Paranormal Activity : The Marked Ones
À l’instar de la franchise Saw, Paranormal activity semble avoir trouvé le filon juteux pour nous offrir (presque) tous les ans un épisode aux qualités déclinantes. Après un premier volet qui valait relativement le coup d’œil, la suite ne mérite clairement pas le succès commercial dont elle a bénéficié. En marge de la saga, l’on a eu droit à un spin off made in Japan des plus dispensables et, en ce début d’année 2014, une version mexicaine des fantômes et autres démons qui terrorisent de malheureux amateurs en herbe de la bobine facile et tremblotante. Peut-on espérer un sursaut d’orgueil ou cet opus ancre-t-il définitivement la saga dans les affres de la médiocrité ?
Ouais, mec. C’est mal barré.
À la barre, nous avons Christopher Landon, réalisateur d’un thriller peu remarquable (et remarqué), mais surtout le producteur du troisième et quatrième film. Dès lors, l’on se dit que l’entreprise n’est pas forcément entre de mauvaises mains, mais plutôt mal partie. Et ce ne sont pas les premières images qui contrediront cette triste considération. The marked ones contient à peu près tous les défauts à éviter dans un long-métrage et, plus particulièrement, dans un faux documentaire. Même en laissant le temps à l’intrigue d’avancer et de se développer progressivement vers un sentiment d’angoisse palpable, rien ne décollera jamais.
Le quotidien de deux potes, meilleurs amis du monde, est d’une affligeante banalité. Alors que l’un d’eux a acheté un nouveau joujou, la succession de séquences recèle autant d’ennuis que d’exaspérations. Entre les conneries de jeunesse, les petits moments voyeuristes ou, plus tard chez la voisine, sorcière défunte de son état, on a droit à pléthore de clichés dans des passages lénifiants et prévisibles. Une progression lente et lourde qui accroît davantage la frustration du spectateur que la peur inhérente aux phénomènes paranormaux. D’ailleurs, cette narration chaotique souffre d’un montage poussif et brouillon.
Ca craint, allons-y !
Comme cela n’était pas suffisant, la trame principale est truffée d’une multitude d’incohérences aussi incompréhensibles que pathétiques. Même si l’on n’a pas deux sous de jugeotes, on ne réitère pas la frousse de sa vie en sachant que l’on touche à un domaine qui dépasse notre entendement. Fouilles du domicile, explorations du sous-sol et autres bizarreries font que l’on n’insiste pas (même pour le bien du film). Il aurait fallu apporter un semblant de crédibilité au lieu de jouir des pseudo-pouvoirs octroyés par l’entité maléfique. Au moins, essayer de comprendre ou d’élucider un mystère. Mais non, on s’amuse avec détachement et insouciance sans se préoccuper des conséquences.
Les personnages sont, à l’image de leurs réactions et de leurs comportements, assez irritants. Nullement attachants, ils multiplient les tares ou les décisions plus débiles les unes que les autres. « Jouons à faire les cons en invoquant les démons de l’au-delà » « Partons s’envoyer en l’air dans une baraque où l’on a tué une vieille sorcière » C’en est tellement énervant qu’on aspire à ce que leurs bêtises soient payées au juste prix (sans oublier la monnaie de leur pièce, bien sûr). Pour ce qui est des jeunes acteurs, on reste dans l’amateurisme total. Interprétation minimaliste avec des expressions limitées qui n’évoquent pas l’effroi.
Regardez ! Je tiens le fil de l’histoire !
À ce titre, l’aspect épouvante ne fonctionne pas du tout. Outre l’utilisation de subterfuges éculés, les sursauts de circonstances ne procurent à aucun moment l’effroi ou ne surprennent en nous étreignant d’une terrible appréhension. Il est vrai que les effets spéciaux s’avèrent assez réussis dans l’ensemble (notamment en dernière partie). Toute proportion mesurée étant donné qu’il s’agit d’un faux documentaire, la qualité visuelle est assez plaisante sans pour autant rattraper l’absence d’atmosphère. Autrement dit, n’escomptez pas vous retrouver sous vos couvertures ou la chair de poule parcourant votre corps. Hormis deux séquences intéressantes, c’est le calme plat.
À l’instar de Tokyo Night, The marked ones est un spin off inutile. Il tente d’exploiter la fructueuse saga sans jamais renouveler ses ficelles de base, à tout le moins avec un minimum d’efficacité au niveau de l’ambiance. Ennuyeuse, pénible et prévisible, l’intrigue se targue de multiplier les incohérences et de plagier les épisodes "originaux"(comme ce fut également le cas avec Tokyo Night) sa conclusion en y apportant sa touche d’incongruité. Il s’agit donc d’un faux documentaire à la limite du risible tant l’entreprise est vide de sens. Une énième déclinaison médiocre qui joue sur l’éventualité de révélations, mais n’offre finalement qu’un piètre spectacle.