Voir la fiche complète du film : The River (Jaume Collet-Serra, Kenneth Fink, Michael Katleman - 2012)
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The River

Une série à l'histoire inconstante et aux effets faciles. The river multiplie les références sans jamais se créer une identité propre. Bien fait, mais déjà vu ailleurs.
Publié le 25 Octobre 2013 par Dante_1984Voir la fiche de The River
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Jungle Poupée Zombie

À nouveau associé à une série télévisée, le nom de Steven Spielberg en tant que producteur a du mal à faire rêver. En 2011, la déconvenue de Terra Nova aurait pu refroidir ses ardeurs sur le petit écran. Mais l'illustre cinéaste ne se démonte pas face à l'échec. C'est ainsi qu'il récidive avec The river. Un projet ambitieux qui mêle aventures et horreur. À la base du concept ? Oren Peli, initiateur de la saga Paranormal activity. Rien de bien étonnant à ce que l'intégralité de la série soit réalisée en found footage. D'ailleurs, les producteurs espèrent bien que ce choix boostera les audiences. Verdict : une nouvelle série avortée au bout d'une saison. Explication d'une annulation pas si surprenante que cela.


Attention aux piranhas !

Contrairement à ce que l'on pourrait penser, l'idée de mêler série et faux documentaire n'est pas nouvelle. On songe notamment à Jeopardy ou Lost tapes, toujours inédites en France, qui jouaient déjà de ce sous-genre dans les registres de la science-fiction et de l'horreur. Il aura suffi respectivement de deux et trois saisons pour essouffler le matériau de base. En général, cela s'étale sur une courte durée, un peu comme un court-métrage, pour saisir l'action dans le vif du sujet avec une ambiance oppressante. Si l'enrobage est bien fait, on peut même s'interroger sur la véracité des images. Voilà pour les bonnes intentions. Mais la réalité est tout autre.

À quelques exceptions prêtes, on se retrouve avec des produits opportunistes, longs et mal fichus. Étant donné qu'Oren Peli est familier du genre, il est difficile de faire un reproche sur la forme. La mise en scène étant déléguée à Jaume Collet-Sera (Esther, La maison de cire). On peut se dire que l'enrobage sera intéressant. On ne s'y trompe pas, la réalisation est effectivement soignée. Certes, l'on regrettera l'absence de plusieurs moyens techniques pour varier les plaisirs (comme l'avait fait The bay), mais les caméras semblent omniprésentes et effectuent leur travail correctement.


Une petite berceuse avant de retrouver le lit boueux de la mare.

De ce côté, c'est assez plaisant à suivre et l'on a parfois l'impression d'être un membre de l'équipage. The river nous offre des angles de caméras savamment choisies pour parfaire son ambiance, les soubresauts ne sont pas légion et on l'on ne ressent pas le mal de mer à chaque image. Toutefois, l'on ne criera pas au génie. La raison en est simple : il n'y a rien de bien surprenant à contempler. Les habitués du found footage auront cette fichue sensation de déjà-vu pendant l'intégralité de la série. Les artifices du genre n'émouvront que les novices en la matière. Caméra rapprochée, contraste sombre, une part de hors-champ pour s'appuyer sur la psychologie, bruits bizarres...

On ne peut pas dire que c'est mal fait. La photographie joue d'une multitude de couleurs et de leurs nuances pour parfaire l'ambiance (chaudes pour le bateau, froides pour la jungle…). L'environnement est exploité à bon escient. Entre l'hostilité de la forêt amazonienne, le parcours du fleuve, on essaye de varier les plaisirs pour ne pas lasser le spectateur. Pourtant, l'on se dit que telle séquence est issue de Paranormal activity (le défilement du chronomètre, la fille somnambule), Le projet Blair Witch (l'accostage de l'Exodus), Rec (le laboratoire au sein du poste avancé)... Les références pleuvent et empêchent à The river de se forger sa propre identité.


