Voir la fiche complète du film : Kingdom Come (Greg A. Sager - 2014)
[[

Kingdom Come

Un DTV non dénué de reproches qui parvient toutefois à soigner le développement de son thème. Il en découle un métrage prévisible et perfectible, mais que l’on appréciera pour l’ambiance qu’il propose.
Publié le 4 Décembre 2014 par Dante_1984Voir la fiche de Kingdom Come
6
Hôpital

Depuis le début du XXe siècle, la réputation et les conditions de vie au sein des hôpitaux psychiatriques ont évolué de telles manières à renvoyer une image apaisante de la maladie mentale. Des camisoles de contention aux camisoles chimiques, les apparences ont fait un bond en avant pour rendre acceptable les traitements et autres thérapies qui eux, se contentent de soigner les symptômes et rarement l’origine des affections. On rebaptise quelques méthodes archaïques (les électrochocs deviennent l’électroconvulsivothérapie) et le tour est joué ! Pourtant, le cinéma d’horreur aime à dépeindre l’atmosphère lourde et suintante des asiles d’aliénés avec ces couloirs sordides, ces sadiques en blouse blanche et leurs douces folies de l’esprit…

Après un Devil seed pour le moins bancal, Greg A. Sager se propose donc une petite excursion dans l’un d’eux, abandonné, délabré et désert de surcroît (enfin, presque). L’entame est loin d’enthousiasmer avec un réveil douloureux pour chaque protagoniste dans un endroit dont ils ignorent tout. Entre l’exploration de celui-ci, les tensions montantes et les phénomènes paranormaux qui se manifestent avec violence, l’intrigue peine à trouver son rythme de croisière. Il est vrai que Kingdom come ne concourt pas vraiment dans la catégorie « effrayant ». On dénote la volonté de suggérer plutôt que d’être expansif, mais le cinéaste se départira rarement des ficelles du genre.

Fort heureusement, il les use avec une certaine habileté non pas pour rendre palpable le calvaire que traversent ses personnages, mais pour conférer un aspect crasseux et glauque à la bobine. L’ambiance, reconnaissons-le, s’avère suffisamment sombre et énigmatique pour se laisser porter dans ces corridors noyés d’obscurité. Étant donné qu’ils ont rapidement la bonne idée de se séparer, l’on jongle entre les points de vue des groupes formés en devinant facilement qui survivra ou pas. Peu de surprises également en ce qui concerne la raison de cette épreuve ou ce qui en découlera par la suite. Sans même se référer à un synopsis détaillé, il est aisé de deviner la nature de l’endroit et de ses habitants.

En dépit d’un budget modeste, la réalisation ne pâtit pas d’un cachet amateuriste ou de toute autre considération au rabais. Outre l’impression d’enfermement permanente, l’obscurité se joue des rares plages de clarté pour offrir une photographie travaillée. Lumière crue, spots verdâtres, pénombre… Les artifices visuels utilisent les perceptions pour susciter le danger. Malgré la présence de groupes qui se réduiront peu, la sensation de solitude pèse au-dessus des scènes. L’issue de cet enfer ou purgatoire passe par l’introspection, le jugement et le repentir (le cas échéant) pour chaque protagoniste.

Des individus éclectiques dans leur ensemble qui pâtissent toutefois de quelques poncifs propres à leur situation sociale. Certes, l’on peut voir au-delà des apparences, mais la première impression laisse place à une gamme de personnages louches et néanmoins banals tant dans leur quotidien que dans leur motivation. Cependant, l’évolution se bonifiera avec le temps avec des possibilités multiples pour chacun d’entre eux. On regrettera surtout des lignes de dialogues peu inventives qui ne servent guère des séquences embarrassantes. Un traitement en dent de scie rattrapé de justesse par une interprétation correcte pour les rôles principaux.

On peut également se pencher sur les effets spéciaux et les démons qui hantent les lieux. Les trucages font dans le rudimentaire avec des méthodes un rien archaïque, mais qui fonctionne mieux que des images de synthèse abominables. Les créatures démontrent suffisamment de dissemblances avec leurs congénères pour comprendre qu’il ne s’agit pas d’un unique boogeyman. Malgré des points communs évidents, l’on notera un travail soigné pour chacun d’entre eux. Certains indices laissent même entrevoir leur véritable nature.

Au final, Kingdom come se révèle une modeste surprise. Certes, on lui reprochera un démarrage difficile, une progression assez prévisible dans l’ensemble et quelques errances concernant l’écriture des personnages, mais l’atmosphère en vase clos reste bel et bien présente. La mise en scène s’avère loin d’être calamiteuse et se sert des possibilités de son environnement afin d’accentuer la sensation paradoxale de solitude, même si l’on devine qu’il n’en est rien. Grâce à une photographie soignée, un traitement suggestif et un cadre glauque, Greg A. Sager signe un film perfectible et néanmoins appréciable de par les efforts qu’il déploie.

 

 

A propos de l'auteur : Dante_1984
Portrait de Dante_1984

J'ai découvert le site en 2008 et j'ai été immédiatement séduit par l'opportunité de participer à la vie d'un site qui a pour objectif de faire vivre le cinéma de genre. J'ai commencé par ajouter des fiches. Puis, j'ai souhaité faire partager mes dernières découvertes en laissant des avis sur les films que je voyais.

Autres critiques

Memorial Valley Massacre
L'intrigue de ce Memorial Valley Massacre tient sur un timbre-poste, comme bon nombre des films d'un genre qui a connu son heure de gloire dans les années 80 et qui a retrouvé quelques lettres de noblesse avec le Scream de Wes Craven avant de les reperdre assez vite hélas. De temps en temps, un bon slasher émerge du lot de direct-to-video mais ils ne sont pas légions. On retrouve donc un...
La nuit de tous les mystères
Bien connu pour sa prolifique carrière émaillée de séries B horrifiques aux qualités inégales, William Castle signe avec La nuit de tous les mystères un fleuron du film d’épouvante. Encore peu démocratisée à la fin des années1950, la thématique de la maison hantée pose ici les bases et les ficelles dont s’inspireront en partie d’autres cinéastes. Le statut de précurseur revient...
Vampire academy
Lorsque l’on adapte un best-seller dans lequel il est question d’adolescents et de vampires, on aurait peut-être, à tort ou à raison, vite fait de le ranger aux côtés de Twilight ou Vampire diaries . Le succès de la franchise n’ayant rien à envier à Harry Potter , la littérature a développé tout un pan d’histoires que les amateurs (et amatrices) dévorent avec passion. À ce jour, Vampire academy...
Lacérés
**Attention, cette critique contient quelques spoilers.** Une famille recomposée compte bien profiter d'un week-end en camping pour se donner une nouvelle chance. Pendant ce temps, un couple se fait attaquer dans des bois environnants par une femme atrocement défigurée. Si Leatherface avait eu une fille, aurait il osé profité de sa célébrité pour permettre à celle-ci d'obtenir un premier rôle...
Les Châtiments
Par le biais de leur société Dark Castle, Robert Zemeckis et Joel Silver nous offrent régulièrement des films d'horreur qui, sans être excellents, nous procurent tout de même de très bons moments. On retiendra notamment La maison de l'horreur ou La maison de cire. Assez prévisible dans l'ensemble, mais rondement mené par leur réalisateur respectif. Qui plus est, si les premières...
Kingdom Come
Réalisateur:
Durée:
6
Moyenne : 6 (1 vote)

Kingdom Come (2014) † Trailer

Thématiques