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Mr. Brooks

Le tueur en série a encore beaucoup à offrir aux cinéphiles. Idem pour Kevin Costner, qui hérite ici de son meilleur rôle en troublant tueur en série, dans une série B bien agencée.
Publié le 1 Octobre 2009 par GORE MANIACVoir la fiche de Mr. Brooks
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Tueur en série

Homme d'affaires reconnu, mari et père de famille apprécié, Earl Brooks cache en fait un sombre passé. Un soir, il sort et tue un couple, renouant avec ses démons.

Peu évoqués au cinéma par le passé (même si Norman Bates avait jeté les bases de cet être moderne monstrueux dans la sage culte des Psychose (1960), avant que Thomas Hewitt, alias Leatherface, lui offre un visage moins humain que celui d'Anthony Perkins, dès 1974, dans le fameux Massacre à la Tronçonneuse), les tueurs en série se révèlent véritablement sur le grand écran à partir des années 90. Hannibal Lecter (sous les traits d'Anthony Hopkins) et le serial killer de Se7en fascinèrent autant qu'ils terrifièrent toute une génération de spectateurs, puis abondèrent dans bon nombre de films plus ou moins réussis selon la qualité du scénario et du metteur en scène. Les années 2000 virent le phénomène se tasser, le public peinant à trouver un intérêt pour des intrigues souvent répétitives et poussives, à mesure que les pires atrocités meurtrières étaient légion dans les salles obscures.

 

L'attrait du tueur en série est pourtant multiple, car il s'agit en général de personnes intelligentes et assez sociables en général, tranchant radicalement avec leurs sanguinaires méfaits, et qui peuvent être humanisés au cinéma, selon le talent du comédien et du cinéaste qui le mettent en avant. Au départ un peu laissé au second plan (exception faite de Bates et de Lecter, qui laissent peu de places aux seconds rôles), aux dépends du policier chargé de l'enquête (le héros hollywoodien par excellence), le tueur en série a tendance désormais à avoir le "beau" rôle, le cinéma tentant de décrypter les raisons de la folie meurtrière de ces êtres doubles, à la fois écoeurants et quelque peu fascinants.

Mr. Brooks nous propose de nous immerger dans le quotidien d'un tueur en série qui mène une double vie d'une rare ambiguïté. Mari affectueux et tendre, père attentionné, hommes d'affaires remarquable, Brooks est aussi un être malade, cachant une dépendance au meurtre, présenté ici presque comme une forme d'addiction. L'intérêt majeur de ce métrage est d'avoir offert à l'un des comédiens les plus lisses du paysage hollywoodien, Kevin Costner, un personnage trouble et malfaisant, héros malgré lui d'un suspense de bonne facture. Comédien à l'aise dans les rôles de gentils, ayant eu son heure de gloire dans les années 90, avant de sombrer avec Waterworld, Costner se devait un jour de changer de registre, histoire de démontrer enfin d'autres qualités d'interprétation (non, Costner n'est pas que le Bodyguard de Whitney Houston ou le sauveur Robin des Bois, Prince des Voleurs), et déboussoler son public. Pour interpréter ce rôle, il ira jusqu'à produire ce film, s'offrant le meilleur rôle de sa carrière, en tout cas le plus achevé, et le plus en rapport avec sa situation actuelle. Car Costner est un acteur en fin de vie (il sortira bientôt un CD de country, d'ailleurs). A l'image de son personnage, il est à bout de souffle.

 

Contrairement aux autres tueurs en série, Brooks exécute plus par obligation que par plaisir. Certains sont accros à la drogue, au sexe ou à l'alcool, lui est dépendant au meurtre. On suivra avec un intérêt croissant les virées nocturnes de Brooks et de son alter ego invisible, campé avec maestria par un William Hurt lui aussi enfin récompensé par un rôle digne de ce nom. Cet être double et malade s'avère être au moins aussi sympathique que la policière à ses trousses (une Demi Moore plus convaincante que jamais), et l'épilogue s'avère être plus rassurant qu'un stupide happy end traditionnel. Sorte de Jekyll des temps modernes, habitué à cohabiter avec son Hyde, il est davantage troublé par le patrimoine génétique dont a hérité sa fille (elle aussi meurtrière) que par ses crimes, réglés avec un soin d'horloger.

Le cinéaste, coupable de quelques lenteurs (surtout en début de métrage), se montre aussi quelque peu maladroit en alignant au final deux séquences gore qui n'étaient pas nécessaires, car ne cadrant pas avec le reste du film, plus esthétique. Mais on prend plaisir à voir Mister Brooks décapiter ce voyeur stupide, autant qu'on prend plaisir à voir un acteur comme Costner briser son image de charmeur héroïque dans cette série B offrant un visage plus humain au tueur au série, issue de secours digne de ce nom pour le serial killer s'il veut encore avoir de belles années devant dans les salles obscures.

A propos de l'auteur : GORE MANIAC
Portrait de GORE MANIAC

J'essaie de partager ma passion pour un cinéma méconnu, mais qui mérite incontestablement qu'on s'y arrête !

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