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Planète Rouge

Un bon film de SF sous-estimé, mais que son scénario faiblard empêche de réellement décoller...
Publié le 8 Juin 2010 par GeoffreyVoir la fiche de Planète Rouge
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Robot

Faisons, si vous le voulez bien, un petit voyage dans le temps. Nous sommes en l’an 2000 et deux projets ayant pour thème la planète rouge sont tournés quasiment en même temps : Mission to Mars de Brian de Palma et le Planète Rouge d’Anthony Hoffman qui nous occupe aujourd’hui. Malheureusement pour ce dernier, il sortira huit mois jour pour jour après son concurrent. Résultat : comme souvent, celui qui vient en second passe inaperçu. Parfois c'est dommage, car il arrive que la production de l'un soit accélérée pour sortir avant l'autre, et cela se fait au détriment du produit final.

Toutefois, dans le cas de Planète Rouge il faut bien avouer que la qualité toute relative du scénario pondu par Chuck Pfarrer et Jonathan Lemkin n’a sans doute pas aidé à le sortir de l’anonymat dans lequel Mission to Mars l'avait plongé et que si le film s'est crashé au box-office, il ne le doit qu'à lui-même.


Mission vers Mars

En 2050, la Terre se meurt, victime de la déforestation, de la pollution et de la surpopulation. Seule solution : coloniser une autre planète. La NASA envoie sur place un vaisseau Mars One. Cette exploration sans difficulté apparente tourne rapidement au cauchemar lorsque le vaisseau est victime d’une tempête solaire et que les astronautes se retrouvent coincés sur la Planète Rouge...


Un Robot qui a de la gueule...

Anthony Hoffman, talentueux réalisateur de spots publicitaires et diplômé de l'American Film Institute (AFI) réalisait avec Planète rouge son premier long métrage. Et le moins que l’on puisse dire, c’est qu’il n’a pas eu de chance. Car sa réalisation est plus qu’honorable et offre même quelques très bons moments. La longue scène du crash sur Mars est ainsi très bien foutue, de même que certaines séquences d’action ou plusieurs plans panoramiques assez impressionnants. En outre, la reconstitution de la planète rouge est très crédible grâce à une belle photographie et des décors au poil.
Les passages dans l’espace sont également appréciables même si sur ce point, la comparaison avec le concurrent Mission to Mars ne tourne pas en faveur du film d’Hoffman. Toutefois dans l’ensemble, le jeune réalisateur s’en sort très bien car sa mise en images est l’un des gros points forts de Planète Rouge. Il parvient même à éviter le ridicule dans des scènes aussi improbables que le combat entre les astronautes et un robot « Transformers ».


Vous voyez que je ne mens pas...

Bref vous l’aurez compris, le véritable point faible de Planète Rouge, c’est son scénario. Un peu comme dans Mission to Mars, une fois que les hommes posent le pied sur le sol martien, l’histoire part en vrille. Mais là où le film de De Palma se perdait dans des considérations philosophiques, celui d’Hoffman fait le choix de l’action et du suspense. Ce n’est évidemment pas un tort en soi, sauf que d’opposer le groupe d’astronautes à un robot était tout sauf une bonne idée. Planète Rouge se transforme du coup en une sorte de Survival SF avec un Transformers en guise de tueur. En plus de ça, le fait qu’il y ait de l’air sur Mars (!) dégomme la crédibilité de l’ensemble et enlève tout le coté « survie dans un environnement hostile » qui aurait dû peser sur l’histoire. Du coup on se retrouve avec une aventure sans suspense et qui perd rapidement de son intérêt. Heureusement, le spectateur relèvera un sourcil lorsque les insectes explosifs feront leur apparition (une vraie bonne idée, même si expliqué comme cela ça peut paraître ridicule). Dommage que leurs origines soient laissées de coté dans un final légèrement expédié.


Mars, rien de tel pour une bonne balade en plein air...

Du coté des acteurs, il y a aussi des choses à dire. Si Carrie-Anne Moss est irréprochable (et charmante), tout comme les inusables Tom Sizemore et Terence Stamp, ce n’est pas le cas de Val Kilmer. Déjà, son affreuse teinture blonde a du mal à ne pas attirer le regard. Mais au-delà de ça, il faut bien constater que l’acteur était déjà sur la pente descendante à cette époque. Il venait de tourner L'île du Dr. Moreau, L'ombre et la Proie et Le Saint lorsqu’il s’engagea sur ce Planète Rouge. Toutefois, il n’était pas encore au plus bas et reste assez crédible dans son rôle. Malheureusement son personnage n’attire jamais la sympathie du spectateur, ce qui s’avère assez gênant puisqu’il incarne le héros pour lequel on devrait s’inquiéter.


- Je suis contente que tu sois en vie. Je t'aime...
- Mince, est-ce que j'ai éteint le frigo?

Malgré tout, pour peu que l’on ferme les yeux sur les énormités du scénario, Planète Rouge se laisse suivre agréablement grâce à sa réalisation de qualité ainsi qu’à ses effets spéciaux presque toujours impeccables. C’est étonnant et un peu dommage que ce long métrage reste le seul à l’actif d’Anthony Hoffman car ses défauts ne lui sont pas directement imputables. Le gaillard aurait mérité une seconde chance avec un film au scénario plus solide. Quand on voit que des gars comme Paul W.S. Anderson ou Uwe Boll (mon ami !) continuent de tourner à un rythme soutenu alors qu'ils accumulent les échecs, on se dit que le monde du cinéma est décidément bien injuste.

Enfin, vu le bide monumental de Planète Rouge au box-office (17,480,890$ de recettes pour un budget de 70,000,000$), ce n’est pas étonnant que le jeune réalisateur n’ait plus jamais fait parler de lui.

A propos de l'auteur : Geoffrey
Portrait de Geoffrey

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Planète Rouge
Réalisateur:
Durée:
106 min.
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