Grave

Pour un premier long-métrage, la réalisatrice Julia Ducournau fait très fort en développant ce récit initiatique sombre autour d'une adolescente qui va être brutalement confronté à ce passage vers l'âge adulte qui s'accompagne en plus d'un troublant héritage génétique. 

On peut parler de film hybride dans le sens qu'on est parfois proche d'un drame social et d'autre fois plus d'une histoire d'horreur. La synthèse est pourtant bien orchestrée, rendant le tout bien cohérent et d'un réalisme malaisant. 

L'épicentre du film est bien sûr la relation de Justine avec sa grande soeur, les deux fréquentant la même fac et évoluant de manière radicalement différente malgré un secret et un attachement commun. La scène de lutte entre les deux soeurs est un moment culte du film, un affrontement d'une intensité féroce mais sans rupture entre les deux, gardant cette ambiguïté relationnelle jusqu'au bout dans un mélange amour/haine à la fois terrible et beau. 

Le récit appuie bien aussi les excès des bizuttages qui sont ici montrés par les nouveaux étudiants humiliés par leurs camarades, dans des séquences chocs et barbares. Les profs ne sont pas non plus dépeints sous leurs meilleurs aspects, ayant une présence quasi-fantomatique à l'histoire comme si la fac était avant tout l'espace de cette jeunesse entre deux phases de son existence qui s'y livrait à des excès sans restriction. 

La mise en scène est impeccable, les jeux de couleur et le choix du cadrage renforçant l'immersion visuelle. 

À la fois brutal et poétique, un film choc qui présente le cannibalisme au travers d'une nouvelle approche humaniste par le biais de l'adolescence. 

Tout est montré de façon brute de décoffrage.

Je comprends l’interdiction aux moins de 16ans, pas pour des scènes gore ou autre visuel d’hémoglobine à outrance, mais plus sur les thèmes abordés comme la décadence, sexe, drogue, violence, alcool, etc… d’une certaine jeunesse ou la transition si brutale (et là clairement montrer en plein dans notre rétine) du passage de l’innocence enfantine aux démons qui habite l’âge adulte ...sauf le cannibalisme bien-sûr…enfin je crois…miam…

Il y a de ces films qui te mette mal alaise de par ses scènes glauques, malsaines et criantes de vérité, Grave en fait partie