Voir la fiche complète du film : The Bay (Barry Levinson - 2012)
[[

The Bay

Un faux documentaire qui se démarque grâce à une mise en scène savamment étudiée. Il en ressort un côté sensationnel, incisif sur des sujets à polémiques. À la fois appliqué et impliqué.
Publié le 8 Juillet 2013 par Dante_1984Voir la fiche de The Bay
8
Sous-marin

Barry Levinson est l'un des réalisateurs les plus éclectiques d'Hollywood. Au cours de sa carrière, il s'est essayé à quasiment tous les genres : la comédie, le drame, le policier, la science-fiction... Même si le succès (critique ou commercial) n'a pas toujours été présent, on peut dire que le cinéaste n'a pas froid aux yeux. On ne s'étonne qu'à moitié lorsque son nouveau film joue dans la catégorie du faux documentaire, sous-genre souvent décrié, parfois soumis à la polémique, mais qui dispose de qualités évidentes. Enfin, si le talent et la volonté de proposer une oeuvre sérieuse sont au rendez-vous. Est-ce le cas de The Bay ?


Miss Crustacé à l'abordage !

Depuis quelques années, les producteurs ont surexploité le found footage de la plus odieuse des manières. Tournant et retournant les mêmes ficelles dans des projets plus ou moins acceptables, ce genre à part entière semblait sur la pente descendante depuis un certain temps et tanguait dangereusement vers le DTV à long terme. En somme, une trajectoire similaire au survival animalier qui ne subsiste que par de trop nombreux navets et de rares films intéressants. Il n'y a qu'à voir une franchise comme Paranormal activity pour comprendre l'ampleur du désastre à venir.

Néanmoins, The bay n'est pas réalisé par le premier venu, ni un tâcheron de bas étage. Le passif du cinéaste, les moyens et les ambitions dont il dispose agrémentent une excellente entrée en matière. Au lieu de se cantonner à un seul type de média (à savoir la caméra amateur), l'on découvre d'autres outils de communication tels que le portable, la webcam, la caméra dans la voiture de police ou de simples appels téléphoniques. Cette pluralité peut paraître ordinaire, mais permet d'exploiter au maximum la technologie pour se concentrer sur le c½ur de l'intrigue.


C'est ce qui s'appelle se salir les mains.

Un scénario qui, au demeurant, s'avère curieux, même s'il s'arroge quelques ficelles piochées au post-apocalyptique et survival animalier. Dans ce sens, les événements ne laissent planer aucune surprise. D'ailleurs, les premières images nous préviennent que toutes les personnes à l'écran sont mortes. Le ton est volontairement sentencieux et entretient un aspect spectaculaire que ne renieraient pas certains documentaires à sensation (vrais ceux-là). En somme, le talent du metteur en scène est un réel atout pour servir une atmosphère savamment étudiée. Le spectateur se sent engagé.

Une implication qui puise sa source également dans le sujet principal : la contamination de la baie. Pollution, écologie, mutation, nucléaire, écosystème ébranlé et autres propos alarmistes (à juste titre) contribuent clairement à la crédibilité des faits. Contrairement à certains films de la même catégorie, The bay s'attarde sur les conséquences d'une industrialisation outrancière bénite par l'incompétence des élus et l'insouciance des locaux. Là où certains se seraient plantés dans la mièvrerie ou la complaisance, Barry Levinson ne s'écarte pas de son film au profit d'une digression malvenue.


Voilà ce qui arrive quand on abuse des crustacés.

À cela, la montée en puissance de l'épidémie se paye le luxe de quelques effets gores savoureux et de morts assez répugnantes. Certes, l'on voit principalement des pustules, des furoncles dans le premier stade de la contamination (ce qui nous laisse penser à un virus), mais la phase finale est nettement plus horrible dans les souffrances qu'elle sous-tend. Cela n'est pas très explicite à l'écran (les habitants vomissent du sang, n'ont plus de langue), mais l'on devine le calvaire à travers les hurlements et leur agonie. Une approche abrupte et intense qui montre que la nature ne fait pas de cadeaux à ses détracteurs.

