Les Démons du maïs 3: Les Moissons de la Terreur
Attention, cette critique contient des spoilers, et notamment la fin.
La série des Children of the Corn est l’exemple type des séries à rallonge complètement inutiles et qui finissent toujours par sombrer dans des abîmes de médiocrité. Mais la particularité de celle-ci, c’est que même le premier épisode, pourtant adapté d’une excellente nouvelle de Stephen King, était déjà plus que moyen et répétitif (la faute à un concept de base très sympa mais limité) même s’il restait regardable.
La première séquelle, par contre, s’avérait franchement douteuse et assez ennuyeuse. Dire qu’un troisième film ne s’imposait donc pas relève de la Lapalissade et c’est donc assez craintif que l’on aborde ce nouveau chapitre de nos enfants assassins.
Eli au milieu de son oeuvre...
Le fermier Earl Hutch meurt dans d'horribles circonstances, et ses deux fils, Joshua et Eli, sont placés dans une famille adoptive à Chicago. Les deux enfants découvrent un monde entièrement nouveau, un monde de gangs, de tags et de musique rap. Tandis que Joshua, l’aîné, découvre avec plaisir et insouciance cette nouvelle vie, le plus jeune Eli, se renferme sur lui-même et reproche à son frère de lui accorder de moins en moins de temps, notamment à l’école qu’ils viennent tous deux d’intégrer.
Mais Eli a emporté un souvenir de Gatlin : quelques épis de maïs dans une petite valise. Et à la découverte d’un entrepôt abandonné jouxtant la maison de ses nouveaux parents, le jeune homme s’applique par une sombre soirée, à semer des graines. Doué d'étranges pouvoirs, il parvient à rallier d'autres enfants à sa terrifiante façon de penser, n'hésitant pas à tuer tous ceux qui s'opposent à lui...
Une (jolie) victime du maïs...
Et bien, contre toute attente, le film est plutôt bon. Et j’irais même jusqu’à dire que c’est le meilleur de la série jusqu’à présent. Évidemment ce n’était pas très difficile de faire mieux que les précédents et c’est comparativement à eux que le film devient bon puisque par rapport aux chef-d'oeuvres de l'épouvante il ne ferait pas le poids. Mais bon, malgré tout, cet opus s’avère agréable à suivre.
D’avoir déplacé l’action à Chicago et de quitter Gatlin était vraiment une bonne idée et l’intention d’Eli de contaminer le monde avec son maïs est plutôt chouette. Les morts sont sympathiques et pas mal de scènes valent le coup d’œil. Je pense notamment à la scène d’introduction avec le meurtre du père, à la décapitation du copain noir, au clodo avec les lianes dans les yeux, à l’épouvantail qui (re)prend vie, aux cafards ainsi qu'au meurtre du prêtre, chargé de symboles et graphiquement sympa. La grande force du film est de ne pas lésiner sur les effets chocs et les scènes gores pour faire plaisir au spectateur.
Le scénario est bon et suit bien son cours jusqu’à dix minutes de la fin. Malheureusement, cette dernière séquence va partir en vrille et décrédibiliser le métrage, ce qui est fort dommage.
Un pauvre clochard qui ne demandait rien à personne...
Comme vous vous en doutiez, le film ne pouvait pas être parfait. Déjà on sent qu’il y a un léger problème lorsque Joshua retrouve la bible de son frère sans problème au milieu d’un immense champ de maïs mais c’est surtout la toute fin avec l’apparition de la grosse créature (le fameux maître des sillons ?) qui sombre dans le ridicule.
Les grosses bêbêtes caoutchouteuses ne sont pas un problème quand on a l’habitude de ce genre de production et elles peuvent même s’avérer très sympathiques dans certains cas, mais ici, alors que le réalisateur avait bien réussi son film avec une bonne ambiance et un scénario (un peu) original, il fait s’écrouler l’ensemble comme un château de cartes avec ce monstre sans rapport avec le reste et qui tombe comme un cheveu dans la soupe. De plus, la manière dont les héros vont s’en débarrasser est risible (ils le découpent tranquillement à la serpe sans qu'il ne réagisse).
Enfin bref, le film aurait dû s’arrêter dix minutes plus tôt, tout simplement, au lieu d’essayer de proposer une surenchère qui ne pouvait de toute façon pas fonctionner au vu du budget réduit.
Maman ne rentrera pas ce soir...
C’est d’autant plus dommage car les acteurs, contrairement à l’opus précédent, incarnaient bien leur personnage. Le jeune garçon prêtant ses traits à Eli, le fait vraiment bien malgré un physique qui ne lui confère pas de charisme naturel (comme le Isaac du premier par exemple). Mais ce coté « démon au visage d’ange » convient bien au film.
Notons également que les effets spéciaux/gores sont assez bons, si l'on fait exception de la grosse bestiole finale et que l'originalité de certaines scènes mérite votre attention.
Enfin bref, si comme moi vous aimez les direct-to-video de ce style, vous passerez un agréable moment. Et puis dans la grisaille des children of the corn, la petite éclaircie que constitue la majorité de ce troisième épisode ne se refuse pas.
Et ouais, la critique est déjà finie.
Un film de James D.R. Hickox
Avec : Daniel Cerny, Ron Melendez, Jim Metzler, Nancy Grahn