Ennemis Intimes

8.0/10
Ennemis Intimes

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Portrait de Gory Freddy Gory Freddy
I am Legend - 1952 critiques
publié le 16/07/2010 - 13:41
8
 

Frères Ennemis

Klaus Kinski savait mettre de l'ambiance sur un tournage, c'est le moins qu'on puisse dire (voir extrait vidéo sur la fiche) !
Avec lui, on ne s'ennuyait jamais, on avait toujours la certitude d'être maintenu éveillé entre les prises, que la torpeur n'aurait pas sa place en ces lieux.

Mais Kinski n'était pas ce qu'on appelle un amuseur, le genre de gars sympa (moi!), que l'on aime avoir à ses côtés (toujours moi!) pour sa finesse d'esprit (moi forcément!) ou tout simplement une capacité de s'amuser avec tout et rien, l'intelligent et le stupide (ben moi, évidemment!), gravitant toujours entre l'excellence et le visionnaire (Et oui, j'existe!). C'était plutôt celui que l'on aimerait voir mourir, pas savoir mort, mais VOIR mourir, tant son comportement est infâme, violent et injurieux.
Les tournages n'étaient donc pas de tout repos !

Pour la petite histoire, des figurants indiens sur un des tournages, proposèrent à Herzog de tout bonnement éliminer Kinski qui commençait un poil à les gonfler... Herzog leur répondit qu'il ne pouvait pas finir le film sans lui... Ah les artistes !

Kinski a toujours eu la réputation d'être très très difficile à gérer sur les tournages, alors quand il tombait sur quelqu'un qui lui résistait, le confrontait, lui mettait le nez dans sa merde, le provoquait parfois volontairement pour repousser ses limites, le cocktail ne pouvait qu'être explosif !

Werner Herzog était cet homme-là !
Il savait ce qu'il voulait, et voulait l'obtenir à n'importe quel prix. Il utilisait le caractère si particulier de Kinski pour colorer ses oeuvres de l'arc-en-ciel de l'âme humaine, et malgré des rapports parfois d'une violence inouïe, à deux doigts de dégénérer gravement, sa collaboration avec son frère ennemi s'est étendue sur 5 films. 5 films qui se sont nourris de la folie de 2 êtres aux égos démesurés, faits pour s'affronter, interdépendants, qui ne seraient probablement pas aussi riches si les rapports avaient été moins passionnels, enragés...

Kinski était fou, complètement fou, gravement égocentrique aussi, mégalomane, mais terriblement génial !
Entre les mains d'un cinéaste de série Z il pouvait être simplement "décalé" à l'écran, entre les mains d'un artiste, il donnait la substance la plus pure de lui-même, faisait exploser son inspiration. Herzog était fasciné par ce démon si talentueux, qui seul savait rendre les émotions humaines dans leur forme la plus brute, la plus intuitive.

Le documentaire est très intéressant, montre des séquences où l'on voit Kinski déraper qui sont tout simplement stupéfiantes, mais il met en lumière également des aspects de conception passionnants, aborde et développe les thématiques des films, revient sur des difficultés de tournages parfois quasi inhumaines, et pas toujours dues au monstre blond, et démontre à quel point le paradoxe qui veut que l'amour et la haine ne soient pas si lointains l'un de l'autre, n'est pas qu'une légende...

Malgré tout, Werner Hezog présente un film qui pêche un peu par manque de rythme, et qui, malgré la volonté évidente d'être exhaustif, laisse parfois l'impression qu'il reste des zones d'ombres.
Mais peut-être suis-je trop curieux tout simplement, ces relations étant finalement tellement fascinantes et quasiment uniques dans le cinéma... De manière aussi prolongées en tout cas...

Si Herzog dépeint Kinski sans langue de bois, on détecte pourtant une certaine tendresse dans certains de ses propos. On sent que c'était sûrement LA rencontre de sa vie... et que quelque part il lui manque...
Ami, Ennemi ? Herzog a semble-t-il en tous cas perdu une partie de lui même le 23 Novembre 1991...

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