Voir la fiche complète du film : Stranger Things (Matt Duffer, Ross Duffer, Shawn Levy - 2016)
[[

Stranger things

Une série culte en devenir qui se démarque par une ambiance eightie incroyable et sa qualité d’écriture pour nous emporter de mystères en découvertes. Plus qu’une surprise, une série indispensable qui s’adresse à un large public sans pour autant écarter les cinéphiles avertis.
Publié le 10 Novembre 2016 par Dante_1984Voir la fiche de Stranger Things
9

Les années 1980 auront été particulièrement prolifiques et inventives dans le domaine cinématographique. Quelques-unes des plus grandes figures horrifiques y ont vu le jour (Freddy, Jason...) tandis que des réalisateurs comme Spielberg avaient les coudées franches pour les projets qu’ils estimaient particulièrement intéressants. En ce sens, cette décennie reflète une certaine insouciance que le temps sera parvenu à idéaliser. Sans tomber dans des élans nostalgiques avec des phrases du genre «C’était mieux avant.», il faut reconnaître que la créativité alors à l’œuvre manque cruellement aux productions actuelles. C’est donc dans ce contexte que prend place Stranger Things, nouvelle série signée Netflix.

Le moins que l’on puisse dire, c’est que l’intrigue va non seulement évoluer au cours de l’année1983,mais exploitera toutes les ficelles d’un tel environnement pour extasier le cinéphile averti. Outre les nombreuses affiches et posters de films assez visibles, quelques spots publicitaires ou émissions de l’époque, c’est l’atmosphère même de Stranger Things qui concourt à absorber le spectateur dans son monde si particulier. La sobriété du générique sur fond de musique électro en est un exemple frappant. Au-delà de la multitude de références disséminées çà et là, les frères Duffer insufflent l’esprit des eighties au sein d’une intrigue qui mêle le fantastique, l’horreur, le drame, le policier ou encore la science-fiction.

S’il est très facile de se perdre dans ce mélange des genres (pour des raisons d’incompatibilité ou de manque d’ambitions), Stranger Things équilibre chacun de ses aspects au fil des épisodes pour tisser une trame aussi singulière qu’immersive. Loin d’être linéaire, il en ressort une sorte de complémentarité qui se succède avec fluidité ou s’incorpore les uns aux autres lors de passages clefs. Il en découle un schéma narratif varié qui distille les révélations au gré d’une évolution mesurée. De fausses pistes en retournement de situation inattendu, le scénario se veut d’une grande subtilité; autant dans les enjeux principaux que dans les histoires secondaires et la force de caractère des protagonistes.

Outre un casting soigné parfaitement dans le ton, la personnalité de chaque intervenant est ici travaillée dans les plus infimes détails. Un comportement, une phrase ou une mimique sont révélateurs de non-dits. Le physique marqué de certains acteurs va également en ce sens. L’approche n’est pas sans rappeler certains romanciers tels que Stephen King. D’ailleurs, certains éléments de la série évoquent certaines de ses œuvres pour leur discours ou l’atmosphère exposée. On songe principalement à Stand by me ou Ça. Toujours est-il que l’histoire s’appuie à la fois sur le mystère qui entoure la petite ville d’Hawkins et sur ses personnages qui le subissent ou sont contraints de l’affronter.

Quant à l’aspect fantastique ou surnaturel de l’intrigue, il est aussi explicite que psychologique. De manière imperceptible, on a l’impression que le récit nous emmène sur certaines pistes avant de se rendre compte qu’il n’en est rien. L’implication du gouvernement, de créatures monstrueuses, d’expériences scientifiques clandestines, sans oublier certaines influences, encourage certaines théories. De prime abord, on pourrait y voir une pirouette scénaristique facile, il en ressort plutôt une grande intelligence d’écriture pour amener le spectateur là où l’on souhaite l’emporter. De fait, on va de surprise en surprise dans ce qui se révèle un écheveau complexe et passionnant à démêler.

Au final, Stranger Things mérite amplement son excellente réputation. Si l’atmosphère des années1980 frappe en premier ressort (formidable reconstitution), on retiendra par la suite des portraits marquants qui évoluent au gré d’une intrigue des plus subtiles. Mélange des genres, volonté à brouiller les pistes et à offrir une vision différente du merveilleux dans un contexte bien précis... Nul doute que les frères Duffer sont parvenus à façonner un bijou de la télévision aussi mature qu’original. Il en ressort une singulière expérience qui ne peut laisser insensible, quand bien même le cadre temporel ne vous intéresse guère. Un résultat exemplaire qui se hisse au-delà des ambitions initiales. Le genre d’initiatives qu’on aimerait voir plus souvent sur le petit ou le grand écran...

Saison 2 : 8/10

Saison 3 : 7/10

A propos de l'auteur : Dante_1984
Portrait de Dante_1984

J'ai découvert le site en 2008 et j'ai été immédiatement séduit par l'opportunité de participer à la vie d'un site qui a pour objectif de faire vivre le cinéma de genre. J'ai commencé par ajouter des fiches. Puis, j'ai souhaité faire partager mes dernières découvertes en laissant des avis sur les films que je voyais.

Autres critiques

Killing Sharks
Comme un grand nombre de prédateurs, le requin fait partie des animaux que l'être humain craint le plus, au même titre que le crocodile, la pieuvre géante ou encore l'ours. Il est donc assez logique que des producteurs peu scrupuleux tentent de jouer sur la peur de ces animaux en faisant des films d'horreur. Et ils ne sont pas nombreux à tirer leur épingle du jeu. On pourra noter le...
Train
Le Torture-Porn c'est un peu comme le slasher : en général les scénarios sont bidons et uniquement prétextes à nous présenter un enchaînement de scènes-chocs. Quand c'est bien fait ça nous donne Hostel ou Saw 3 (ce dernier étant également le summum du scénario-prétexte au service de la violence graphique) mais pour ces rares réussites, combien d'erzatzs mal foutus avons-nous vus...
La Mort au bout du fil
Je dois bien vous l'avouer: je n'attendais pas grand chose de ce film. A ma décharge, il faut reconnaître que les thrillers médiocres, sans envergure et plus efficaces qu'une boîte de somnifères sont aussi nombreux que les points noirs sur le front d'un adolescent. Donc, en mettant Mort au Bout du Fil dans le lecteur, je m'attendais à passer 1h30 devant une histoire mille fois...
Skull
Si l'on ôtait les effets gores très réussis et le look ultra-classe du tueur, à mi-chemin entre Hitman et Skeletor , Laid to Rest premier du nom n'était finalement qu'un slasher très banal, en outre desservi par une réalisation parfois bancale. Il semblerait que Robert Hall en ait eu pleinement conscience puisqu'à l'occasion de cette suite, il a décidé de revoir sa copie et de...
Le Fantôme Vivant
Dans une sinistre demeure perdue au fin fond de la campagne anglaise, divers personnages se réunissent à l'occasion de la mort du propriétaire des lieux, l'étrange Henry Morlant. Le succès des premiers films d'épouvante des studios Universal aux Etats-Unis inspirent les producteurs européens qui, à leur tour, se projettent dans plusieurs projets du même genre. Le Fantôme Vivant , qui...

Thématiques