Under the Skin

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Portrait de Gory Freddy Gory Freddy
I am Legend - 1952 critiques
publié le 12/07/2014 - 15:51
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Le culte du vide

Il est de bon ton, pour faire bonne figure en société, de s'extasier devant le dernier film d'Ôteur incompréhensible, creux et vaniteux.
Mais paraître plus intelligent que la masse en faisant semblant d'avoir vu une myriade de symboliques en carton-pâte, vécu toute un panel d'émotions pouêt-pouêt aussi vaines qu'obscures, je m'en fous un peu.
Je me remettrai aisément de ne pas faire partie de "l'élite" qui se prosterne devant cette chose, comme des sauvages n'ayant pas encore découvert le feu adoreraient sans condition un OVNI par total manque de recul...

1er plan: noir total de 30 secondes. Pas de son. Ensuite une vague musique se fait entendre, et puis on arrive enfin à des images: des effets psychés branlatoires qui donnent le ton du film. En moins d'une minute, on devine quel sera-t-il...
Sachant d'avance que j'avais à faire à un film de SF auteurisant genre "L'Homme qui Venait d'Ailleurs" (The Man Who Fell to Earth - 1976), je fais tout pour rester dans de bonnes dispositions. C'est pas "Star Wars" que je suis venu voir, mais un film "intelligent"... Faisons l'effort alors, je décide de m'accrocher, de trouver la moindre qualité, de tout remettre dans son contexte et d'y trouver un sens.
Seulement n'est pas Nicolas Roeg qui veut, encore moins Stanley Kubrick (On pensera à "2001"); ce film n'est qu'une vaste masturbation qui, comme c'est par essence le cas, ne fait vraiment plaisir qu'à celui qui se la fait, et frustre rapidement les éventuels témoins.

Le scénario est totalement inexistant. Des histoires commencent, puis s'arrêtent sans résolution ni lien cohérent avec la suite. Des personnages entrent, sortent sans autre intérêt que de faire partie du périple de l'héroïne. Mais en fait jamais de continuité, de liens réels dans tout ça.
Tout repose sur "l'expérience" de cette extra-terrestre déconnectée des émotions humaines, et de ce qu'elles impliquent, jusqu'à en connaître quelques unes par le fruit de rencontres hasardeuses et dramatiques, d'où évolution, humanisation... Et blah blah blah, Emocheune à-deux-balles... En fait le réalisateur ne se fout pas de votre gueule, il vous laisse "interpréter comme vous le voulez", c'est ça tout le bouleversifiant de la chose...

Les foutaises habituelles quoi... Je fais un plan sur un oeuf, je pars pisser 3/4 d'heure en laissant tourner la caméra, et le spectateur averti y verra bien sûr une géniale transposition d'un monde encore tout jeune et fragile prêt à s'extraire de sa coquille et vivre des expériences nouvelles dans l'inconnu (poil au c**!)...
Je peux inventer plein de conneries à partir d'un plan sans queue ni tête qui s'étire en longueur à en mourir. On peut tous le faire. Mais il arrive un moment où il faut arrêter de parler "d'expérience sensorielle" là où il n'y a que du vide, de voir de l'Art quand il n'y a que vacuité...

Un ami qui m'accompagnait, et qui est rentré "dans le trip", m'expliquait que c'était un peu comme de l'Art Contemporain. En gros c'est génial mais on ne le sait pas !
Un type à mis deux bananes avariées dans une couche-culotte, et soudain toutes sortes de symboliques extrêmement puissantes sur la sexualité infantile sont censées nous sauter aux yeux.
Sauf qu'il arrive un moment où les fausses symboliques ne touchent que leur créateur (et j'insiste sur le terme "créateur") et les éventuels intellects surpuissants en mal de reconnaissance, et que le vide n'appelle que le vide.

