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Deadman wonderland

Grâce à une solide réputation, des atours visuels irréprochables, une singularité toute trouvée et un scénario prenant, Deadman wonderland est un anime qui vaut le détour si vous n'avez pas peur d'être frustré par un final ouvert...
Publié le 28 Janvier 2014 par Dante_1984Voir la fiche de Deadman wonderland
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Adaptation de manga
L'univers carcéral a toujours alimenté les imaginaires fertiles. Versée dans le suspense, l'horreur, la science-fiction et bien d'autres domaines, la prison est un endroit clos qui débride les pires exactions humaines. Si les huis clos ne sont pas nouveaux dans le manga (Doubt et ses nombreuses références à Saw et Les dix petits nègres), la prison est un cadre peu exploité dans cette branche culturelle. Aussi, le succès de Deadman wonderland (vendu à plus de trois millions d'’exemplaires) n'est pas vraiment surprenant, son adaptation en série TV ne l'est pas non plus, même si la version livre n'a connu que très récemment sa conclusion.


Pourquoi ton Coeur bat si fort ?

Il convient donc de resituer l'action : l'anime se concentre sur les 21 premiers chapitres du récit original. Autrement dit, vous ne saurez pas comment se termine l'histoire, à moins de lire bien entendu les mangas. Toujours est-il que la mise en condition se fait sans temps morts. Un massacre collectif au sein d'une école, le seul survivant accusé à tort et… une prison privée qui fait office de parc d'attractions ! Quoi de plus normal ? Si les premiers tenants ne possèdent aucune originalité, le concept qui s'ensuivra, lui, se révèle d'une singularité assez rare. L'idée paraît simple, mais offre un contraste symbolique fort avec les joies festives de l'un et le désenchantement de l'autre.

On se demande comment conjuguer ces deux types de lieux qui n'ont rien en commun. D'ailleurs, certains choix ont de quoi décontenancer, même si cela sert la progression. Il est difficile d'appréhender Deadman wonderland comme une prison classique, comprenez un endroit clos et hostile. Ici, l'on a l'impression que seuls les murs empêchent les détenus de s'évader. À l'intérieur, ils vaquent à leurs occupations et obligations sans trop se soucier des matons (furieusement absents cela dit). Ils peuvent se promener de cellule en cellule ou aller manger une glace si l'envie se manifeste. En ce qui concerne la répréhension et le huis clos oppressant, on repassera.


Ce pays merveilleux où tous les détenus sont heureux !

Pourtant, le quotidien de cette prison pas comme les autres retient l'attention. Le fait de tisser une véritable mythologie dans ses murs en fait un objet de curiosité à découvrir. Les détenus parcourent un No man's land post-apocalyptique sans se soucier de l'extérieur. Une zone de non-droit où barbarie et perversion font cause commune pour mieux torturer les prisonniers. À ce titre, l'histoire se veut relativement violente et ne s'adresse qu'à un public averti. Dépècement, énucléation, jet d'acide, empalement et bien d'autres joyeusetés sont présents pour offrir des morts variées et cruelles à l'écran.

De par les pouvoirs des Deadmen, le côté gore est grandement mis en avant. On en cache le moins possible, les gerbes de sang fusent à tout-va et les blessures se montrent toujours percutantes et douloureuses. En clair, on est plongé dans un contexte sans foi ni morale, l'instinct de survie prévaut. De là à penser que la loi du Talion s'applique en ces murs, il n'y a qu'un pas. De ce côté horrifique, se dégage également un penchant fantastique avec les deadmen (qui rappelle les diclonius d'Elfen lied), sujets d'expériences tordues, d'une oppression constante et d'une stigmatisation de la part des humains. Deadman wonderland fait montre d'une palette contrastée assez homogène.


Gardez l'½il et le bon !

Homogénéité qui se rejoint dans la variété des épisodes. Le fil rouge étant le nerf central, l'anime doit se suivre du début à la fin. Il est fortement déconseillé de le prendre en cours de route ou de sauter certaines séquences, sous peine de se perdre dans les méandres de ses couloirs malfamés. Globalement l'on ne s'ennuie guère grâce à une sorte de jeux olympiques macabres qui multiplient les épreuves à couteaux tirés, du freefight dans un tournoi appelé Carnival corpse, au soulèvement de la résistance... Même si l'on a droit à quelques redites, l'ensemble se suit agréablement.

La patte graphique se révèle propre et sans défauts apparents. Les studios Manglobe étant à la tâche (Ergo Proxy, Samurai Champloo...), on reste sur une animation sans fioriture, soignée dans ses moindres détails et d'une qualité régulière du début à la fin. Les environnements sont bien exploités compte tenu des contraintes spatiales, les effets de projections et/ou les mouvements des personnages disposent d'un beau rendu. Léger bémol en ce qui concerne le faciès de ses derniers : ils se montrent un peu trop similaires au niveau des expressions de dégoût ou de colère avec une nette tendance à fermer à moitié un ½il et ouvrir l'autre plus que de raison. En dehors de cela, il n'y a rien à redire.


Bonnet G, je vous prie.

Les protagonistes se révèlent très dissemblables. Non seulement au niveau du physique, mais aussi de leur caractère. Toutefois, Ganta est un héros trop fragile, benêt, un rien agaçant de par sa peur constante ou ses réactions incongrues. On trouvera de bonnes surprises avec des individus plus ambivalents tels que Shiro, croisement improbable entre Nyu (eh oui, encore Elfen lied) et Pino (Ergo Proxy), ou You et son dilemme de jouer sur deux tableaux différents ou pas. On notera que la construction psychologique n'a rien à voir avec des êtres « normaux ». La folie règne en ces murs et ils ont survécu en s'y adaptant. De fait, leur comportement semble étonnant, voire incompréhensible.

Au final, Deadman wonderland est un anime doté de solides atouts. Visuel et animation irréprochables, scénario immersif qui se base sur un concept original, protagonistes complexes, le studio Manglobe ne signe pas forcément une claque monumentale (quelques errances au niveau de la progression et l'atmosphère carcérale mis à mal), mais nous offre un récit sans concession sur la barbarie humaine et ses penchants sadiques. Tour à tour ½uvre de science-fiction, horrifique et fantastique, Deadman wonderland multiplie une gamme polyvalente au service d'une intrigue intelligente qui nous laissera toutefois sur notre faim avec des questions en suspens. Qu'advient-il du promoteur, de l'oiseau moqueur ? Comment évolue la relation entre Ganta et Shiro ? Peut-être pour une saison 2...

A propos de l'auteur : Dante_1984
Portrait de Dante_1984

J'ai découvert le site en 2008 et j'ai été immédiatement séduit par l'opportunité de participer à la vie d'un site qui a pour objectif de faire vivre le cinéma de genre. J'ai commencé par ajouter des fiches. Puis, j'ai souhaité faire partager mes dernières découvertes en laissant des avis sur les films que je voyais.

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Deadman wonderland
Réalisateur:
Durée:
12 x 25 min
7
Moyenne : 7 (2 votes)

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