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Eyeborgs

Un film d'anticipation plaisant, qui cherche à dénoncer les dérives de notre société protectrice...
Publié le 26 Novembre 2011 par GeoffreyVoir la fiche de Eyeborgs
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Voyeurisme Robot

Il me faut être honnête : lorsque l'on reçoit, pour chroniquer, un film qui s'appelle Eyeborgs, que la jaquette cherche à en mettre plein la vue avec son robot belliqueux sur fond de carnage, que l'acteur principal est Adrian Paul (la série télé Highlander) et que le réalisateur est un illustre inconnu qui n'a accouché que de deux autres film dont le piteux Python (haha!), franchement, on ne saute pas de joie en insérant la galette dans le lecteur.
Toujours pour être honnête, il convient aussi de savoir reconnaître ses erreurs. De fait, Eyeborgs n'est pas la catastrophe redoutée, le navet tout en CGI pourris prévu. Il a ses défauts, certes, qui l'empêchent d'accéder au rang de bon film, mais il a également ses qualités, lesquelles en font un honnête divertissement.


Stupeur et tremblements

Dans un futur proche, le gouvernement américain a mis en fonction un nouveau système de surveillance par caméras/robots mobiles. Sous prétexte de protéger les citoyens, ce réseau de caméras Eyeborgs est également un bon moyen de contrôler les populations. Un agent de sécurité national découvre alors que les Eyeborgs sont sous le contrôle des auteurs d'un complot visant à supprimer le Président des Etats-Unis d'Amérique...


Si vous vous posez la question, un Eyeborg, c'est ça...


Existe aussi en modèle vénère

Eyeborgs se pose donc comme une sorte de mix entre le 1984 d'Orwell, de l'oeuvre d'Isaac Azimov et des films de robots rebelles, I, Robot en tête. De fait, le film dénonce les dérives possibles de notre société de plus en plus serveillée par le biais d'une espèce de CCTV (de l'anglais closed-circuit television) ultra high-tech, ainsi que la déshumanisation des relations humaines, lesquelles passent de plus en plus par l'image et le virtuel. Ces derniers étant modifiables à l'envi, il est donc facile de les manipuler (et par extension, dans le film, de contrôler les Eyeborgs). C'est d'ailleurs de cette façon qu'opère le grand méchant.
Sur le fond, le script se montre donc fortement ambitieux et Eyeborgs pose des questionnements sur les restrictions des libertés individuelles aux USA découlant de l'adoption de la loi anti-terroriste (le fameux Patriot Act) après le 11 septembre 2001.

Si le message est louable et les intentions honorables, force est de constater que la manière de les mettre en musique est moins réussie. Le scénario, malgré de bonnes idées, est maladroit et, parfois, franchement nébuleux, à l'image de la résolution finale bancale, mal amenée et peu crédible. On regrettera également que le climax cède aux sirènes de l'action à tout-va avec l'apparition de robots meurtriers dont il est difficile de justifier l'existence.
Les personnages clichés sont également critiquables, de même que les quelques chutes de rythme.
Malgré tout, l'histoire n'en reste pas moins plaisante et agréable à suivre.


T'es en Amérique, mec. Même pour squatter, t'oublies pas ton drapeau. Capiche?

Malheureusement, les bonnes intentions de l'histoire sont amoindries, d'une part par les maladresses du scénario, mais aussi par un budget restreint qui ne permet pas de rendre à l'écran l'ampleur des événements. Cette remarque ne concerne pas les Eyeborgs qui sont plutôt bien animés et intégrés au film (sauf dans la pénombre), même si leur texture trop lisse trahit leur origine informatique. Non, c'est au niveau du contraste entre l'importance des événements et leur rendu à l'écran que le bâs blesse. Imaginez-vous qu'une conspiration nationale a lieu mais que les lieux visités dans le film sont une alternance de caves, de hangars, de bureaux et de stock-shots d'extérieur. Le tout est néanmoins filmé de manière impressionnante par Richard Clabaugh, avec une photographie flatteuse et une qualité d'image cinématographique peu courante chez les direct-to-dvd. Le film a certes été tourné à l'économie, mais il parvient bien à cacher la misère. Les productions SyFy et Asylum (entre autres) feraient bien de s'en inspirer.

Bien, il est tout doucement temps de parler du casting. Vous aurez sans doute remarqué sur la jaquette les noms d'Adrian Paul et de Danny Trejo, les deux têtes d'affiche. Autant le dire brutalement : ils ne valent pas le détour. Le bon Danny incarne son personnage sans passion, mais reste efficace, tandis que sympathiquement nul Adrian Paul se montre à peine plus expressif qu'une tranche de veau. Il est d'ailleurs bien secondé par la tout aussi insipide Megan Blake. A leur coté, l'insupportable Luke Eberl promène ses cheveux mauves avec conviction. Notez toutefois que conviction ne veut pas dire justesse.


Machete et un gamin capillairement perturbé... et un drapeau US. Important le drapeau US.

Nous disions donc: Eyeborgs est un film de SF d'anticipation fauché, mais qui parvient assez bien à le cacher grâce à une réalisation appréciable, doté d'un scénario maladroitement ambitieux et d'effets spéciaux corrects, mais affublé d'un casting mou du genou. Bref, le téléfilm parfait pour un dimanche après-midi pluvieux.

A propos de l'auteur : Geoffrey
Portrait de Geoffrey

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Eyeborgs
Réalisateur:
Durée:
99 min
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