Sutures
Pour la petite histoire, sachez que je travaille au Ministère de la Santé Publique belge et qu'une partie de mon boulot consiste à donner un coup de main aux personnes s'occupant de la campagne Beldonor, à savoir la campagne nationale en faveur du don d'organes.
Quel rapport avec Sutures me direz-vous ? J'y viens, bougres d'impatients.
Apprenez donc que le sous-titre qui s'affiche fièrement sur la jaquette n'est autre que "don d'organes obligatoire". Forcément, une accroche pareille ne pouvait pas manquer de titiller ma curiosité.
Je n'invente rien.
Sutures nous narre donc l'histoire de Sienna, la seule rescapée d'un weekend entre amis (pas de spoiler, le film débute ainsi). Son groupe d'amis a eu la malchance de croiser le chemin d'Alexander Tatum, un chirurgien militaire, un chasseur, traquant ses victimes avec le plus grand soin. Il n'était toutefois que le début des ennuis puisqu'il n'était que l'exécutant d'un homme d'affaire sociopathe et de son équipe de médecins sans scrupules...
Mouais, pourquoi pas. Pour justifier le torture porn on nous avait déjà fait le coup du trafic d'organes dans Train, mais au moins ici l'explication donnée tient la route. Certes, c'est un détail, mais la frontière entre "bon film" et "moyen film" se joue sur de petites choses comme nous allons le voir par la suite.
Réalisé en 2009, Sutures nous arrive pratiquement 2 ans après son exploitation en DVD sur le sol américain. Aux commandes du bestiau, Tammi Sutton, responsable de Killjoy 2 pour la Full Moon. Pas de quoi grimper au rideau, vous en conviendrez.
En parlant de grimper au rideau, j'en connais un qui va prendre cher...
Après une mystérieuse séquence d'introduction, l'histoire commence réellement sur un lit d'hôpital où Sienna se remémore, pour les besoins d'une enquête de police, les préparatifs du voyage, puis les circonstances qui l'ont conduite à se retrouver l'unique survivante du massacre. Et là, première surprise, le film débute comme un slasher basique : une bande de jeunes, une maison isolée, un peu de sexe, un tueur monolithique, un mort.
Le gore promit par la jaquette n'était-il donc qu'un attrape-nigaud ? Que nenni, mes bons amis, car après une bonne demi-heure, Sutures a le bon gout de virer brutalement vers le torture porn et expédie sa bande d'insupportables crétins entre les murs moisis d'un hôpital désaffecté.
Au programme : arrachage à vif d'implants mammaires, mutilations en tous genres et autres inoculations de virus expérimentaux.
Attention, chérie, ça va couper !
Notons au passage la qualité des effets sanglants, sans doute réalisés de manière old school, c'est à dire en bannissant les affreuses gerbes de sang en CGI tellement à la mode (ceux qui ont vu Survival of the Dead comprendrons la raison de mon courroux à l'encontre de cette technologie).
Derrière la caméra, Mme Sutton assure correctement le boulot et n'omet pas d'en mettre plein la vue au spectateur en manque de viande fraiche dès que l'occasion se présente. Par contre, les scénaristes soufflent le chaud et le froid.
En vérité, l'histoire se tient plus ou moins jusqu'à un twist final foireux qui, en plus de lorgner sur un grand classique des films de gangsters (je n'en dirai pas plus), se permet d'être incompréhensible et de brouiller le spectateur en tentant de rajouter inutilement un lien entre le flic incarné par Jason London et le(s) tueur(s). Ou alors je n'ai rien compris. Mais dans tous les cas, cette fin m'a laissé un gout amer. Dommage.
Je ne peux également passer sous silence un détail qui m'a amusé tout au long du film, à savoir le physique du grand méchant (incarné par un certain Carlos Lauchu) qui n'est autre qu'un look-alike de Schwarzenegger époque Conan.
Sors de ce corps, Arnold !
Bref, petite production inégale mais sympathique et boostée par quelques séquences gores de bon aloi, Sutures devrait contenter les amateurs de DTV horrifiques pas trop exigeant.
Un film de Tammi Sutton
Avec : Andrew Prine, Jason London, Carlos Lauchu, Allison Lange