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Pirates de Langkasuka

A la croisée des genres, <b>Pirates de Langkasuka</b> se révèle un film dense et généreux. Un voyage dans le temps magnifié par des décors d’une rare beauté et des costumes tout aussi somptueux. Si les problèmes de narration s’avèrent plus que gênants, on parvient tout de même à en saisir les tenants et les aboutissants après un certain temps d’adaptation, ce qui ne sera pas forcément du goût de tout le monde...
Publié le 19 Janvier 2011 par Dante_1984Voir la fiche de Pirates de Langkasuka
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Pirate
Au royaume de Langkasuka, les pirates sévissent sur ses paisibles rivages. Les trois souveraines du royaume sont contraintes d'exiger les services d'un inventeur de renom afin de se défendre et d'endiguer cette menace provenant des quatre coins du royaume.

La Thaïlande est le foyer d'un cinéma émergeant des plus prometteurs. Outre les productions d'action dont la réputation n'est plus à faire (Ong bak, Boxers…), ce beau pays tend à exporter ces projets les plus porteurs vers l'Occident. Certes, on pourra invectiver certains films tel que Tiger blade ou Born to fight qui ne sont nullement révélateur d'une vision audacieuse de ce septième art atypique, mais il arrive que quelques-uns d'entre eux parviennent à se frayer un chemin jusque dans nos contrées. C'est donc avec le plus grand bonheur que l'on accueille Pirates de Langkasuka, fresque ambitieuse qui prend place au XVIe siècle.


Comme un poisson dans l'eau.

Entre réalité historique et légende, le récit se situe à la croisée des chemins. Il est encore plus ardu de démêler le vrai du faux si l'on n'est pas familier de l'histoire thaïlandaise. Toujours est-il que Pirates de Langkasuka ne manquera pas une comparaison en bonne et due forme avec une juteuse franchise que tout le monde connaît : Pirates des Caraïbes. Bien entendu, ce rapprochement ne vaut que pour la thématique abordée ; en l'occurrence la piraterie et son titre remanié (Queens of Langkasuka). Toutefois, il faut garder en tête que le budget alloué au film – et plus globalement celui des productions thaïlandaises – n'est aucunement comparable avec des films estampillés « Walt Disney » ou « Jerry Bruckeimer ». Ainsi, certains pourraient se sentir lésés face à des effets spéciaux perfectibles qui ne font qu'accentuer le contraste entre l'Orient et l'Occident.


Les paysages naturels, absolument magnifiques, s'avèrent un atout indéniable.

D'un autre côté, on peut saluer l'entreprise et l'audace de toute une équipe pour tenter de nous octroyer un spectacle convenable à défaut d'être irréprochable. Autrement dit, comment faire d'une production modeste (au regard de la concurrence américaine) un divertissement honorable et plaisant. Car avant tout, Pirates de Langkasuka est une fresque où décors et costumes sont mis en valeur par le biais d'un souci du détail exacerbé ; à la limite d'une approche monomaniaque. Le cadre éclectique est magnifié par des panoramas somptueux de paysages naturels à l'indicible beauté. On pardonnera aisément quelques plans larges (notamment la forteresse) en image de synthèse qui ternissent quelque peu cette impression générale. Jungle luxuriante, palais royal somptueux, village et cachette des pirates sont reconstitués avec une application et une précision qui laisse admiratif du travail accomplit. Petit bémol concernant une mer d'huile que rien ne semble perturber et ce, même lors de la période des moussons ; tout juste a t-on droit à quelques vaguelettes.


Un véritable oiseau de malheur.

Poursuivons le constat de cette reconstitution avec les costumes qui permettent à chaque protagoniste d'être identifié du premier coup d'œil. Ainsi on reconnaît aisément qui jouera un rôle prépondérant, mais surtout le rang social de chacun. Inutile de préciser que, sans ce moyen de reconnaissance, saisir qui est qui et le pourquoi du comment s'avérerait des plus compliqués. En effet, le scénario s'avère des plus confus aux premiers abords. Difficile de s'immerger d'emblée dans cet univers que l'on devine riche et complexe. Entre des légendes qui confèrent au récit un léger parfum de fantasy et des faits historiques qui reviennent vers une réalité davantage rationnelle, il faut reconnaître que l'on perd un peu pied. Un écueil qui en entraîne également un autre : la caractérisation des personnages. Très bancal et peu original, les protagonistes perdent en prestance de par des motivations convenues et incertaines. Rien de surprenant à ce que l'on ait du mal à s'immerger dans le film.


En dépit de plans larges, on ne peut s'empêcher de remarquer la grossièreté des images de synthèse.

Toujours est-il qu'une fois la mise en place des tenants de l'histoire effectuée et que l'on saisit ce qui résulte véritablement des affrontements entre les différents camps (ce qui n'est pas forcément évident), on parvient à se prendre au jeu. Le rythme trépidant des péripéties ne laissent aucun temps mort. Les combats possèdent des chorégraphies inventives et transforment parfois le champ de bataille en joutes aériennes du plus bel effet. Qu'il s'agisse de combats en environnements clos ou ouverts, les chorégraphes sont parvenus à tirer profit de n'importe quel cadre. De fait, les 114 minutes du film s'écoulent assez vite, même si l'on pourrait regretter quelques aspects superficielles – principalement les enjeux politiques de Langkasuka – que l'on incorpore dans l'intrigue sans les desservir comme il se doit. A contrario, des passages tels que le massacre du village se révèlent sous-développé, ce qui empêche le spectateur de saisir toute la tragédie infligée à Paree quand il découvre le tragique destin de ses amis et de sa femme.


Les costumes, aussi divers que variés, ont fait preuve d'un soin tout particulier.

Enfin, la magie employée par quelques érudits – le Du-lum - n'est pas sans rappeler un certain Star wars. En effet, cet aspect du film revêt tout un pan concernant la maîtrise de cet art ancestrale, seulement maîtrisés par les plus talentueux des guerriers. Ainsi, le Du-lum est facilement assimilable à La Force, une magie puissante qui possède également un côté obscur auquel il est très facile d'y succomber. Si l'idée demeure louable, il aurait fallu davantage l'approfondir afin de lui conférer une identité propre. Dans le cas présent, elle est trop facilement comparable à l'œuvre de George Lucas. Il en ressort un sentiment mitigé quant à ses réelles implications.


L'île au trésor ? Pas vraiment !

Comparé à juste titre ou non avec les grosses productions hollywoodiennes, le nouveau film de Nonzee Nimibutr est une fresque historique qui dispose d'une histoire dense et riche. Néanmoins, ce foisonnement d'idées n'est pas toujours bien exploité et l'on se retrouve parfois perdu dans un amoncellement d'évènements ou de personnages qui semblent nébuleux au premier coup d'œil. Le cinéaste s'amuse dans un mélange des genres inattendu, mais confirme l'impression de se trouver devant un univers que l'on sent à peine effleurer compte tenu d'une profusion thématique variée. En dépit de ses imperfections, on se trouve en présence d'un film thaïlandais distrayant où l'ennui n'a pas sa place.
A propos de l'auteur : Dante_1984
Portrait de Dante_1984

J'ai découvert le site en 2008 et j'ai été immédiatement séduit par l'opportunité de participer à la vie d'un site qui a pour objectif de faire vivre le cinéma de genre. J'ai commencé par ajouter des fiches. Puis, j'ai souhaité faire partager mes dernières découvertes en laissant des avis sur les films que je voyais.

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