Voir la fiche complète du film : Opération destruction (Christian Sesma - 2016)
[[

Opération destruction

Un film catastrophe pénible et laborieux qui privilégie l’humour déplorable de protagonistes sans intérêt au divertissement basique auquel il aurait pu prétendre. Plus qu’un film fauché, une véritable gageure cinématographique, même pour les amateurs rompus à l’exercice.
Publié le 28 Octobre 2018 par Dante_1984Voir la fiche de Opération destruction
2

Tout comme le survival animalier est inépuisable en idées absurdes pour mettre en exergue les requins, le film catastrophe est intarissable pour exploiter à outrance l’apocalypse. Après les astéroïdes, le réchauffement climatique et la folie autour du 21 décembre 2012, les trublions du genre détournent les codes au profit d’une approche délirante du mythe de la boîte de Pandore. D’emblée, on devine que cette vision saugrenue et fauchée sera une pénible occurrence cinématographique. S’il ne s’agit nullement d’une production Asylum ou SyFy, Doomsday Device dégage le parfum méphitique d’une bobine bon marché à l’opportunisme clairement affiché.

L'apocalypse sera psychédélique ou elle ne sera pas

Parce que les légendes ont toujours un fond de vérité, le scénariste et réalisateur a jugé bon de trouver un récit à dormir debout pour attester de sa vaine initiative. On plonge dans le Japon féodal où l’histoire de l’illustre Oda Nobunaga est détournée de la plus insidieuse des manières. Non satisfait de massacrer une telle figure historique, l’intrigue enchaîne sur un contexte contemporain qui se rapproche de l’urban fantasy au rabais. Les aspects fantasmagoriques étayent alors une mythologie bancale autour d’une présence immortelle acoquinée avec des mafieux, sans oublier un milliardaire mégalomaniaque en mal de pouvoir et de reconnaissance.

Très vite, la relique sacrée est considérée comme la boîte à surprises où les catastrophes naturelles mitraillent à tout-va les villes ciblées. D’incohérences en stupidités mal placées, on assiste à une déferlante d’effets spéciaux aussi ridicules qu’improbables. La destruction des immeubles, les éclairs tombés du ciel ou les formidables fonds verts, annonciateurs d’une confrontation «mémorable», sont autant d’éléments qui enfoncent le film dans les affres de la nullité de bas étage. Si l’ensemble est réalisé par-dessus la jambe, l’enrobage spectaculaire initial déplore un manque de moyens flagrant et encore plus d’ambitions. Quant à parler d’imagination ou d’une quelconque originalité...

Le selfie de la fin du monde !

Si l’intrigue multiplie les péripéties sans vraiment s’intéresser à la cohérence ou à la fluidité de la progression, il n’en demeure pas moins que l’on s’ennuie ferme. Est-ce dû à l’interprétation d’un casting perdu dans leurs considérations personnelles? À moins qu’il ne s’agisse de cet humour à l’emporte-pièce qui suinte de chaque réplique? À ce titre, l’atmosphère comique qui émane des séquences, comme des dialogues, est en total contraste avec un sujet foncièrement sombre, à tout le moins pessimiste. Ici, c’est dans une ambiance bon enfant que s’évertuent des enquêteurs incompétents et une partenaire inattendue.

Soit dit en passant, il serait judicieux d’expliquer au cinéaste qu’un ronin est un samouraï sans maître. Spécificité que la personne concernée ne possède pas. Enfin, au point où le niveau de débâcle est tel, on ne peut exiger un soin sur les détails alors que les principaux éléments de l’histoire sont déjà à la rue. Fusillades et règlements de compte se déroulent sans que quiconque soit touché, tandis que les investigations de base sont d’une rare bêtise. On use de subterfuges et de prétextes douteux pour faire avancer un récit inintéressant au possible. Quant au parallèle avec la boîte de Pandore, on n’en restera qu’au stade des allusions en sollicitant la culture du spectateur.

Boîte de Pandore Vs Force verte

Au final, Doomsday Device tient plus du navet que du film catastrophe. La comparaison n’est pas antinomique, mais elle se révèle particulièrement opportune pour dépeindre la qualité générale d’une telle production. Au-delà du simple ennui et de la connerie omnipotente que l’histoire génère, on s’inflige des trucages en carton du plus mauvais effet. Le tout servi par une brochette d’acteurs fatigués dont le sens de l’humour est aussi pénible qu’embarrassant. Eu égard à Corin Nemec, on est bien loin des facéties de Parker Lewis. De tout temps, la fin du monde a fasciné et effrayé. Vraisemblablement, Doomsday Device en profite sans vergogne, privilégiant le mauvais goût au bon sens. L’intérêt étant englouti par un trou noir de médiocrité.

A propos de l'auteur : Dante_1984
Portrait de Dante_1984

J'ai découvert le site en 2008 et j'ai été immédiatement séduit par l'opportunité de participer à la vie d'un site qui a pour objectif de faire vivre le cinéma de genre. J'ai commencé par ajouter des fiches. Puis, j'ai souhaité faire partager mes dernières découvertes en laissant des avis sur les films que je voyais.

Autres critiques

Evangelion: 1.0 You Are (Not) Alone
Série japonaise culte, Neon Genesis Evangelion est quasiment un passage obligé pour tous les fans de Mécha ou d'animation nippone. Il faut dire que la réalisation excellente ainsi qu'un scénario en béton (malgré une fin plutôt bâclée) avaient mis tout le monde d'accord et généré un enthousiasme rarement vu, entraînant dans son sillage une horde de fans. Bref, Evangelion avait été un...
Dark Hour, The
**Attention, cette critiques contient quelques spoilers.** Une poignée de survivants d'une guerre bactériologique considérable se terre dans des sous-terrains envahis par divers dangers. Le cinéma de genre ibérique se porte bien. Après quelques tentatives érotico-fantastiques assez fantaisistes durant les années 60-70 (cf les filmographies de Jesus Franco et de Jacinto Molina), le cinéma espagnol...
Scott Pilgrim
Scott Pilgrim est un jeune garçon de 22 ans qui vit dans la ville de Toronto au Canada avec son ami gay Wallace. Scott sort avec une lycéenne, Knives Chau et joue de la basse au sein du groupe Sex Bob-Omb composé de ses amis, la batteuse Kim et le "talent" Stephen. Tout semble aller bien dans le meilleur des mondes jusqu'à ce que Scott rencontre la troublante Ramona Flowers. Il tombe amoureux d'...
Bad Kids go to Hell
Le slasher est un genre qui fut répandu durant les années 2000, largement remis au goût du jour grâce au Scream de Wes Craven et décliné sous plusieurs emballages : Souviens-Toi l'été Dernier , Urban Legend , Cherry Falls ... Malgré des meurtres différents, des lieux différents, des mobiles différents, tous ces films semblaient semblables. Ce genre, qui plaisait fortement aux adolescents de l'...
Evil Angel : L'Ange de Satan
Attention, cette critique contient quelques spoilers. Entre un suicide, un accouchement et un meurtre, la soirée d'une équipe d'ambulanciers s'avère être délicate et troublante, d'autant plus qu'au même moment, une jeune femme sort du coma et tue deux médecins avant de s'enfuir de l'hôpital sans laisser de traces. Rarement exploité au cinéma, le mythe de Lilith est pourtant riche et la première...
Opération destruction
Réalisateur:
Durée:
2
Moyenne : 2 (1 vote)

Thématiques