Le scénario tient sur un ticket de métro. Il n'a pas de réelle continuité et logique hormis un périple alien où l'héroïne totalement déshumanisée expérimente certaines émotions difficilement compréhensibles pour elle, au gré d'un périple hasardeux filmé quasiment comme un documentaire.
Et bien sûr, vu que c'est présenté comme un quasi documentaire, filmé sous Prozac caméra posée sur la queue d'une vache, on doit se sentir obligé de ressentir un aspect "vérité" totalement choc, une expérience unique au plus près de l'Ultimaiïte Emocheune.
Sauf qu'à part m'ennuyer à mourir, je n'ai quasiment pas ressenti quoi que ce soit. Le reste pour moi, désolé mais c'est de la branlette !

Durant la projection certains sont sortis. D'autres à la fin ont applaudit. J'ai cru à une blague au départ et j'ai failli faire de même pour rigoler... mais non c'était du sérieux, et des masos sont même restés pendant tout le générique...
Alors ont-ils vécu une expérience extraordinaire ? Oui à en entendre s'extasier certains en y trouvant toutes sortes de significations surpuissantes. Mais je crois plus qu'il y a pas mal de snobisme intellectuel, qu'il est parfois difficile de reconnaître que l'on a vu que du vide, et que c'est justement sur ce vide qu'il est parfois plus facile d'inventer tout et n'importe quoi que sur des oeuvres plus accessibles.

Personnellement je trouve trop facile de balancer à la tête du spectateurs des morceaux d'histoires aux cohérences douteuses, et après le laisser "libre d'interpréter", d'utiliser le principe de la caméra-reportage (c'est quasiment ça ici) pour donner un soi-disant fond à un film creux et lui donner une hypocrite caution intellectuelle par une lenteur pesante, interminable, "censée" suggérer toutes sortes d'émotions "à-fleur-de-peau".
Il arrive un moment il faut juste arrêter de prendre les gens pour des imbéciles et prétendre avoir fait une oeuvre suggestive, quand c'est le vide qui donne libre cours à l'imagination des spectateurs pris en otage.
Il faut arrêter aussi de justifier des dialogues complètement débiles, écris avec des pieds palmés, par le fait qu'on est dans la vérité la plus pure, le quotidien le plus élémentaire, etc etc...

La médiocrité est souvent dans le quotidien. C'est pas parce que je vais la transposer à l'écran avec une caméra qui tourne à vide que je vais pondre un chef-d'oeuvre.
Un vrai film, même expérimental, contient une vraie substance, pas de la naïve branlette de lycéen à la découverte de la vie.

Quant à Scarlett Johansson il paraît que c'est la meilleure interprétation de sa carrière ?
Là aussi il va falloir un jour arrêter de prétendre qu'une interprétation est géniale, subtile et fouillée dès que la personne tire la tronche du début jusqu'à la fin, avec pour seule expression un regard vitreux ou ahuri. Pour ma part je ne pense même pas qu'on puisse parler "d'interprétation". Pas que cette actrice soit mauvaise... Mais y'a rien dans le rôle, c'est tout.

Oui cet alien hermétique au départ aux émotions humaines en fait l'expérience au gré de quelques rencontres particulières. Mais c'est un peu facile parti de ce pitch simplet et mille fois éprouvé, de tout justifier, y compris le calvaire d'un télespectateur qui a fait le tour de la question bien avant la fin !!!

Reste, avouons le, quelques belles images: Les silhouettes sur fond blanc du début, l'étonnante déferlante de vagues pour le segment sur la plage, les effets visuels simples mais efficaces des hommes qui s'enfoncent dans un liquide tandis que l'héroïne continue de reculer, le superbe plan d'une victime piégée dans le liquide qui regarde son étonnant bourreau continuer d'évoluer au-dessus, quelques paysages...). Le tout perdu dans un ensemble à la photographie sombre, laide et déprimante, sûrement voulu pour ajouter à "l'expérience-vérité" et toute la branlette emballée avec... Pffffffffffffffff... Encore la médiocrité justifiée par des balivernes intellos... Faciles, mais on n'a pas le droit de le dire sinon on n'a rien compris, n'est-ce-pas ?
J'ai pas mis 0 à cette chose qui se veut film, à cause de ces quelques fulgurances... et aussi parce qu'on ne peut pas mettre 0 ici...

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