Voir la fiche complète du film : Madness (Sonny Laguna, David Liljeblad, Tommy Wiklund - 2010)
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Madness

Quatre jeunes gens se retrouvent en panne dans des bois isolés. Pris en auto-stop, leur cauchemar ne fait que débuter. Un survival honnête, mais peu transcendant, sauvé par un épilogue efficace.
Publié le 5 Septembre 2010 par GORE MANIACVoir la fiche de Madness
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**Attention, cette critique contient quelques spoilers.**

Minneapolis, milieu des années 90. Quatre jeunes gens, victimes d'un chauffard, se retrouvent en panne dans des bois isolés. Pris en auto-stop, leur cauchemar ne fait que débuter.

L'office du tourisme suédois est il en berne ? Bonne question ! Toujours est-il que Madness ne semble pas avoir confiance en l'attraction que pourrait constituer le terroir local sur les cinéphiles.
Ainsi, l'action de ce film suédois se situe aux Etats-Unis, probablement pour des raisons purement commerciales, afin de rendre ce survival plus exportable.

Cette décision atténue d'emblée la portée de ce métrage. En effet, il est stupide de laisser de côté l'identité locale, à l'heure où le cinéma scandinave se porte bien en matière de cinéma de genre (Dead Snow, Morse, Cold Prey), en tentant d'américaniser à outrance un produit qui n'en avait nullement besoin.

Dès lors, difficile en plus de trouver crédible ou intéressante l'idée de départ. Deux cheerleaders (deux blondes typées un peu âgées pour jouer les pom-pom girls, équipées de grandes chaussettes, sans doute pour braver le temps suédois, sic), aidées par les deux playboys de service, devront faire face à une famille de péquenots dans la pure tradition du genre made in USA.
Si vous ne souriez pas devant ce démarrage assez lent, vous pourrez ensuite vous laisser (enfin) immerger dans un survival pur et dur, allant crescendo une fois son rythme de croisière déniché.

Les inspirations du trio de réalisateurs sont au moins claires. De Massacre à la Tronçonneuse à Détour Mortel, en passant par La Colline a des Yeux, les abrutis congénitaux sont à nouveau mis à l'honneur ici. Est-ce pour leurs visages d'anges, leur érudition ou leur sens de l'humour ? Quoi qu'il en soit, les parents pauvres de Leatherface ont la vie dure et continuent d'infester régulièrement l'univers horrifique.

Désormais, le seul moyen de se démarquer d'un autre survival réside principalement dans la dureté et l'originalité des meurtres et autres tortures.
Le scénario de Madness, qui pourrait tenir sur un post-it, est plutôt banal. On se demande par exemple pourquoi un seul des passagers ose sauter d'une voiture roulant à 30 km/h, et pourquoi les assaillants préfèrent regarder un film à la télévision plutôt que de s'occuper immédiatement de leurs victimes, qui peuvent ainsi préparer leur fuite ? Inutile également d'espérer un semblant d'éclaircissement sur les raisons pour lesquelles cette famille se retrouve dans un tel état physique et mental !

Entre toutes ces incohérences, mieux vaut se focaliser sur les scènes gores, le seul point souvent travaillé, il est malheureusement vrai, dans ce genre de série B.
Sur ce plan, Madness ne fait pas dans la dentelle. Débutant par une césarienne des plus glauques, le film propose ensuite un viol masculin. Sans toutefois être visuellement très sanglant, ce long-métrage a le mérite de retrouver l'esprit du cinéma scandinave, souvent direct et brutal, intense par sa sauvagerie quasi animale, qui trouve son aura dans des paysages boisés monolithiques.

Ce souffle épique s'amplifie au fil du métrage pour aboutir à un épilogue assez fort, car dénué de toute trace de l'avilissant modèle américain. Le héros, en décidant de se confronter au Mal sans fuir, fait d'un chalet délabré un lieu d'affrontement idéal face au tandem survivant.
Cet endroit sordide et décharné, maigre abri isolé contre les éléments déchaînés, est une allégorie convaincante, et contribue à apporter une dimension digne de ce nom, ainsi qu'un semblant d'originalité, à ce film. Cette lutte âpre autant qu'indécise, avec pour seule finalité la mort de son adversaire, ne pouvait constituer meilleur retour à l'aspect primitif de l'Homme.

Dommage que le happy end soit si prévisible, et que la scène figurant après le générique de fin augure un sens commercial vraiment (trop) marqué chez le trio d'auteurs de ce survival honnête, mais peu transcendant, sauvé par un épilogue efficace.

A propos de l'auteur : GORE MANIAC
Portrait de GORE MANIAC

J'essaie de partager ma passion pour un cinéma méconnu, mais qui mérite incontestablement qu'on s'y arrête !

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