Salvation
On ne compte plus les films qui mettent en scène un astéroïde qui menace la vie sur la planète. En parallèle des incursions les plus connues (Deep Impact, Armageddon et consorts), le sujet a fait la joie de nombreux téléfilms et autres DTV bon marché. La teneur même de telles intrigues nécessite un traitement dynamique et tendu, prompt à jouer sur la fibre du spectaculaire qui vibre généralement de concert avec celle du patriotisme. Dépeindre une catastrophe naturelle de cet acabit sous forme de série télévisée est plus délicat à aborder, mais loin d’être improbable si tant est que l’on ait de la suite dans les idées.
En considérant ces difficultés, Salvation va quelque peu détourner les attentes de son public. En effet, cette production CBS ne se focalise pas sur la catastrophe naturelle en elle-même. Question de budget oblige, on n’assistera donc pas à un enchaînement de cataclysmes ou de faits imputables au rapprochement dudit astéroïde. Dès lors, la narration privilégie une montée graduelle du suspense par le biais des actions et des moyens déployés pour tenter d’endiguer la menace. Tout cela, sans alerter la population, bien entendu.
Ce choix permet de faire progresser l’intrigue à la manière d’un thriller, multipliant les rebondissements pour maintenir l’intérêt du public avec constance. Si cette approche s’avère judicieuse et particulièrement adaptée au format d’épisodes, la succession de péripéties est inégale. De façon récurrente, la progression tend à complexifier inutilement la trame pour la poursuivre, quitte à la rendre poussive à certains égards. S’il s’agit de contraintes techniques ou d’imprévus dus à l’astéroïde, l’ensemble demeure plausible. En revanche, ce qui a trait aux enjeux géopolitiques et aux relations entre les différents intervenants, l’a priori est moins flatteur.
De prime abord, le fait de confronter les nations ou un pays face à des organismes dissidents densifie le propos. Seulement, Salvation abuse du procédé et crée un véritable sac de nœuds où la moindre résolution entraîne des conséquences bien plus problématiques qu’escomptées. On s’enfonce dans une succession de jeux de faux-semblants, de manipulations et de non-dits qui affiche un premier élan enthousiasmant avant de s’essouffler à mi-parcours. Sur fond de complotisme, on assiste à pléthore de velléités en tout genre qui ne visent pas à affronter une menace commune, mais à satisfaire des ambitions personnelles hors de propos.
On en oublierait presque le danger qui plane au-dessus de nos têtes. À cela s’ajoute une caractérisation globalement soignée qui s’étiole face à des comportements qui perdent en crédibilité, sinon agaçants. Au fil des intrigues secondaires, les dilemmes moraux se heurtent à des amourettes qui tournent en rond ; entre rupture, réconciliation sur l’oreiller et scènes de jalousie. Sur ce point, le propos demeure basique au possible et ressasse des poncifs faciles et éculés. Là encore, ce qui est acceptable dans la mise en place de l’histoire l’est beaucoup moins lors de la conclusion d’une saison.
Au final, Salvation part d’une bonne idée pour fournir un résultat en demi-teinte. Le fait de vouloir retranscrire une catastrophe naturelle à l’échelle d’une série est appréciable. Le développement des personnages bénéficie de possibilités plus amples, tandis que les propos scientifiques et technologiques gagnent en profondeur sans pour autant paraître inintelligibles. Cependant, Salvation joue la carte du conventionnel avec une progression cyclique prévisible et des enjeux qui s’étiolent au fil de relations inconstantes et d’évènements perturbateurs en pagaille. Entre espionnage et thriller, il en ressort une série calibrée pour le grand public et ceux qui ne souhaitent pas trop explorer l’aspect « catastrophe » du sujet.
Saison 2 : 4/10
Un film de Stuart Gillard, Greg Beeman, Russell Lee Fine
Avec : Santiago Cabrera, Jennifer Finnigan, Charlie Rowe, Jacqueline Byers