Voir la fiche complète du film : L'Emprise du mal (Miguel Ángel Toledo - 2012)
[[

L'Emprise du mal

Un thriller psychologique fastidieux doté d’une histoire ennuyeuse, d’une narration bancale et à l’atmosphère inexistante. Point d’angoisse ni de paranoïa dans un métrage pénible et terriblement long.
Publié le 18 Mai 2014 par Dante_1984Voir la fiche de L'Emprise du mal
2

Dans les années 2000, l’Espagne nous avait offert des talents et des films qui font à présent partie des plus belles perles du cinéma de genre. Depuis, ce déferlement d’excellence semble s’être amoindri. La vague se retire et laisse dans son sillage des productions plus ou moins passables, voire carrément dispensables. Qu’il s’agisse de l’horreur, du fantastique, de l’épouvante ou même du thriller, les Hispaniques sont capables du meilleur, comme du pire. Avec le thriller psychologique L'emprise du mal, avons-nous droit à un DTV qui gagne à être connu ou un navet pédant qui ne suscite que la frustration et l’ennui ?


On va la jouer à la Shining.

Premier long-métrage dont la gestation aura nécessité six ans, L’emprise du mal choisit de se baser sur la vie d’un couple en perdition qui tente de se donner une seconde chance. Pour cela, partir en vacances semble être la seule solution. Première impression : pitch banal, mais facilement exploitable si l’on expose correctement les faits tout en maîtrisant sa progression. Bizarrement, l’entame évoque Shining : deux époux et leur enfant qui se retirent dans un lieu isolé dans les montagnes en plein hiver, les histoires de famille (sans secret honteux)… Pour tout dire, on est même persuadé que le mari est alcoolique et que l’on ne tardera pas à voir surgir quelques phénomènes paranormaux.

Mais non, on reste dans un domaine assez rationnel (du moins 95 % du temps) qui va vite se révéler ennuyeux et répétitif. De longs, trop longs, silences ponctuent l’intrigue rendant l’atmosphère lourde et pesante (dans le mauvais sens du terme). Des regards de bovins, des plans sans inventivité et une succession de séquences à l’intérêt minime. Il n’existe aucune tension, aucune angoisse dans un scénario mal maîtrisé et ronflant. D’ailleurs, l’intervention de l’élément « perturbateur » principal n’apporte rien étant donné que l’on devine rapidement sa place et qu’il ne communique aucune ambiguïté sur ses motivations.


Un petit chalet bien tranquille.

L’aspect psychologique est peut-être présent, mais reste abstrait, un peu comme les intentions du cinéaste qui multiplie les propos purement théoriques sur les messages véhiculés tout au long du récit. Au même titre que son histoire sans imagination, la réalisation ne recèle aucune fulgurance et se montre aussi plate qu’une limande. On retiendra une photographie aux teintes glaciales assez remarquables compte tenu de la médiocrité générale. L’exposition des images se veut parfaitement dans le ton et procure une excellente impression de froideur, notamment grâce à un cadre somptueux, mais finalement peu exploité.

Le huis clos qui s’annonçait comme tel n’en est pas un. L’environnement est relégué au second plan (au sens propre, comme au figuré) pour donner lieu à une belle scène de ménage où jalousie et manque de confiance sont les maîtres mots. Les personnages sont tellement peu loquaces et pas du tout attachants, avec une évolution quasi inexistante, qu’on les croit muets. Les acteurs se contentent du minimum syndical sans jamais communiquer la détresse, le doute, le dégoût ou l’empathie que suscitent leurs rôles. En somme, une interprétation sans relief à l’image des autres aspects du récit : pénible.


Ce n’est pas le seul à avoir perdu la tête...

Au final, L’emprise du mal est un thriller psychologique ennuyeux au possible. L’histoire se targue de dénoncer les problèmes familiaux en jouant sur la paranoïa et les apparences. Toutefois, le traitement lénifiant confère au métrage un rythme laborieux, plat et capricieux dans sa progression. Prévisible et doté d’une approche maladroite de son sujet, ce premier film ne véhicule aucune émotion tout en multipliant les silences rarement évocateurs de tension. À l’instar de sa très belle photographie (unique atout), il laisse froid et indifférent. L’on remarquera un final à double-tranchant, à la fois attendu et doté d’un élément pseudo fantastique totalement hors de propos et surtout ridicule dans ses implications. Long et prétentieux.

A propos de l'auteur : Dante_1984
Portrait de Dante_1984

J'ai découvert le site en 2008 et j'ai été immédiatement séduit par l'opportunité de participer à la vie d'un site qui a pour objectif de faire vivre le cinéma de genre. J'ai commencé par ajouter des fiches. Puis, j'ai souhaité faire partager mes dernières découvertes en laissant des avis sur les films que je voyais.

Autres critiques

The Park
Qu’il s’agisse de parcs d’attractions ou de fêtes foraines, le cadre distrayant de tels endroits donne parfois lieu à quelques détournements plus ou moins réussis dans le domaine horrifique. Le danger des manèges, le passé trouble des environs, un accident malencontreux, une farce qui tourne mal... Les idées ne manquent pas pour prétexter une petite visite. Alors que le début...
Time Crimes
Attention, cette critique contient des spoilers. Un couple vient d'emménager dans une grande demeure, quelque peu isolée. Réveillé dans sa sieste par un étrange appel téléphonique, Hector observe ensuite avec ses jumelles les bois environnants. Intrigué par la présence d'une jeune femme dénudée dans les bois, il décide de traverser la forêt. Commence alors pour lui un cauchemar inimaginable. Le...
Train
Le Torture-Porn c'est un peu comme le slasher : en général les scénarios sont bidons et uniquement prétextes à nous présenter un enchaînement de scènes-chocs. Quand c'est bien fait ça nous donne Hostel ou Saw 3 (ce dernier étant également le summum du scénario-prétexte au service de la violence graphique) mais pour ces rares réussites, combien d'erzatzs mal foutus avons-nous vus...
Ghost Shark
Si l’on peut regretter la médiocrité permanente qui suinte du survival animalier, il faut reconnaître que les producteurs ne se découragent pas pour donner vie aux concepts les plus idiots. En 2013, Asylum entamait la saga Sharknado . Auparavant, on avait également eu droit à Sharktopus . Outre la volonté d’infliger quelques aberrations génétiques aux squales, on remarque une certaine...
Les Châtiments
Par le biais de leur société Dark Castle, Robert Zemeckis et Joel Silver nous offrent régulièrement des films d'horreur qui, sans être excellents, nous procurent tout de même de très bons moments. On retiendra notamment La maison de l'horreur ou La maison de cire. Assez prévisible dans l'ensemble, mais rondement mené par leur réalisateur respectif. Qui plus est, si les premières...

Thématiques