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Nick Cutter et les Portes du temps

Malgré son apparente simplicité, Primeval se révèle une série distrayante, bien fichue et particulièrement soignée en ce qui concerne le bestiaire. Pas exceptionnel dans la construction narrative, mais agréable à suivre.
Publié le 6 Juin 2014 par Dante_1984Voir la fiche de Nick Cutter et les Portes du temps
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Voyage dans le Temps Dinosaure

Les dinosaures pour le cinéma (ou la télévision) sont une manne providentielle pour les paléontologues en herbe. A tort, l'on incombe généralement ce centre d'intérêt aux enfants ou jeunes adolescents qui s'étiole au fil des ans. La propension de dessins animés qui les mettent en scène semble confirmer ce malheureux préjugé (Denver, Le petit dinosaure ou Dinosaures...). Au regard d'un public plus âgé, il faut se rabattre sur des valeurs sûres comme Jurassic Park ou la longue lignée des adaptations du monde perdu. Plus récemment, l'on a eu droit à Dinotopia (Marco Brambilla), axé sur une audience plus large, mais toujours familiale ou le lénifiant et dispensable Terra Nova. Entre ces deux exemples, une autre série s'est démarquée : Nick Cutter & les portes du temps.


L'aventure s'annonce dépaysante.

Au lieu de ressusciter ces bons vieux reptiles, créer un univers imaginaire où ils auraient évolué main dans la main avec la race humaine ou en faisant des rescapés bêtes et méchants, l'intrigue choisit le voyage dans le temps, plus précisément les failles temporelles. Ainsi, le présent est envahi à intervalles réguliers. Il incombe à Nick Cutter et son équipe de résorber la menace, si possible sans tuer les animaux échappés de la préhistoire. Malgré une certaine redondance au fil de la progression (une anomalie, un dino et une traque pour le renvoyer chez lui), le concept dispose d'un réel potentiel pour de nombreux épisodes.

Pour cela, les scénaristes jouent la carte de la variété. Au lieu de se cantonner aux simples dinosaures, on nous offre une faune éclectique. Ainsi, l'on verra successivement un gorgonopsien, un scutosaure, une araignée géante, un arthropleura (sorte de mille-pattes titanesque), un mosasaure, un ptéranodon et même un dodo pour n'en citer que quelques-uns. C'est dire la diversité des créatures ! À cela, l'exploitation de l'environnement est mise à contribution pour varier les plaisirs. Étant donné que ces animaux préhistoriques évoluent dans des lieux aux antipodes (terre, mer, air), l'on a droit à une exploration toujours bien fichue. L'exemple le plus parlant étant avec le mosasaure qui passe d'une piscine à un lac (les failles temporelles jouant le rôle de téléporteur).


Gentil Rex, pas bouger, pas voler.

Les effets spéciaux ne sont pas en reste. Contrairement à bon nombre de nanars, les images de synthèse disposent d'un rendu soigné tout en s'adaptant à chaque morphologie. En dépit de quelques faiblesses au niveau de l'animation (gestuelle un peu raide), les trucages vieillissent plutôt bien. L'incrustation est bonne et les acteurs donnent le change pour parfaire l'illusion. La réalisation, elle, joue sur les contraintes du cadrage en lieu clos (chambre d'enfants, cave, manoir...) de fort belle manière. En ce qui concerne les plans extérieurs, là encore, on reste dans une approche très propre et académique qui n'enlève rien à l'aventure (tournage sur les îles Canaries pour les périodes préhistoriques).

Compte tenu des moyens engrangés, on comprend que les coûts de production soient importants. Sans doute est-ce là, la principale raison du peu d'épisodes mis à disposition (seulement six pour la première saison). Il en résulte un traitement qui survole certains pans du scénario comme un essaim d'Anurognathus plane au-dessus de leurs proies. Autrement dit, le fil rouge ne trouve pas vraiment de révélations, à tout le moins d'un début d'explications. Les différentes mini-intrigues peuvent se suivre indépendamment sans nuire à la compréhension, ce qui est à la fois un point fort et une faiblesse. La progression narrative se montre un peu trop simpliste, malgré l'intérêt que présente le récit.


Vous avez appelé une femme de ménage ?

À cela, les relations entre les protagonistes manquent de profondeur. On ressasse des poncifs assez faciles comme les idylles naissantes, les conflits personnels qui prennent le pas sur le travail. On a parfois du mal à se resituer, car, entre-temps, chaque épisode peut recéler des semaines, voire des mois d'inaction (cf la latence entre l'épisode 4 et 5 de la saison 1). L'impression d'avoir raté un élément important revient régulièrement. Toutefois, il est bon de noter que Primeval n'a rien à voir avec un bête survival animalier. En dépit de sa linéarité, le scénario dispose tout de même d'un soin particulier pour immerger et intéresser le spectateur.

La série visant un large public, la violence y est très édulcorée. Les attaques sont rapidement menées, quand elles ne sont pas tout simplement coupées au montage. Tout juste observera-t-on le mosasaure gober son hors-d'½uvre. Le type écorché sur le terrain de golf, les ravages du parasite ou le venin du mille-pattes géant sont suggérés, mais jamais exposés. En somme, rien qui ne froisse les esprits les plus sensibles. Un parti pris compréhensible étant donné la popularité de la série, mais qui en rebutera plus d'un. Pour vous faire une idée, Jurassic park est plus violent et démonstratif (alors qu'il est parvenu à réunir les foules).

