Voir la fiche complète du film : Toutes les Couleurs du Vice (Sergio Martino - 1972)
[[

Toutes les Couleurs du Vice

Entre la perte son bébé et les réminiscences du meurtre de sa mère, Jane se sent seule et perturbée. Honnête composition de Sergio Martino, l'un des bons orfèvres du cinéma de genre transalpin.
Publié le 15 Mars 2010 par GORE MANIACVoir la fiche de Toutes les Couleurs du Vice
6
Entre la perte son bébé suite à une fausse couche et les réminiscences du meurtre de sa mère alors qu'elle n'était encore qu'une enfant, Jane se sent seule et perturbée, malgré les attentions de son compagnon. Alors qu'elle consulte un nouveau psychiatre, sur les conseils de sa soeur, elle croit reconnaître l'assassin de sa mère.

Un an après L'Etrange Vice de Madame Wardh, Sergio Martino retrouve le trio d'acteurs Fenech-Hilton-Rassimov pour un métrage dérivant davantage vers le thriller paranoïaque, tourné en grande partie en Grande-Bretagne, d'où un changement d'atmosphère assez criant.

Après une séquence trouble évoquant les cauchemars de l'héroïne (le meurtre sanglant de sa mère), Martino nous immisce encore plus dans l'intimité de Jane, lors d'une scène de douche, censé nettoyer l'héroïne de ses maux, mais qui offre au spectateur une position voyeuriste fort délectable.
Suite à quelques scènes prouvant que Martino a bon goût en matière d'actrices (il offrira quelques années plus tard un rôle fort sensuel à l'envoûtante Barbara Bach dans Le Continent des Hommes Poissons), Martino nous propose de suivre avec attention la dérive psychologique de sa belle héroïne, entre rêves obscurs et réalité toute aussi abjecte.

Du giallo classique, Martino s'oriente également vers un suspense à la sauce britannique, dans un mélange des genres assez créatif.
Comme l'indique le titre original, qu'on pourrait plus aisément traduire par Toutes les Couleurs de l'Obscurité, ce film a pour thème récurrent le jeu des couleurs, propre au giallo. L'oxymore du titre original représente à merveille le souhait du cinéaste, à savoir rester fidèle à son genre de prédilection tout en s'orientant vers d'autres directions, mais en se servant de la base du giallo.
Ainsi, le bleu est souvent mis en avant, des pilules aux yeux hypnotiques du tueur, en passant par les ongles du chef de la secte et l'oeil du symbole tatoué sur ces membres, mais Martino utilise aussi deux couleurs que tout oppose à des moments clé du métrage : le rouge sang, de nuit, dans l'appartement d'une Jane terrifiée et isolée, aux portes de la folie, et le blanc immaculé pour le retour au calme, à l'hôpital.


Avec le soin apporté à des plans en contre-plongée vraiment inquiétants, Martino démontre un réel savoir-faire technique, apportant une sorte de vertige visuel de belle facture à son intrigue.

L'intrigue, elle, est parfois quelque peu confuse, se perdant entre rêves et cauchemars. Ivan Rassimov, qui joue à nouveau le méchant au regard fascinant, aurait mérité un rôle plus consistant que celui-ci, n'étant que le second couteau de cette secte qui n'évite pas certains poncifs (lieu des cérémonies, agissement des membres, musique New Age peu en phase avec l'aspect inquiétant de ces scènes). Edwige Fenech, aux magnifiques yeux noirs, y trouve probablement son meilleur rôle, très crédible dans un rôle fort et consistant.

L'inconvénient majeur du métrage réside dans un atermoiement quelque peu maladroit, sentiment que la mise en scène de Martino ne parvient pas totalement à effacer, accentuée par une bande son souvent en décalage avec l'esprit du film (principalement les scènes du château).

L'ambiance tendue souhaitée probablement par Martino semblera en fait mieux retranscrite deux ans plus tard dans le cinglant Frightmare, à une époque où le vice se retrouvait dans bon nombre de films français (Justine de Sade, Les Weeks-ends Maléfiques du Comte Zaroff, les premiers films de Jean Rollin), époque bénie d'une décennie à part dans le paysage cinématographique européen.

On se demandera la raison de la part de Neo Publishing de ne pas respecter les deux titres français connus initialement pour ce métrage (L'Alliance Invisible, Toutes les Couleurs de L'Obscurité), plus adaptés que ce titre volontiers racoleur, si ce n'est pour le rapprocher de L'Etrange Vice de Madame Wardh.
Autre regret de cette édition DVD, les sous-titres imposés, même pour la version française du film, et la faiblesse de la bande sonore, qui nuisent à la qualité du long-métrage, honnête composition de Sergio Martino, l'un des bons orfèvres du cinéma de genre transalpin.

A propos de l'auteur : GORE MANIAC
Portrait de GORE MANIAC

J'essaie de partager ma passion pour un cinéma méconnu, mais qui mérite incontestablement qu'on s'y arrête !

Autres critiques

Triangle
Il y a quelques années, Christopher Smith, jeune réalisateur anglais, créait la surprise lors de la sortie de son premier film, Creep , dont l’actrice principale était la belle Franka Potente, découverte dans Lola rennt . Creep , bien qu'imparfait, dégageait une ambiance particulière et faisait montre d’une belle efficacité et d’une certaine maîtrise. Se déroulant exclusivement dans une station...
The Hills run red
Un slasher/survival en milieu forestier, ça vous dit? Comment ça, non? Mais si allez, je vous promets que celui-ci vaut le détour. Tout d'abord, sachez que le film jouit d'une très bonne réputation grâce à un buzz sur le net et à quelques apparitions réussies en festival. Ce Direct-to-dvd produit par Dark Castle et distribué par la Warner permet au réalisateur Dave Parker ( Les Morts...
Étrange Couleur des Larmes de ton Corps, L'
Sous ce titre mystérieux et séduisant se présente le deuxième long-métrage d’Hélène Cattet et de Bruno Forzani, près de cinq ans après Amer . Ce premier essai surprenant était passé inaperçu à l’époque pour cause de projections exclusives dans les festivals. La sortie dans un certain nombre de salles de leur nouveau film aura été la marque d’un grand pas en avant pour le duo de réalisateurs...
Monsters
Alors qu’une zone de quarantaine est délimitée entre le Mexique et les Etats-Unis suite à l’apparition d’une vie extraterrestre, Samantha et Andrew sont contraints de traverser la zone infectée pour rejoindre leur pays. Gareth Edwards fait partie de ces nouveaux réalisateurs qui disposent d’une vision précise et très marquée de leur métier. Avec Monsters (son premier long-...
Alita : Battle Angel
Les adaptations live des mangas sont à double tranchant. D’une part, le matériau de base et la complexité sous-jacente de certaines œuvres sont souvent édulcorés pour toucher un plus large public. D’autre part, les univers dépeints font montre d’une certaine démesure qui semble bien difficile à retranscrire. On songe au projet avorté d’ Akira , à la récente version de...
Toutes les Couleurs du Vice
Réalisateur:
Durée:
88 min
6
Moyenne : 6 (3 votes)

Thématiques