Véritable Histoire de Blanche-Neige, La
Non, je ne m'adresse pas à l'inénarrable David DeCoteau (D.D. pour les intimes). Ces compliments sont pour le maquettiste qui a réussi à concocter un superbe visuel à partir d'un film aussi naze. Certes, sa jaquette n'a strictement rien à voir avec le contenu du nouveau métrage du plus célèbre des réalisateurs homosexuels, mais qui s'en soucie ? Le visuel est accrocheur, ça va faire vendre des DVD, que demander de plus (quand on est producteur) ? Que le film soit bon ? Oh, l'autre, hé ! Tu ne veux pas non plus qu'ils engagent un scénariste et des comédiens ? Et pourquoi pas un réalisateur talentueux tant que tu y es ?
Pfff, j'vous jure, le spectateur demande vraiment l'impossible de nos jours...
Attention ! Mort violente à base de taches de ketchup !
Blanche est une adolescente rebelle et perturbée. Sa belle-mère propose alors de l'envoyer dans un camp disciplinaire et c'est ainsi que la jeune fille se retrouve littéralement kidnappée pendant son sommeil. Au beau milieu de la forêt et en compagnie de sept autres jeunes, le camp devient le théâtre d'une série de meurtres...
La véritable histoire de Blanche-Neige (ouh, le vilain titre mensonger !) se propose donc d'être une sorte de relecture moderne du célèbre conte des frères Grimm. Quoique relecture n'est pas tout à fait le mot qui convienne, puisque en guise de relecture, les seules références à l'histoire d'origine se font au travers d'une pomme négligemment offerte à l'héroïne, d'une belle-mère acariâtre, d'un miroir servant à illustrer sa schizophrénie et de quelques noms de personnages glissés de-ci, de là. Pour le reste, circulez, il n'y a rien à voir. Pas de nains, pas de sorcière et pas de prince charmant. Le film se présente plutôt comme un slasher bas-de-gamme, avec tueur mystérieux à la clef (enfin, mystérieux...) et morts à la chaîne.
Cela dit, ne vous attendez pas à un déluge gore ou à des séquences de suspense insoutenables : comme souvent chez D.D., c'est mou à en pleurer.
Quand il fait bleu, paraîtrait que c'est la nuit...
Mais D.D. n'est pas le seul responsable du désastre, la scénariste Barbara Kymlicka porte également sa part de responsabilité. Déjà, son script est idiot, mais en plus les rares références au conte originel sont tellement intégrées au forceps qu'elles en deviennent ridicules (sauf le coup du miroir, plutôt bien vu). Et puis, ce final... Je ne vais pas en parler, histoire de ne pas spoiler, mais sachez qu'il fait exactement tout le contraire de ce qu'il faut faire.
Au rayon acting, c'est plat comme l'encéphalogramme du bulot. Eric Roberts assure ses trois scènes en faisant le minimum syndical, tandis que Shanley Caswell tente d'y croire au milieu de ses condisciples amorphes.
Petite mention tout de même à Maureen McCormick, impeccable en belle-mère inquiétante, même si n'est pas Charlize Theron qui veut...
D'ailleurs, Eric en est tout contrit...
Bref, vous l'aurez compris, La véritable histoire de Blanche-Neige est un navet ennuyeux qui ne vaut que sa par sa belle jaquette et ses effets nocturnes aussi désastreux qu'amusants (Gosh ! Jamais une nuit n'aura autant ressemblé à une journée ensoleillée filmée sous un filtre bleu !).
Après le Blanche-Neige de Tarsem Singh et le trip heroic-fantasy de Rupert Sanders, vous en reprendrez bien une petite pincée avec la version made in D.D. ? Non ?! Et bien tant mieux !
Geoffrey Claustriaux
Un film de David DeCoteau
Avec : Eric Roberts, Shanley Caswell, Maureen McCorick, Tim Abell