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Mortal Kombat

Après maintes péripéties de production, ce reboot de Mortal Kombat se solde par des considérations ambivalentes. Si la violence des affrontements et l’aspect réaliste de la mise en scène offrent une approche intéressante à appréhender, la seconde partie s’empêtre dans un ton beaucoup trop stéréotypé pour convaincre. À travers une histoire qui fait office de préambule au tournoi, il en ressort une appréciation partagée entre un traitement initial pertinent et une évolution qui se perd dans un fan service insipide et mal intégré.
Publié le 9 Mai 2021 par Dante_1984Voir la fiche de Mortal Kombat
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Les années 1990 auront marqué l’émergence des adaptations cinématographiques de jeux vidéo. Les premiers résultats en la matière laissaient pour le moins… « circonspect », comme Super Mario Bros, Double Dragon ou Street Fighter. Éternel rival de ce dernier, Mortal Kombat a également profité de cet engouement avec un premier métrage distrayant et honnête, mais somme toute conventionnel dans ses intentions et ses ambitions. Après un second film catastrophique et une série anecdotique, la franchise semblait vouée aux affres du bis, voire du Z. C’était sans compter l’inattendue et étonnante surprise de Mortal Kombat Legacy aux débuts des années 2010, résultat d’une tentative avortée pour le grand écran.

 

Comme de nombreux projets cinématographiques liés au domaine vidéoludique, la genèse de ce Mortal Kombat n’a guère été de tout repos. Avancée tout d’abord comme le troisième opus de la trilogie initiée par Paul W.S. Anderson, l’idée est passée par de multiples remaniements scénaristiques, des repérages sans suite, puis le concept « Rebirth » qui finira par donner deux saisons de la websérie Mortal Kombat Legacy. Comme cette dernière itération, cette nouvelle mouture souhaite davantage s’ancrer dans un contexte réaliste. On songe à cette formidable scène d’introduction qui voit s’opposer Bi-Han et Hanzo.

Au sortir de ce vibrant hommage aux films de ninjas et, dans une moindre mesure, au chanbara, l’intrigue se poursuit dans une dynamique plutôt convaincante et immersive. La mise en place des personnages demeure bien amenée. On distingue progressivement les contours de l’Outremonde, ainsi que son influence et son existence à travers les combattants censés s’affronter pour sceller le sort de l’humanité. À ce titre, la connivence entre Jax et Sonya est respectée et donne même lieu à une mise en contexte où leurs investigations se parent du mystère inhérent aux opérations des services secrets.

 

En cela, cette première partie fournit un modèle narratif réellement enthousiasmant pour ce type de métrage. Certes, le récit reste basique, mais il a le mérite de s’affranchir des prétextes binaires des jeux de baston, retranscrits dans les précédentes adaptations. De même, on apprécie fortement l’antagonisme qui oppose Sub-Zero et Scorpion. Vraisemblablement, le duel et le duo de personnages qui retiennent l’attention. Le charisme d’Hiroyuki Sanada offre un visage bien plus complexe à Scorpion qu’il n’avait été dépeint jusqu’alors. Cela vaut aussi pour l’implacable Joe Taslim, d’une cruauté et d’une détermination sans borne.

On peut également évoquer Kano, personnage à l’antipathie évidente, mais qui se révèle moins manichéen qu’escompté. En comparaison, il est vrai que Cole Young, Liu Kang ou même Raiden demeurent en retrait alors qu’ils sont censés être des intervenants centraux dans l’univers de Mortal Kombat. Pour autant, ce bon a priori s’étiole à mi-parcours. La faute à une orientation qui prône un fan service suranné et contradictoire par rapport aux intentions initiales de la production. Si les dialogues ne brillent guère par leur profondeur, les entrecouper de présentations dignes de clips vidéo ou de trailers s’avère pour le moins dispensable.

 

Cela sans compter des intermèdes du genre « Fatality » ou « Flawless Victory ! » qui font figure d’onomatopées passablement ridicules au terme des combats. Ceux-ci profitent, en revanche, de chorégraphies percutantes où la violence des affrontements des jeux vidéo est de la partie. Les gerbes d’hémoglobine, les mises à mort et les incontournables fatalités permettent de retrouver l’atmosphère brutale et sans concession de la saga. En cela, l’effort mérite d’être salué pour fournir un spectacle mature et frontal où l’on a droit à de nombreuses réjouissances ; d’une énucléation à une cardiectomie, sans oublier une tête littéralement tranchée en deux.

Au final, Mortal Kombat est un film qui se partage entre des ambitions contradictoires. Aux premiers abords, le métrage de Simon McQuoid s’affranchit des travers inhérents à d’autres adaptations qui veulent absolument retranscrire tous les éléments de leur support vidéoludique. À ce titre, on apprécie une tonalité réaliste, soutenue par un premier degré qui sied à l’ambiance sombre de cet univers. De même, la violence exacerbée des combats est également présente. D’un autre côté, la qualité de cette approche s’atténue considérablement par des enjeux binaires, des échanges basiques et un récit qui s’affuble d’un fan service maladroit et superflu. Il en ressort un métrage en demi-teinte, prometteur par son entame et décevant dans sa résultante.

A propos de l'auteur : Dante_1984
Portrait de Dante_1984

J'ai découvert le site en 2008 et j'ai été immédiatement séduit par l'opportunité de participer à la vie d'un site qui a pour objectif de faire vivre le cinéma de genre. J'ai commencé par ajouter des fiches. Puis, j'ai souhaité faire partager mes dernières découvertes en laissant des avis sur les films que je voyais.

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