Il y a de la magie dans l'air.

Un autre problème réside dans l'histoire. De prime abord, on songe à La famille Delajungle au pays de Cannibal holocaust. Un mélange savoureux, mais erroné. On ne suivra pas les mésaventures d'Emmet Cole, mais ceux qui le recherchent. Premier point : organiser une expédition de sauvetage sur fond d'émission télé est peu crédible. Deuxième point : attendre sept mois avant de la concrétiser, c'est comme laisser mariner un naufragé sans bouée en plein milieu du Pacifique. Et les arguments pour entamer le périple sont plutôt maigres : l'allumage d'une balise ou l'emplacement non vérifié du Magus (comme par hasard, il s'agit du sixième, les cinq autres ayant fait chou blanc). Tout ça pour dire que le scénario démarre sur des bases tronquées.

Et cela va de mal en pis. Malgré les avertissements de la jeune mécano, on s'évertue à explorer les tréfonds de l'Amazonie. On s'égare à suivre le folklore et les légendes locales au détriment de la recherche d'Emmet. De fait, on a la sensation que la première partie sert d'amuse-bouche, voire de remplissage. On rencontre des revenants, des poupées possédées, une pluie d'insectes, des malédictions et un navire-fantôme... Là encore, c'est plaisant, mais vu ailleurs. Ça se fond assez bien dans le décor, même si l'on a des difficultés à tisser les liens avec le fil rouge.


Vos impressions sur le tournage ?

Il faut également compter sur des flash-back à la chronologie aléatoire qui cassent le rythme. Leur utilité n'est pas toujours justifiée et l'on a du mal à resituer la scène dans le temps (ce ne sont pas les repères dans le coin inférieur droit de l'image qui changeront la donne) et mesurer son importance dans les événements à venir. The river veut jouer sur le terrain de Lost pour tenter de créer un passif aux personnages, mais n'y parvient que partiellement. L'entreprise est maladroite et trop inconstante pour être essentielle.

Pour les protagonistes, rien de bien marquant. Les déboires d'une famille « modèle » devant la caméra, un producteur arrogant et peu scrupuleux, le caméraman avide de shooter les bons plans, le mercenaire sombre et mystérieux... La palette est assez variée, mais ne contient aucune ambiguïté, aucune touche significative qui feraient que l'on s’attache à l'un ou l'autre. Les acteurs sont peut-être dans le ton, mais manquent cruellement de charisme et de présence à l'écran. Qui plus est, l'évolution des caractères est quasi-absente. À chaque épisode, c'est comme si l'on revenait au point de départ. On découvre des choses effrayantes, mais l'on rigole dans une ambiance bon-enfant en ayant tout oublié.


Saleté de moustiques !

Au final, The river se révèle une série en demi-teinte. On ne fustigera pas la réalisation, le soin apporté à la forme est bien fichu et entretien l'atmosphère. L'aventure est au rendez-vous avec une exploration variée. Les jeux de caméras ne sont pas trop vomitifs. Pour peu, on en oublierait presque qu'il s’agit d'un faux documentaire. Toutefois, les artifices du found footage ne floueront pas des effets faciles et un scénario peu convaincant. Certaines questions demeureront sans réponse (Qu'est-ce que la source ? Qui est réellement Kurt ?), mais l'on se retrouve avec davantage de frustration sur le fait que la série pioche çà et là nombre d'idées à d'autres faux documentaire sans y apporter une touche personnelle. Un potentiel séduisant, mais qui ne surprendra personne.

A propos de l'auteur : Dante_1984
Portrait de Dante_1984

J'ai découvert le site en 2008 et j'ai été immédiatement séduit par l'opportunité de participer à la vie d'un site qui a pour objectif de faire vivre le cinéma de genre. J'ai commencé par ajouter des fiches. Puis, j'ai souhaité faire partager mes dernières découvertes en laissant des avis sur les films que je voyais.

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