Voir la fiche complète du film : La Féline (Jacques Tourneur - 1942)
[[

La Féline

Oliver croise au zoo la jeune Irena, tombe il tombe éperdument amoureux. La jeune femme passe ses moments libres à observer une panthère noire. Film racé et moderne, la Féline fait aujourd'hui partie des classiques du genre.
Publié le 8 Mai 2012 par GORE MANIACVoir la fiche de La Féline
8

Attention, cette critique contient des spoilers.

Brillant architecte, Oliver croise au zoo la jeune Irena, tombe il tombe éperdument amoureux.
La jeune femme, étrangère, vient d'arriver aux Etats-Unis, et passe ses moments libres à observer une panthère noire, qui l'obsède littéralement.

Environ dix ans après le début de l'âge d'or de la Universal, le cinéma fantastique américain cherche à se renouveler. La Féline fait partie intégrante de ce second souffle, certes moins prolifique que le premier, mais tout aussi réussi.
Les monstres des années 30 cèdent bien volontiers leurs places à des êtres marginaux et doubles, auxquels les spectateurs pourront davantage s'attacher, éprouvant au passage ce manichéisme si cher à nos voisins d'outre-Atlantique.
Ainsi, après la partition remarquable de Spencer Tracy dans une nouvelle adaptation du Jekyll et Hyde de Stevenson (1941), c'est au tour d'un personnage féminin fort mystérieux de s'installer dans les salles obscures un an plus tard.

Ayant une corrélation lointaine avec le loup-garou (dans certains films lycanthropiques, l'animal peut prendre l'apparence d'un loup), la Féline s'éloigne radicalement de tout ce qui avait été vu auparavant. Tout d'abord, il offre un rôle fort à un personnage féminin, une rareté dans le cinéma fantastique. Ensuite, le caractère mauvais de l'héroïne est ici souvent altéré par sa douceur et son innocence.
L'innocence fait d'ailleurs partie des thèmes importants du film, Irena pensant que le premier baiser offert à son fiancé (et encore plus sa virginité) pouvant engendrer le réveil de la bête qui sommeille en elle.
La française Simone Simon apporte l'intensité nécessaire à ce personnage, sachant parfois s'effacer pour mieux resurgir dans des scènes où sa beauté mélancolique et sa fureur animale font merveille.

La mise en scène de ce film revenait aussi à un français, Jacques Tourneur. Ayant assuré la majeure partie de sa carrière aux Etats-Unis, Tourneur est surtout réputé par la qualité de ses oeuvres d'épouvante, sachant y instaurer un climat oppressant. Après la Féline, il signera Vaudou et surtout l'excellent Rendez-vous avec la Peur.
Le soin qu'il apporte à chaque plan, aux jeux de lumières (comme la scène de la piscine), en évitant de tomber dans les écueils du genre, font du travail de Tourneur sur ce film un réel gage d'intelligence artistique et technique.
Dès lors, il est difficile de résister au charme de ce classique qui n'a pas pris une ride, le scénario osant également braver quelques interdits de l'époque.

En effet, le héros, patient et docile avec Irena au début, finira par abandonner celle-ci au détriment de sa confidente, allant même jusqu'à demander le divorce. Ce trio devient quatuor lorsque le psychiatre d'Irena tente de la séduire. La chasteté de l'héroïne lui est nécessaire pour rester humaine, mais l'isole de son époux, tandis que la jalousie qu'elle éprouve à l'encontre d'Alice finira par la rapprocher irrémédiablement de la panthère.
Au delà de la légende évoquée dans le film, cette créature représente en fait nos instincts les plus innés et le désir, la jalousie puis la haine consumant Irena finiront par la transformer, tandis que ces mêmes sentiments auront tendance à être bénéfiques pour les autres personnages.

Les autres thèmes phares du film sont l'isolement et le rejet.
Ainsi, alors qu'elle effraie tous les animaux, Irena n'attire pas grandement la sympathie chez ses congénères. Se sentant seule et désabusée, Irena commet un geste final qui semble arranger le couple survivant, Tourneur s'éloignant encore ici des sentiers battus, le cinéaste Paul Schrader ajoutant hémoglobine et sexualité quarante plus tard dans un troublant remake à (re)découvrir.

Film racé et moderne, la Féline fait aujourd'hui partie des classiques du genre, avec l'un des personnages féminins les plus marquants du cinéma fantastique.

A propos de l'auteur : GORE MANIAC
Portrait de GORE MANIAC

J'essaie de partager ma passion pour un cinéma méconnu, mais qui mérite incontestablement qu'on s'y arrête !

Autres critiques

Stripped Naked
Lorsque Cassie danseuse exotique tombe sur une transaction de drogue qui tourne mal : elle vole l'argent et la drogue pensant qu'elle a maintenant les fonds nécessaires pour réaliser son rêve et aller reconstruire une nouvelle vie à Paris. Mais attendre trois jours pour obtenir son passeport s'avère plus difficile qu’elle le pensait quand tout le monde qu'elle connaît : son...
Slender Man
Considéré comme une légende urbaine montée de toute pièce pour une diffusion virale sur le web, Slender Man est un personnage aussi inquiétant que passionnant. La silhouette humaine élancée, d‘où son patronyme, l’absence de visage renvoyant à un anonymat dans sa forme la plus stricte... Ces caractéristiques sont ancrées dans l’imaginaire collectif sous des noms et des mythes...
Vampire academy
Lorsque l’on adapte un best-seller dans lequel il est question d’adolescents et de vampires, on aurait peut-être, à tort ou à raison, vite fait de le ranger aux côtés de Twilight ou Vampire diaries . Le succès de la franchise n’ayant rien à envier à Harry Potter , la littérature a développé tout un pan d’histoires que les amateurs (et amatrices) dévorent avec passion. À ce jour, Vampire academy...
Lake Placid - L'héritage
Quand on se penche sur le passif de la saga Lake Placid , on retient surtout un premier métrage réjouissant au possible. D’ailleurs, on peut même le considérer comme l’un des meilleurs (et trop rare) films de crocodiliens de ces deux dernières décennies. Presque vingt ans après sa sortie, on en est à trois suites toutes plus abominables les unes que les autres et un crossover des plus...
Ghost Rider : L'esprit de Vengeance
Le retour du Rider avec sa grosse moto enflammée et sa tête de carbonisé pas frais, vous l'attendiez avec impatience, hein, bande petits coquins ? Comment ça, non ? Je vois ce que c'est, vous pensez encore à Mark Steven Johnson ... mais rassurez-vous, braves gens, le réalisateur du premier opus n'est plus de la partie. A la place, vous aurez droit aux deux barjots derrière les Hyper...
La Féline
Réalisateur:
Sortie France:
Durée:
73 min
7.77778
Moyenne : 7.8 (9 votes)

Cat People (1942) Trailer

Thématiques