BIFFF 2018 : Le Dossier Complet

Amis cinéphiles,

Le BIFFF 2018, c’est fini depuis déjà quelques semaines et l'heure est venue de dresser le bilan d’une bien belle édition, nantie d’un palmarès tout aussi réjouissant que vous retrouverez en fin de ce dossier.

Cette 36ème édition se referme donc sur un bilan positif. Quelques 58.000 spectateurs ont assisté à des films dans les 3 salles du Bozar de Bruxelles : un chiffre record. La masterclass du réalisateur Guillermo Del Toro notamment, a attiré la foule, une masterclass dont vous pouvez trouver le résumé complet en cliquant ici.

Cette année, diverses activités étaient de nouveau présentées au public. En plus des habituels concours de maquillage et de body painting, du Bal des Vampires et de la Nuit Fantastique, le BIFFF accueillait pour la première fois une Gaming Madness Zone, ainsi qu'une collaboration avec la deuxième édition du Festival Boulevard du Polar et un stand VR au sein duquel des films pouvaient être visionnés à 360°.

Personnellement, j'ai eu l'occasion de tester l'expérience avec "Night Night" et "Catatonic", tous deux du réalisateur Guy Shelmerdine, et c'était bluffant. J'ai vraiment été scotché à mon siège. Night Night nous met à la place d'un enfant assailli par des cauchemars à base de clowns, tous plus effrayants les uns que les autres, tandis que Catatonic nous place dans une chaise roulante pour visiter d'un asile dans lequel personne ne voudrait être enfermé. Une expérience de trouille peu commune.

Un des clowns de Night Night

Les amateurs pouvaient également se filmer devant un fond vert pour s'incruster dans une scène d'attaque de zombies. Fun !


Mon ami Jan Debski (par ailleurs acteur) et sa compagne Isabelle rejouent la Nuit des Morts-Vivants

Mais le BIFFF 2018 c'était aussi, cette année, pas moins de 12 avant-premières mondiales, 13 avant-premières internationales et 9 avant-premières européennes. 35 premières réalisations qui côtoieront des pointures telles que Ryuhei Kitamura, John Cameron Mitchell, Paco Plaza, Lloyd Kaufman, Xavier Gens, Kiyoshi Kurosawa, ou encore Kim Ki-duk.

Bref, il y avait de quoi faire, et Malko et moi avons fait notre possible pour profiter au maximum de ce festival hors-normes, allant même jusqu'à assister à des réceptions telles que celle organisée par la délégation Thaïwanaise.

Malko, Cheng Wei-hao (réalisateur de Tag-Along 2) et moi

Et évidemment le bar, incontournable point de ralliement

Voici donc la totalité des films que nous avons eu l'occasion de voir cette année. Et Dieu sait que nous avons malheureusement raté quelques perles. Mais il y avait trop de qualité cette année au sein de la programmation pour réussir à tout voir.

Bonne lecture à vous !

Geoffrey

Ghostland (Pascal Laugier)

Suite au décès de sa tante, Pauline et ses deux filles héritent d’une maison. Mais dès la première nuit, des meurtriers pénètrent dans la demeure et Pauline doit se battre pour sauver ses filles. Un drame qui va traumatiser toute la famille mais surtout affecter différemment chacune des jeunes filles dont les personnalités vont diverger davantage à la suite de cette nuit cauchemardesque.

Le film d’ouverture de cette cuvée 2018 BIFFF a d’emblée mis le niveau très haut. Avec son histoire imprévisible, ses bad guys très réussis, sa direction artistique remarquable et ses actrices impeccables (oui, Mylène Farmer aussi), Pascal Laugier a réussi le tour de force de mettre tout le monde d’accord. Les commentaires élogieux pleuvaient à la sortie de la séance.

Il faut dire que Ghostland ne tarde pas à entrer dans le vif du sujet avec sa séquence d’intro d’une puissance inouïe et que les baisses de rythme sont minimes tout au long du film, dont on ressort groggy, mais heureux.

Les autres films vont devoir s’accrocher pour se hisser à son niveau.

(Ma note : 9/10)

 

Gintama (Yuichi Fukuda)

Une légion d'extraterrestres débarque au Japon médiéval pour exterminer la race humaine. Seul espoir de l'humanité : un samouraï du nom de Gintoki…

Je dois avouer que je n’ai jamais lu un seul tome de ce manga. Je suis donc arrivé vierge de tout apriori dans la salle et j’ai pu découvrir ce film assez barré dans des conditions optimales, mais sans savoir s’il respecte le matériau de base. Et, honnêtement, je m’en fiche, car je me suis bien amusé. Les personnages brisent régulièrement le 4ème mur et sont conscients qu’ils jouent dans une adaptation de manga, ce qui occasionne nombre de dialogues savoureux (« les fans vont nous laminer si on fait ça », « ça passe en animé, mais en live action, ça devient franchement bizarre. »), surtout dans la première moitié du film.