On restera un peu plus mitigée concernant les protagonistes. Le fait de diviser le film en trois segments dissemblables est une bonne idée. Non seulement les points de vue diffèrent, mais l'évolution temporelle l'est aussi. Le montage est, à ce titre, bien agencé pour ne pas se perdre dans une narration brouillonne et inconstante. Pourtant, les personnages sont trop classiques. L'apprentie reporter paraît trop indécise. Elle ne relate pas assez les événements et les subit plus que de rigueur. Le couple sur le bateau se révèle également très insouciant et très bête lorsqu'il accoste. L'on retrouve un maire peu scrupuleux ou le médecin en chef de l'hôpital prêt à mourir corps et âme pour ses patients. Dans l'ensemble, ces individus ne sont guère convaincants.


Ils sont une légende ?

S'il ne révolutionne pas le genre, The bay est un faux documentaire au-dessus de ses concurrents. Exit les histoires de fantômes, de possessions démoniaques et autres bizarreries éculées. Dans un ton écologique évident, Barry Levinson nous offre un film proche des documentaires à sensation (The cove, Heartlings...) en usant de tous les instruments à sa disposition. Pluralité étant son maître mot, il parvient à créer un moment saisissant, nanti d'une réalisation très professionnel (en dépit du côté amateuriste que le found footage requiert). Il interpelle tout en divertissant sur une note grave et incisive. Légèrement cynique dans sa conclusion (on le serait à moins), The bay est à la fois immersif et sans concession (surtout dans sa dernière demi-heure). Une vérité qui dérange...

A propos de l'auteur : Dante_1984
Portrait de Dante_1984

J'ai découvert le site en 2008 et j'ai été immédiatement séduit par l'opportunité de participer à la vie d'un site qui a pour objectif de faire vivre le cinéma de genre. J'ai commencé par ajouter des fiches. Puis, j'ai souhaité faire partager mes dernières découvertes en laissant des avis sur les films que je voyais.

Autres critiques

Mortal Kombat 2 : Destruction Finale
Comment le dire gentiment et sans méchanceté? Mortal Kombat 2: Destruction Finale est... euh... un OVNI dans le ciel du paysage cinématographique. Même pas une aberration de la nature puisque ce film a été pensé par des hommes comme vous et moi. Enfin, comme vous et moi c'est vite dit car je ne voudrais pas vous insulter en vous associant aux gens qui ont pondu cette chose filmique. Ce film ne se...
Les innocents
Dans le domaine du fantastique, certaines œuvres littéraires du XIXe siècle demeurent des classiques qui, non contents de poser les bases d’un genre, le transcendaient à travers des intrigues intemporelles. On songe à Edgar Poe, Mary Shelley, Oscar Wilde ou encore Bram Stoker. Dans la même veine, Henry James a écrit Le tour d’écrou , roman remarquable en tout point, tant dans sa prose...
Le Dernier Pub avant la Fin du Monde
Beaucoup de personnes ne le savent pas, mais les trois films qui unissent Edgar Wright, Simon Pegg et Nick Frost portent un nom commun. En effet, on parle de trilogie Cornetto . La référence est assez simple, puisque cela renvoie au fait que les personnages se retrouvent toujours à manger des glaces de la marque. Après la réussite évidente et rafraîchissante de Shaun of the Dead , qui offrait une...
Dolan's Cadillac
Stephen King et le cinéma c'est une longue histoire d'amour, néanmoins pavée d'innombrables échecs. Pour quelques réussites ( Shining , Misery , La Ligne Verte ,...), combien de navets/nanards ont-ils été réalisés à partir des écrits du maître de l'horreur? Le problème, c'est que ses romans sont trop denses pour être bien retranscrits tandis que ses nouvelles sont souvent trop...
Prisoners of Power : Battlestar Rebellion
Depuis que Timur Bekmambetov a ouvert la brèche il y a quelques années, avec Night Watch , le monde porte un regard nouveau sur le cinéma russe tandis que ce dernier ne se prive pas de lui faire de l'oeil, au monde, en cherchant à singer les blockbusters US, voire en marchant carrément sur leurs plates-bandes. Déluge d'effets spéciaux numériques, histoires ambitieuses et réalisations tapageuses,...
The Bay
Réalisateur:
Sortie France:
Durée:
84 min.
7
Moyenne : 7 (10 votes)

The Bay Official Trailer #1 (2012) - Horror Movie HD

Thématiques