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John Carter

Doté d'une esthétique somptueuse, John Carter se contente de remplir le cahier des charges des films grands publics. Pas trop de violences ni de langage châtié au sein d’un univers fascinant dont toutes les facettes n’ont été qu'égratignées. L'on sait dorénavant qu'il en restera ainsi (à moins d'aimer les échecs), même si l'envie d'en connaître davantage est présente. On regrettera sa prévisibilité dans son déroulement et des maladresses sur le fond difficilement compréhensible pour ce genre de projet. Une distraction de premier ordre néanmoins brouillonne dans sa narration et prévisible dans son dénouement.
Publié le 31 Juillet 2012 par Dante_1984Voir la fiche de John Carter
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Extra-Terrestre

Au XIXe siècle, John Carter refuse de s'engager dans une guerre qu'il ne reconnaît pas comme la sienne. Par un malheureux concours de circonstances, il va néanmoins se retrouver téléporté sur Mars. La planète rouge est loin d'être morte et ses habitants sont également enclins à sombrer dans des luttes intestines. Pour John Carter, la découverte se mêle à la surprise face à cet univers méconnu.

Il y a trois ans, le roman d'Edgar Rice Burroughs faisait déjà l'objet d'une adaptation cinématographique (assez libre, il est vrai) : Les Chroniques de Mars. Malgré les studios Asylum (nous ne présenterons pas la pléthore d'étrons qu'ils nous ont infligés) à la barre, Mark Atkins nous avait offert un résultat passable et divertissant. L'on ressentait un potentiel certain à exploiter cet univers inspiré. Malheureusement, l'enveloppe allouée pour le film n'était pas forcément à la hauteur de ses ambitions. Trois années se sont écoulées et l'homme derrière Le monde de Nemo ou Toy story, j'ai nommé Andrew Stanton, s'attelle à la tâche pharaonique de retranscrire ce même univers avec les moyens de Disney. Autrement dit, on ne rigole plus avec l'argent de Walt.


Rien de tel qu'un petit pèlerinage sur Mars.

Pourtant, John Carter passera certainement à la postérité pour s'être vautré lamentablement au box-office US (70 millions $ de recettes pour un budget de 250 millions $ + la promotion de 100 millions $). À titre de comparaison, la débandade de Speed racer est proportionnellement moindre à cet échec. Nul doute que l'envie d'exploiter les dix autres romans du Cycle de Mars reste en travers de la gorge des producteurs. Tant de la part du public que des critiques « professionnelles », l'on comptabilise également des sentiments mitigés de part et d'autre de l'Atlantique. Alors, John Carter mérite-t-il d'avoir été intercepté par une pluie de météorites interstellaires ou découvrons-nous une agréable surprise en dépit de son accueil catastrophique ?

L'introduction prend place au XIXe siècle où la guerre fait rage sur le territoire des États-Unis. Malgré la brièveté de cette mise en bouche, la reconstitution de l'époque se révèle soignée et précise. Sous toutes les coutures, l'illusion fonctionne. Le cadre et les costumes confèrent un aspect far-west rétro étonnant, pour ne pas dire déconcertant. Pour un film de science-fiction, l'entame se veut donc inattendue, originale et bien sentie. Cela permet également l'ébauche du protagoniste avant de le voir propulser sur Mars par quelques techniques extraordinaires.


Les panoramas sont somptueux.

Passez cette demi-heure, Mars (ou Barsoom, c'est selon) se dévoile à nos mirettes ébaubies. Là encore, les moyens magnifient un monde inconnu. Paysages désertiques, cités mouvantes ou village autochtone : les lieux ont fait l'objet d'une attention toute particulière où convergent diverses influences. Le Moyen-Orient (difficile de ne pas penser à Prince of Persia) étant prépondérant dans l'architecture. L'on songe aussi à des époques préhistoriques reculées où l'homme n'en était encore qu'à ses balbutiements. À cela, il faut compter également sur les villes à la technologie avancée qui laissent interdit John Carter (n'oublions pas qu'il est issu du XIXe siècle) tels les engins volants, la mégalopole qui marche ou les moyens de téléportation entre la Terre et Mars.

Les effets spéciaux aux qualités irréprochables finissent de sublimer un visuel époustouflant. Les créatures, le neuvième rayon ou plus simplement les dogfights d'un autre âge ne donnent ni l'impression d'être devant un film d'animation, comme ce fut le cas pour Green lantern, ni même une adaptation live. Nous dirons qu'une étrange alchimie opère entre les deux afin de composer le monde délirant du romancier. Difficile de distinguer l'artificiel du réel avec la débauche de moyens engrangée. L'on ne s'en plaindra pas tellement l'enrobage flatte les rétines. Alors, qu'en est-il de l'histoire ?


Une cité mouvante ? Pourquoi pas !

On le sait, avoir un physique avantageux est loin d'être suffisant pour créer de bons films, a fortiori des incontournables du septième art. C'est sans doute là que le bât blesse. Non pas que John Carter prenne trop de libertés avec l'oeuvre originale (Andrew Stanton y demeure fidèle), mais le scénario peine à surprendre. Un conflit, un intervenant extérieur, une myriade d'histoires annexes (pas toujours indispensable) qui ralentit la trame principale font que le déroulement de l'intrigue s'avère inégal sur la durée. Le passé de John, sa place au sein de Mars, les récits des personnages secondaires, chaque partie se télescope les unes dans les autres. Certes, l'on sent derrière le foisonnement d'un univers riche et cohérent, mais l'exposition manque de rigueur pour pleinement convaincre.

Pour ce qui est des protagonistes en eux-mêmes, on oscille entre le bon et le moins bon. Taylor Kitsch tient le haut du panier. Le physique de l'emploi, une interprétation assez juste dans les séquences. Pour ceux qui s'attendent à un ersatz décérébré de Conan, passez votre chemin. Malheureusement, sa comparse Lynn Collins (Dejah Thoris) fait office de potiche de service. Irritante au possible, tant dans sa gestuelle que la caractérisation de son personnage, elle ne contente que les mirettes. Rien de plus, rien de moins. Qui plus est, l'astuce de confronter les deux tourtereaux avant qu'il ne se rapproche est éculée au possible. Cliché d’un jour... Pour les autres, ce contraste se vérifie avec un Dominic West pas au meilleur de son talent ou un James Purefoy purement anecdotique.


A la niche !

Bref, John Carter ne mérite pas vraiment de s'être vautré de manière aussi lamentable au box-office. En dépit d'une trame prévisible, son rythme permet de ne pas s'ennuyer et surtout de combler certaines carences narratives. L'on notera également des personnalités approximatives servies par des acteurs aux jeux discutables (la plupart se contentent du minimum syndical). Toutefois, les moyens pour faire vivre Mars sont à la hauteur des ambitions. Le visuel est léché et s'avère le principal intérêt de John Carter. Andrew Stanton s'essaye à un discret mélange des genres (science-fiction, fantasy et même western) qui se révèle assez limité dans son développement. En somme, un blockbuster sympathique, mais certainement pas incontournable.

A propos de l'auteur : Dante_1984
Portrait de Dante_1984

J'ai découvert le site en 2008 et j'ai été immédiatement séduit par l'opportunité de participer à la vie d'un site qui a pour objectif de faire vivre le cinéma de genre. J'ai commencé par ajouter des fiches. Puis, j'ai souhaité faire partager mes dernières découvertes en laissant des avis sur les films que je voyais.

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John Carter
Réalisateur:
Sortie France:
Durée:
132 mn
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