Voir la fiche complète du film : Terreur dans l'Arctique (Terry Ingram - 2011)
[[

Terreur dans l'Arctique

En dépit d’un traitement relativement fluide et un cadre intéressant à explorer, ce survival animalier souffre d’un scénario anémique affublé d’incohérences en pagaille. Il s’en dégage un certain sens de l’absurdité permanente entretenu par des situations dépourvues de logique.
Publié le 24 Mars 2018 par Dante_1984Voir la fiche de Terreur dans l'Arctique
3
Camion

Quand on s’attaque au survival animalier, on peut choisir de créer sa propre bestiole, de reprendre un animal existant ou une espèce disparue. Parfois, l’amalgame de ces éléments donne lieu à quelques aberrations tant biologiques que cinématographiques. Aussi, le fait de se cantonner à une ligne directrice plutôt claire relève déjà de l’exploit. Cela sans compter les multiples obstacles qui se dressent devant les limites d’un genre qui ont tôt fait de le décrédibiliser depuis maintes années. Un cadre inattendu et un traitement un tant soit peu sérieux ne peuvent qu’aider à fournir un métrage prévisible et néanmoins correct. Enfin, presque...

Cours toujours, tu m'intéresses...

Grand habitué des productions de seconde zone, Terry Ingram a réalisé par le passé quelques navets pour SyFy dont le pathétique Phantom Racer. Au vu du niveau, on peut donc craindre le pire pour ce Ice Road Terror dont l’appellation résonne comme un mauvais tour de manège qui vire à la catastrophe. Et, en un sens, on ne peut l’infirmer. Si le pitch initial prête à sourire, l’entame vue du point de vue des routiers n’est pas forcément déplaisante. Le fait de mettre sur le devant de la scène ces convois de l’extrême a le mérite de sortir du cadre de simples reality-show. D’ailleurs, une partie de l’intrigue use de cette contrainte avant et pendant les attaques de la bête pour mieux justifier le propos.

Il y a bien quelques aberrations, comme l’épaisseur de la glace du lac, mais l’ensemble se laisse suivre sans déplaisir dans un environnement à l’hostilité toute naturelle. Le bât blesse autre part. À commencer par l’origine de la bestiole. D’une part, un lézard préhistorique qui surgit d’une mine diamantifère après une explosion a de quoi amuser. D’autre part, les scénaristes auraient dû se renseigner à minima avant de baptiser leur créature «Prédateur X».Ce pliosaure, qui ferait passer le grand requin blanc pour une crevette, est en réalité un animal aquatique. Au-delà des problèmes purement pratiques, comme la physionomie ou la taille, le cadre ne correspond absolument pas.

Un face-à-face sanglant !

Dès lors, on tente de rattraper le coup avec une légende locale qui, au lieu d’atténuer la bêtise initiale, l’aggrave. À la rigueur, le reptile évoque un dragon de Komodo version XXL, la peau pixellisée et les mouvements raides en sus. Car il faut bien reconnaître que SyFy excelle en monstres mal digitalisés. Et ce n’est pas la succession de lieux qui change grand-chose à la débâcle. Néanmoins, un modeste effort a été fourni pour ne pas se cantonner à un cadre unique. Le site de la mine, le lac glacé, le chalet au cœur de la forêt montagneuse... Pourtant, cette variété appréciable n’est guère mise en valeur. Les scénaristes ayant préféré se concentrer sur les nombreuses absurdités qui en découlent.

Là encore, les aptitudes du lézard sont contradictoires et farfelues. Outre le simple fait qu’il semble se téléporter à des endroits opportuns, il révèle une force exceptionnelle pour venir à bout d’une maison, mais pas d’un amas de palettes. Quant à sa plongée en apnée sous le lac, elle trahit une fois de plus le traitement négligé dont il a pâti. Toutefois, la décision de se cantonner à une seule créature (si improbable soit-elle) et à une progression linéaire atténue à minima la médiocrité de l’ensemble. La part humoristique au ras des pâquerettes est également moins prépondérante qu’à l’accoutumée, ce qui limite les dégâts dans une certaine mesure.

Sur la glace ensoleillée...

Au final, Ice Road Terror est un survival animalier plus que dispensable. Malgré quelques idées qui resteront au stade des intentions, il en découle un mauvais film qui fait peu de cas de la véritable nature de son monstre. Si cela n’est pas forcément le propos, un minimum de réalisme aurait pu amoindrir la somme des incohérences et autres stupidités que l’on peut relever çà et là. Les sorties de route sont nombreuses et certaines situations tiennent plus du gag que d’un danger imminent. À ce titre, la fuite de la mine et le saut entre deux camions sont aussi saugrenus qu’improbables. Exception faite d’une ambiance un peu plus timorée que d’habitude, l’ensemble n’en demeure pas moins une pénible odyssée sauvage dans le Grand Nord.

A propos de l'auteur : Dante_1984
Portrait de Dante_1984

J'ai découvert le site en 2008 et j'ai été immédiatement séduit par l'opportunité de participer à la vie d'un site qui a pour objectif de faire vivre le cinéma de genre. J'ai commencé par ajouter des fiches. Puis, j'ai souhaité faire partager mes dernières découvertes en laissant des avis sur les films que je voyais.

Autres critiques

La nuit de tous les mystères
Bien connu pour sa prolifique carrière émaillée de séries B horrifiques aux qualités inégales, William Castle signe avec La nuit de tous les mystères un fleuron du film d’épouvante. Encore peu démocratisée à la fin des années1950, la thématique de la maison hantée pose ici les bases et les ficelles dont s’inspireront en partie d’autres cinéastes. Le statut de précurseur revient...
Europa Report
Europa Report est un peu sorti de nulle part. Très discret lors de sa confection, puis lors de sa sortie (limitée) en salles américaines, il débarque chez nous directement en DVD sous la bannière de Metropolitan, un éditeur qui ne compte que peu de navets dans son catalogue. Alors, quand en plus la jaquette annonce fièrement " un des films les plus excitants et réalistes sur la conquête spatiale...
Monster Brawl
Un geek féru de films d'horreur et de catch parvient à réunir huit monstres sacrés sur le ring, afin de déterminer quelle sera la créature la plus puissante au monde ! Le moins que l'on puisse dire en consultant le pitch de Monster Brawl , c'est que le réalisateur et scénariste du film, Jesse T. Cook, n'a pas eu peur d'aller très loin dans son délire, en confrontant des légendes du Septième Art...
Grizzly Park
Le premier contact avec Grizzly Park n'est pas désagréable. Le visuel de couverture est classique mais sympathique et la jaquette clame fièrement "Grizzly Park s'impose comme la référence des films de Grizzly". Un slogan sans âme et qui ne convaincra personne mais puisqu'il est là, quelqu'un a bien dû l'écrire. Alors maintenant il y a deux possibilités: soit cette...
L'Armée des morts
Réaliser un remake est un exercice particulièrement audacieux (et périlleux) quand il s’agit de fournir la relecture d’un classique. De tels projets peuvent même donner un résultat vain et douteux lorsque les velléités mercantiles supplantent la narration ou la mise en scène elle-même. Au début des années 2000, le phénomène a connu un nouvel élan avec deux métrages d’excellente...
Terreur dans l'Arctique
Réalisateur:
Durée:
4.66667
Moyenne : 4.7 (3 votes)

Thématiques