La seconde moitié de Gintama met plutôt l’accent sur l’action, et je pense que c’est ce qui fait sa faiblesse (ainsi qu’une longueur un poil excessive, comme souvent avec les japonais), mais en tout cas, le film m’a donné envie de découvrir le manga et m’a fait passer un bon moment. Personnellement, je ne lui en demandais pas plus.

Je le recommande pour les amateurs du genre.

(Ma note : 7/10)

 

Killing God (Albert Pinto, Caye Casas)

Un repas de famille vire au cauchemar lorsque Dieu s’invite à la fête et annonce qu’il va éradiquer l’humanité…

Le cas de Killing God a divisé parmi les journalistes avec qui j’ai eu l’occasion de discuter après la séance. Certains l’ont trouvé mortellement ennuyeux et sans propos, tandis que d’autres ont été fascinés par ce huis-clos familial original.

Pour ma part, je me situe dans la seconde catégorie. J’ai vraiment beaucoup apprécié cette comédie fantastique à base de Dieu vengeur qui décide, pour s’amuser, d’exterminer l’humanité et de torturer psychologiquement cette famille qui n’en demandait pas tant.

Les acteurs sont fantastiques et j’ai trouvé leurs personnages profondément touchants et humains dans ce qu’ils ont de faillible. Bien sûr, le film présente quelques longueurs, surtout vers la fin, mais il mérite clairement d’être vu.

(Ma note : 8/10)

 

Man Divided (Max Kestner)

En 2095, le monde est ravagé par un désastre écologique : les océans ont tout envahi, les nappes phréatiques ont été contaminées par le sel et toutes les réserves d’eau potable ont quasiment disparu de la surface du globe.

Des scientifiques ont mis au point un système de fission moléculaire qui permet d’envoyer un double de soi dans le passé. Fang Rung est l’un de ces agents temporels, et son double a été envoyé en 2017 pour retrouver les notes potentiellement révolutionnaires d’une scientifique danoise…

J’attendais beaucoup de ce film et je dois dire que j’ai été un peu déçu. La mise en scène est froide, les acteurs sont froids et le scénario est froid. Bref, en deux mots, j’ai trouvé que ce film manquait cruellement d’émotion, alors que les sentiments sont justement au cœur de l’intrigue. Je n’ai pas réussi à accrocher au jeu monolithique de l’acteur principal, pas plus qu’au scénario à base de voyage temporel, même si le fond et les thématiques sont fascinants. Mais le film ne les explore pas suffisamment, préférant se concentrer sur une romance un peu trop prévisible.

Reste de belles images.

(Ma note : 6/10)

 

Survival Family (Shinobu Yaguchi)

Une panne de courant généralisée provoque la panique dans la ville de Tokyo. Pour échapper au chaos ambiant, une famille décide de prendre la route pour retrouver des proches vivants à Kagoshima…

Gros coup de cœur pour ce film qui brosse le portrait d’une famille moderne (et un peu dysfonctionnelle) confrontée à la disparition de l’électricité. Très souvent comique, Survival Family choisit de mettre l’accent sur l’entraide, la bonté des gens et les valeurs familiales. Pas de violeurs ou de cannibales dans ce film, juste des gens simples, qui redécouvrent les joies simples, loin des téléphones et des ordinateurs. Un film qui fait du bien.

(Ma note : 8/10)

 

I Kill Giants (Anders Walter)

Barbara est une adolescente solitaire différente des autres, et en conflit permanent avec son entourage. Ses journées au collège sont rythmées par les allers-retours entre le bureau du proviseur et la psychologue. Aux sources de l’inquiétude des adultes qui veillent sur elle, il y a son obsession pour les Géants, des créatures fantastiques venues d’un autre monde pour semer le chaos. Armée de son marteau légendaire, Barbara s’embarque dans un combat épique pour les empêcher d’envahir le monde…

Ma seconde déception du festival, mais qui n’a en réalité rien à voir avec les qualités intrinsèques du film. Il est vendu comme de la Fantasy épique dans le monde réel avec une fillette badass constituant la seule défense face à des hordes de géants (il suffit de voir l’affiche), alors qu’il s’agit en réalité d’un drame psychologique dans la lignée du « Quelques minutes après minuit » de Juan Antonio Bayona.

