opportunité de participer à la vie d'un site qui a pour objectif de faire vivre le cinéma de genre. J'ai commencé par ajouter des fiches. Puis, j'ai souhaité faire partager mes dernières découvertes en laissant des avis sur les films que je voyais.

Autres critiques

Massacres dans le Train Fantôme
**Attention, cette critique contient quelques spoilers.** Lors d'une fête foraine, deux jeunes couples décident de passer la nuit dans le train fantôme. Mais ils n'y sont pas seuls. Promu maître de l'horreur dès son second film, Massacre à la Tronçonneuse (1974), Tobe Hooper n'est pas loin d'être pour beaucoup de cinéphiles l'homme d'un seul film. A l'instar d'un Wes Craven après Les Griffes de...
Chroniques de Tchernobyl
Si le nom d'Oren Peli ne vous dit rien, c'est que vous vivez dans une grotte ou alors vous ne vous intéressez sûrement pas au cinéma d'horreur et par la même occasion, vous n'en avez strictement rien à foutre de cette critique. Ce monsieur est le responsable de bons nombres de méfaits dans le cinéma d'horreur de ces dernières années, et c'est aussi le responsable d'une saga qui tire un peu trop...
Good Omens
Pour un roman, comme pour un film, s’atteler à un sujet aussi codifié et surexploité que l’Apocalypse relève de la gageure. Entre certaines occurrences indissociables du thème et la multitude de manières de présenter cette « fin du monde » annoncée, il est difficile de trouver le bon angle d’approche. Au début des années 1990, Neil Gaiman et Terry Pratchett...
Bad Milo !
Les monstres existent, tout comme les fantômes, spectres et autres créatures malfaisantes. Ils sont en chacun de nous comme l’a si bien écrit Stephen King. Ils sont notre part sombre, notre côté obscur, celui que l’on réprime car on sait se maîtriser et vivre dans de bonnes conditions. Si certaines personnes ont plus de mal que d’autres, ceux-là deviennent des psychopathes ou...
Les Sévices de Dracula
Deux jumelles orphelines, Frieda et Maria, quittent Venise pour rejoindre leur oncle Gustav dans une petite ville d'Europe de l'Est en proie à la terreur. Elles découvrent rapidement que Gustav est à la tête d'un groupe de fanatiques pourchassant sans relâche de belles jeunes femmes accusées de sorcellerie. Au début des années 70, la Hammer tentait de redonner un second souffle à ses...
Conjuring: Sous l'Emprise du Diable
Réalisateur:
Sortie France:
Durée:
6.42857
Moyenne : 6.4 (14 votes)

Conjuring : Sous l'emprise du Diable - Bande-Annonce Officielle (VOST)

Thématiques