La Mutante des Mers
La Mutante des Mers se présente comme le remake d'un film de monstre de 1956 : The She-Creature d'Edward L. Cahn. N'ayant pas vu cet antique témoin d'un cinéma populaire à base de Craignos Monsters en latex, c'est donc vierge de tout apriori que j'ai entamé le visionnage du film de Sebastian Gutierrez.
Et puisque j'en suis aux confidences, sachez que j'ai regardé ce film complètement par hasard, un soir où il n'y avait rien à la télévision (comme d'habitude me direz-vous) excepté une soirée horreur sur une petite chaîne belge. Ceci pour vous préciser que je ne savais vraiment pas à quoi m'attendre en ce qui concerne La Mutante des Mers. Tout au plus avais-je entrevu dans le programme que le film traitait d'une sirène.
La charmante Carla Gugino est l'atout charme du film...
Un escroc, propriétaire d'un cirque et en quête d'attractions inédites, découvre un jour une sirène. Il décide de l'emmener en Amérique afin de l'exhiber et de devenir célèbre. Mais le voyage en bateau tourne au cauchemar lorsqu'il s'avère que la créature raffole de chair humaine...
Un jeune homme pédant + une sirène cannibale = problèmes
Le film s'ouvre sur un générique à l'ancienne accompagné d'une séquence introductive en noir et blanc, histoire de bien faire comprendre au spectateur qu'il va assister à un film comme on en fait plus depuis des lustres. Et c'est vrai que le métrage de Sebastian Gutierrez dégage un fort parfum de naphtaline avec ses décors et ses costumes limités, sa quasi-absence de sang et son monstre caoutchouteux. Mais loin d'être un défaut, cet aspect nostalgique participe à la réussite du film en lui conférant un charme particulier, à des milliers d'années-lumière des DTV miteux que des chaînes comme SyFy produisent en série, sans passion ni talent.
Dans la Mutante des Mers, on sent une réelle envie de bien faire, de construire une atmosphère et de proposer une histoire originale malgré, il faut bien le dire, des moyens financiers restreints.
Les acteurs font de leur mieux pour faire vivre leurs personnages (à cet égard, Rya Kihlstedt fait des merveilles en sirène, tout à tour sensuelle et menaçante) tandis que le réalisateur s'applique à composer des plans recherchés pour dynamiser un script qui connait une ou deux baisses de tension.
Grâce à la sirène, les mâles pourront se rincer l'oeil en toute impunité...
On ne peut pas vraiment faire de reproches à ce téléfilm car on a le sentiment que chacun dans l'équipe a fait le maximum pour être fier du produit final et les quelques défauts sont certainement imputables au manque de budget. Par exemple, le fait que toute l'action se passe sur le bateau limite très fortement les éventuels retournements de situations. Sebastian Gutierrez, réalisateur mais aussi scénariste, a donc dû ruser pour éviter que son histoire ne tourne en rond et quelques exceptions près, on peut dire qu'il a fait un sans-faute. Le scénario est relativement imprévisible, ce qui compense le manque de mises à mort et de débauches d'effets visuels (la grosse bébête finale est à ce titre plus amusante qu'effrayante). On pourra par contre lui reprocher de verser, après une première heure très atmosphérique, dans l'horreur pure, alors qu'il n'en avait clairement pas besoin.
On notera aussi quelques emprunts par-ci, par-là, avec notamment un tête à tête entre une femme enceinte et la créature qui flaire bon l'hommage à la scène culte d'Alien 3. De même que la base du film (une créature dangereuse ramenée par bateau pour être exhibée) renvoie à King Kong.
Néanmoins, ces emprunts ne sont pas dérangeants car ils ne témoignent pas, comme c'est souvent le cas, d'un manque d'idées.
Alien, sors de ce corps !
Bref, La Mutante des Mers est un téléfilm très recommandable pour ceux qui auraient l'occasion de le voir. Dommage que le manque de moyens limite ses ambitions car, dans le genre film produit pour la télé, il se place loin au-dessus de ses cousins dégénérés venus des froides contrées où se terrent la société Asylum et la chaîne SyFy.
Un film de Sebastian Gutierrez
Avec : Rufus Sewell, Carla Gugino, Jim Piddock, Reno Wilson