Le film n’en demeure pas moins de grande qualité, avec une jeune actrice principale impressionnante et des effets spéciaux très réussis. Mais ne le regardez pas en vous attendant à des combats épiques, sinon vous passerez 1h40 à vous demander : « ils arrivent quand ces putains de géants ??? »

(Ma note, avant revisionnage : 6,5/10)

 

Terrified (Demián Rugna)

Un commissaire et des chercheurs en paranormal tentent de comprendre le Mal qui gangrène un quartier de la banlieue de Buenos Aires…

Vous en avez marre des histoires de fantômes classiques ? Terrified est fait pour vous. Le film met d’emblée le spectateur sous pression avec une impressionnante séquence d’introduction à base de coups sur les murs. La suite de l’histoire présente une structure étonnante, où nous changeons continuellement de « personnage principal », ce qui a pour avantage de ne jamais savoir qui va survivre (ou pas). Ajoutez à cela quelques séquences de frousse bien troussées et vous obtenez un bon petit cocktail horrifique. Pas le film du siècle, mais largement appréciable.

(Ma note : 7/10)

 

Trench 11 (Leo Scherman)

Dans les derniers jours de la Première Guerre mondiale, les Allemands ont développé une arme biologique bien plus meurtrière que toutes les précédentes. Les Alliés envoyent donc un canadien "tunnelier" derrière les lignes ennemies afin de détruire l'arme une bonne fois pour toute.

La première Guerre Mondiale est rarement évoquée dans les films, en tout cas largement moins que la seconde. La réalisateur Leo Scherman a décidé de réparer cette injustice et nous propose avec Trench 11 un petit film tout à fait agréable. Des parasites ont contaminé un bunker souterrain, dans lequel se perdent des soldats alliés. Alors, l’intrigue est totalement prévisible, les personnages sont clichés, mais ça fonctionne très bien, notamment grâce à une direction artistique très réussie, à des acteurs investis et à une solide réalisation.

Une belle petite surprise.

(Ma note : 7/10)

 

The Year of the Plague (C. Martín Ferrera)

Un loser doit combattre une invasion extraterrestre, tout en gérant ses probèmes relationnels avec son ex-petite amie…

The Year of the Plague est en réalité une nouvelle adaptation (déguisée) du classique L’Invasion des Profanateurs, mais l’assume totalement en y faisant plusieurs fois référence. C’est bien joué de la part du réalisateur C. Martín Ferrera, qui s’attire ainsi immédiatement un indéniable capital sympathie.

Le film en lui-même est plutôt bon, bien rythmé et bien interprété, avec des touches comiques bienvenues. Rien de révolutionnaire, les habitués seront en territoire (un peu trop) connu, mais le film fait le job, et c’est déjà très bien.

(Ma note : 7/10)

 

How to Talk to Girls at Parties (John Cameron Mitchell)

1977 : trois jeunes Anglais croisent dans une soirée des créatures aussi sublimes qu’étranges. En pleine émergence punk, ils découvriront l’amour, cette planète inconnue et tenteront de résoudre ce mystère : comment parler aux filles en soirée…

Attention coup de cœur ! Je n’attendais pas grand-chose de ce film, que j’ai surtout été voir par curiosité, parce qu’il y avait Elle Fanning et Nicole Kidman déguisée en punk. La claque dans la gueule a donc été d’autant plus forte.

En deux mots, j’ai adoré le film et j’ai hâte de le revoir. Inventif, drôle, touchant et peuplé de personnages attachants, How to Talk to Girls at Parties ne peut qu’emporter l’adhésion. Les commentaires étaient d’ailleurs unanimes après la projection : un grand film, qui fera partie des incontournables de ce BIFFF 2018.

(Ma note : 9/10, parce que 10/10 ça ne se met pas)

 

Muse (Jaume Balaguerò)

Depuis un an, Samuel, professeur de littérature ancienne, fait chaque nuit le même cauchemar traumatisant où une femme est assassinée lors d’un rituel macabre. En apprenant dans la presse locale qu’un meurtre identique a eu lieu, il comprend que son rêve était prémonitoire. Alors qu’il cherche des réponses sur les lieux du crime, Samuel fait la rencontre de Rachel, une jeune femme qui affirme avoir eu les mêmes visions que lui…

Il y a peu et beaucoup de choses à dire à la fois sur ce nouvel effort de Jaume Balaguerò. La réalisation est classieuse, comme souvent avec le réalisateur espagnol, la mythologie développée dans Muse est fascinante et, esthétiquement, ça se pose là. Pourtant, le film ne fonctionne pas aussi bien qu’il le devrait, la faute à une enquête principale languissante et à un rythme défaillant.

Reste que Muse est bien fichu et qu’il devrait contenter les spectateurs les moins exigeants. Mais, pour ma part, il constitue une déception.

(Ma note : 6/10)

Petit bonus : ma photo avec Jaume Balaguerò lors du BIFFF 2016

 

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