Les protagonistes sont, quant à eux, assez conventionnels. Certes, l'on s'attache facilement à l'un ou l'autre, mais la caractérisation manque de relief. La faute au peu d'épisodes mis à disposition pour détailler avec application chaque individu. On a droit au héros un rien torturé et sans peur, au fidèle assistant, au rigolo de service, la spécialiste des reptiles rebelle (qui aime se balader en petite culotte) ou au supérieur hiérarchique antipathique et pénible de surcroît. Le travail reste néanmoins acceptable, non dénué d'humour et permet des joutes assez savoureuses dans l'ensemble. En revanche, l'unité d'élite chargée de contenir la menace par la force ne fait que du remplissage.


On s'y perdrait dans les fils du temps...

En dépit de sa linéarité, Nick Cutter & les portes du temps se révèle plaisant à suivre. Non exempt de défauts (personnages plats, quelques redondances...), il demeure tout de même une série bien fichue, dotée d'une réalisation propre, d'images de synthèse réussies et d'interprètes dans le ton. Grâce à un bestiaire varié (qui nous fait oublier les habituels T-Rex, tricératops et consorts), on passera outre une narration assez simpliste pour tenter l'aventure. L'effort de la diversité est bel et bien présent pour maintenir l'attention du spectateur. Aussi, on lui pardonnera ses quelques errances. Sans prise de tête, Primeval se montre divertissant et soigné à plus d'un titre. Au vu du manque de concurrence dans ce domaine, il serait dommage de la laisser de côté.

Saison 2 : Un premier retour pour Nick Cutter sans surprise. Les ingrédients qui ont fait le succès de la première saison répondent à l'appel. À savoir, des effets spéciaux de bon aloi pour une production télévisée, des animaux variés et bien trouvés dans les tréfonds de la préhistoire, ainsi que des épisodes rythmés qui calquent toutefois leur trame narrative sur un plan unique. Exception faite de quelques comportements étranges et peu crédibles de la part des protagonistes (leurs actes tendent parfois vers un héroïsme mal placé et hors contexte), les amateurs de la série retrouveront toutefois aisément leurs marques. Le renouvellement se verra surtout au niveau d'un retournement scénaristique au tout début qui impose une organisation nouvelle de l'équipe de Nick. Une affaire à suivre... (7/10)


Les retards dans les transports en commun, ça fout en rogne.

Saison 3 : On continue le changement du casting de la plus incompréhensible et détestable manière en supprimant des personnages clés (pour ne pas dire un en particulier). Malgré la volonté de remanier le bestiaire en y incorporant des bestioles du futur ou des légendes populaires, la magie peine à prendre. Les dinosaures sont mis un peu de côté, mais la construction des épisodes demeure identique aux premières heures de la série. De fait, l'on sent un certain essoufflement et une redondance au fil de la saison. Même les effets spéciaux (toujours corrects) semblent stagner. Sympathique, mais qui se renouvelle dans le mauvais sens du terme au grand dam des véritables écueils de l'histoire. (6/10)

Saison 4 : Après une troisième saison en demi-teinte, Primeval (inutile de continuer à appeler cette série Nick Cutter) nous revient avec la refonte quasi totale du casting. Du début, il ne reste que trois protagonistes. Encore une fois et tout problème de production mis à part, ce genre de décision enlève une grande part d'identification et de l'âme du projet initial. On a du mal à s'immerger et, malgré des effets spéciaux qui consentent à s'améliorer, les nouveaux venus font pâle figure. À cela, les épisodes continuent de se construire sur un même schéma narratif qui atteint ses limites. Ajoutons que les couloirs et les rues manquent cruellement de vie et d'animation (quasiment aucun véhicule en circulations ou de badauds). Cela commence à devenir répétitif et vide de sens... (5/10)


Bienvenue dans un nouvel âge de glace.

Saison 5 : Cette cinquième année marque la conclusion de Primeval. Après une quatrième saison en demi-teinte et des déboires de production, il fallait rectifier le tir et enfoncer le clou pour ne pas frustrer les spectateurs sur un final spéculatif et/ou improbable. Force est de constater que des efforts ont été apportés pour varier les plaisirs. On a droit à une petite incursion au XIXe siècle, à un huis clos éprouvant dans un sous-marin ou encore une course contre la montre haletante pour les deux derniers épisodes. L'accent est mis sur l'action et la tension pour renouer avec une qualité similaire aux premières heures de la série. Malgré une porte ouverte pas vraiment nécessaire, Primeval s'offre une conclusion digne de ce nom et nous fait oublier ses quelques écueils pour rester sur un sentiment d'ensemble plaisant. (7/10)

A propos de l'auteur : Dante_1984
Portrait de Dante_1984

J'ai découvert le site en 2008 et j'ai été immédiatement séduit par l'opportunité de participer à la vie d'un site qui a pour objectif de faire vivre le cinéma de genre. J'ai commencé par ajouter des fiches. Puis, j'ai souhaité faire partager mes dernières découvertes en laissant des avis sur les films que je voyais.

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