Godspeed
A coté de cet aspect spritiuel, un film comme Godspeed laisse rêveur et pose des questions quant à la manière dont les jaquettes de DVD nous vendent les métrages. En effet, celle de Godspeed nous promet un film de vengeance âpre et violent, à la limite du survival. La tagline "Priez pour votre survie" ne laisse également aucune place au doute: le héros va en baver sévère.
Pourtant à la vision du film, un doute étreint le spectateur: Est-ce bien Godspeed qui est dans le lecteur DVD ? Parce que si le film est bien pétri de bonnes intentions philosophiques, il manque d'action et est surtout très très chiant.
Charlie EST colère
La vie de Charlie Newman, guérisseur évangélique en Alaska, est brisée lorsque sa famille est sauvagement assassinée par des assaillants inconnus sans aucune raison apparente.
Six mois plus tard, Charlie a renié Dieu et vit comme un ermite dans une caravane, au milieu de la forêt. La police n’a trouvé aucun coupable. Dans un bar, il fait la connaissance de Sarah, une jeune fille qui a fait un long chemin pour le rencontrer et qui lui demande de venir en aide à son père. A contrecœur, Charlie accepte et l’accompagne chez elle. Il fait alors la connaissance de son frère Luke et de son ami Tim. Sarah semble mal à l’aise, comme si elle avait un secret à cacher…
Charlie EST souffrance
Pour faire simple, on va dire que la jaquette se fourvoye un peu sur le genre de film qu'est Godspeed. En effet, au lieu du film de vengeance promis, nous avons droit à un drame psychologique ennuyeux. Très ennuyeux même. La cause en est que les personnages ne perdent pas une occasion pour partir dans des monologues interminables et que ces mêmes monologues remplacent l'action. En effet, tout le monde parle sans arrêt dans Godspeed. Tout le temps, pour tout et n'importe quoi. Par exemple, le flic chargé de l'enquête balance ses étâts d'âme concernant Charlie à sa maîtresse, une prostituée notoire, alors qu'elle ne lui a rien demandé. Même Charlie, à l'article de la mort, trouvera encore la force pour une dernière tirade poignante... ou pas.
Bref, le métrage s’appesantit à de nombreuses reprises sur des dialogues redondants qui n’ont rien de très profonds et cela devient vite insupportable. Certaines idées sont pourtant intéressantes, comme le discours religieux de Luke à ses sbires, mais elles sont noyées dans un déluge de pathos et de complaintes énervantes. Tout le monde parle mais personne n'agit.
Charlie EST un homme courageux qui boit pour noyer son chagrin
Charlie coupe du poisson devant sa caravane, Charlie dessine dans la bible, Charlie répond mollement aux questions d'un sheriff mou, bref, Charlie s'emmerde dans sa vie sans sa famille. En même temps, Charlie s'emmerdait déjà quand sa femme était là puisqu'il la trompait donc on ne sait que penser... Est-il vraiment triste de la perte de sa femme et de son fils? Personnellement, je dirais que c'est juste la mort du fiston qui le perturbe.
Il faut dire aussi que l'acteur Joseph McKelheer qui incarne Charlie ne fait pas grand chose non plus pour faire ressentir la détresse émotionnelle de son personnage. Exception faite de la scène où il s'acharne sur Tim, il n'y a pas beaucoup de moments où l'on ressent sa douleur. Même quand il se trouvera face à l'assassin de sa femme, il ne fera rien pour le tuer. Une personne normalement constituée lui aurait sauté à la gorge, mais pas Charlie. Charlie lui, il s'enfuit.
D'un autre coté, si on part dû principe qu'il n'aimait plus sa femme mais seulement son fils, cela devient logique qu'il ne s'acharne que sur l'assassin de celui-ci et pas sur celui qui a l'a tuée elle. La thématique est intéressante. N'empêche qu'à la vision du film, on a plutôt l'impression que Charlie est un gros mou, limite trouillard.
Face à lui, Gory Knauf est autrement plus convaincant et constitue le gros atout du film. Il est très crédible en leader illuminé et personnifie un bad guy très inquiétant, qui n'hésite pas à faire violer sa soeur par son meilleur ami. Sa prestation est impeccable et vaudrait le détour si elle n'était pas perdue dans un océan de médiocrité.
Stop! N'avancez plus, il n'y a rien à voir!
Comment ça mon personnage est inutile?
En l'état, Godspeed est un drame psychologique bavard qui tente de jouer sur l'atmosphère plutôt que sur les images-chocs (voir les nombreux plans fixes sur des montages, champs, forêts, etc...). Seulement quand on s'attend à un survival brutal, le choc est rude. Sachez donc que si vous cherchez de l'action, vous pouvez passer votre chemin. Les amateurs de drame humain y trouveront peut-être leur compte, mais pour ma part je n'y ai trouvé que de l'ennui.
Pour terminer sur une note positive, sachez tout de même que la réalisation est bonne et que la photographie ainsi que les décors naturels de l'Alaska sont très beaux. Pour inciter au tourisme, c'est toujours mieux qu'une carte postale.
Geoffrey Claustriaux
Un film de Robert Saitzyk
Avec : Joseph McKelheer, Cory Knauf, Courtney Halverson, Ed Lauter