Meurtres
Le premier contact avec Meurtres est des plus agréable. En effet, la superbe jaquette peinte n'est pas sans rappeler les grands classiques d'antan et n'hésite pas à proclamer fièrement "L'un des meilleurs slashers de ces dernières années". Honnêtement, après les tonnes de slashers tous plus banals les uns que les autres qui ont fleuri durant la vague de Néo-slashers consécutive au succès de Scream, on a bien envie d'y croire à ce slogan un brin pompeux certes, mais tellement encourageant.
Pourtant combien de fois n'avons-nous pas été grugés par des phrases-chocs sur les jaquettes des VHS et des DVD? "Le film le plus terrifiant du siècle", "Interdit dans plein de pays" ou encore "Tellement choquant que ma grand-mère a craché son dentier", les slogans se sont depuis toujours multipliés pour appâter le spectateur potentiel. Malgré tout, dans le cas de Meurtres, il fonctionne parfaitement car il est couplé à cette très belle couverture qui ne peut laisser indifférent l'amateur de charcutage en bonne et dûe forme. Mais assez digressé, il est temps de voir ce que la bête a dans le ventre...
Ils sont jeunes. Ils sont couillons. Ils sont bientôt morts...
Big Stevie a un sérieux problème : il ne ressent de plaisir que dans le meurtre. Il vit à l’écart du monde, dans une région isolée, et voit chaque touriste égaré comme l’une de ses futures victimes. Aussi, l’arrivée d’un groupe de jeunes gens venus passer quelques jours en pleine nature est pour Big Stevie une excellente surprise, la promesse de quelques moments «très agréables». Lorsqu’ils débarquent dans ce trou perdu, Aggie et ses amis sont évidemment loin de se douter de ce qui les attend. Très vite, le massacre commence et bientôt, Aggie se retrouve seule face au pervers. Le problème de Big Stevie va rapidement devenir son problème…
Faut pas faire chier Big Stevie...
Le début ne déçoit pas puisque nous avons affaire à un slasher old school classique. Tellement classique qu'on en viendrait presque à se demander pourquoi les scénaristes des autres slashers se cassent la tête pour pondre des scripts originaux. Jugez plutôt: une bande de jeunes fêtards, un lieu isolé (ici un chalet) et un tueur sans mobile, monolithique au possible, qui déssoude joyeusement tout ce petit monde. Malgré ça, Meurtres fonctionne à la perfection grâce à une réalisation de haute volée.
Toute en souplesse et en plan-séquences, la caméra de Drew Barnhardt s'avère extrêmement prenante et multiplie les cadrages qu'il faut au moment où il faut. Tout simplement du grand art. Big Stevie n'apparaît pas quand on s'y attend et vice-versa. Les mises à mort sont également simples et efficaces, agrémentées de quelques effets sanglants du plus bel effet.
Les acteurs sont corrects, voire mêmes plutôt bons dans des rôles qui sentent bons le naturels avec tout de même une mention spéciale pour l'acteur incarnant Big Stevie, charismatique à souhait. Bref du tout bon même si l'ensemble reste affreusement convenu.
Et un plan nichons! Un!
Dans ce cas, qu'est-ce qui permet donc à Meurtres de sortir de la masse des slashers sans envergure? Tout simplement une fin surprenante et originale. Sans trop en révéler pour ne pas gâcher le suspense, sachez que le film qui jusqu'à l'heure n'est qu'un slasher basique se permet dans son dernier quart d'entièremement renverser le point de vue narratif, de manière à offrir au spectateur un revirement totalement inattendu. En effet, alors que l'on suivait jusque là les mésaventures de l'héroïne, le réalisateur prend subitement le parti de nous faire suivre les agissements du tueur et ce faisant, fait prendre à son film une toute autre dimension, bien malsaine et dérangeante. Mais chut, il ne faudrait pas que la surprise soit gâchée...
Bref, si Meurtres est un bon slasher il le doit en grande partie à cette fin étonnante mais aussi à une réalisation de qualité qui a le mérite de ne jamais ennuyer le spectateur malgré l'affligeante banalité de la première partie. "L'un des meilleurs slashers de ces dernières années"? Peut-être bien après tout quand on le compare à bon nombre de productions récentes...
Un peu de torture de bon aloi ne fait pas de mal...au spectateur en tout cas
Un film de Drew Barnhardt
Avec : Nigel Lambert, Christine Haeberman, Kelly Devoto, Mary LeGault