Alice au Pays des Merveilles

Pour résumer, Alice au pays des merveilles de Tim Burton n'est pas un produit burtonnien par excellence, mais un bon gros Di$ney agrémenté d'un zeste de burtonneries, avec les avantages et surtout les inconvénients que cela entraîne : on a ainsi affaire à une sorte d'"hybride" improbable, impossible (et pourtant ils l'ont fait...), inimaginable entre... l'univers sombre, fou et décalé de l'ami Tim, et l'univers conformiste, niais et ramasse tunes de Di$ney ! Le résultat de cette alliance n'est pas complètement mauvais (disons qu'il a le cul entre deux chaises), mais est franchement décevant. Feu et eau ne vont pas ensemble, on ne peut les lier...

Commençons d'abord par les facteurs qui plombent Alice aux pays des merveilles et en font une déception. A noter que ceux-ci viennent principalement du fait que le côté Di$ney du film l'emporte largement sur son côté burtonnien. Le scénario est sans aucun doute le meilleur exemple pour illustrer mes propos. Il s'agit ici d'un scénario 100 % Di$ney (Linda Woolverton au script... tout simplement édifiant !), or il se trouve justement que le scénario est le plus gros point noir de cet Alice au pays des merveilles (comme par hasard...). En effet, comment ne pas crier au scandale, à l'hérésie, à l'arnaque, quand on voit que l'histoire originale, unique et folle d'Alice in Wonderland de Lewis Carroll a été réduite ici à une banale histoire d'héroic fantasy digne du Monde de Narnia qui accumule tous les clichés vus et revus, usés et réusés jusqu'à la moelle, du genre (prophétie, guéguerre entre le Bien et le Mal,...) ? En plus d'être indigne de l'oeuvre de Carroll, le scénario est également indigne d'un Burton : pas original pour un sou, commercial, archi-prévisible, enfantin, manichéen à souhait,...

La seconde faiblesse d'Alice au pays des merveilles, se sont ses décors, certes beaux, mais grossièrement pompés sur les autres films de Tim Burton. On y retrouve ainsi les sculptures d'Edward aux mains d'argent, la forêt de Sleepy Hollow, le portail de la ville d'Halloween dans L'étrange Noël de Monsieur Jack, une partie de la chocolaterie de Willy Wonka,... A ce stade-là on ne peut plus parler de clins d'oeil mais bel et bien de recyclage certainement dû à un manque évident d'imagination de la part de Tim sur ce coup.

Enfin, pour terminer avec les faiblesses du film, je me contenterai de relever d'autres empreintes made in Di$ney parsemées ici et là, certes petites mais tout de même assez agaçantes : - La danse du Chapelier à la fin qui gâche complètement l'une des rares (je précise "rares" car il faut dire qu'Alice au pays des merveilles est assez pauvre en poésie et en émotions) scènes émouvantes du film, avec une sorte de morceau techno à gerber en guise de fond sonore ! - Une musique d'Avril Lavigne qui passe AVANT le score d'Elfman pendant le générique de fin ! Je n'ai rien de spécial contre Avril Lavigne et sa musique, mais vraiment... vraiment... du Avril Lavigne dans un Tim Burton, c'est totalement hors contexte, pas dans l'ambiance du tout, et inconcevable. Bref, encore une preuve que cet Alice au pays des merveilles est une pompe à fric : Di$ney a voulu vraisemblablement attirer le public adolescent en faisant cela... - Et enfin, même si cela n'a pas vraiment de rapport avec le film en lui-même, le fait que Johnny Depp figure en premier plan sur toutes les affiches et sur toutes les jaquettes comme si c'était lui le personnage principal est très gonflant. Je tiens à rappeler que le titre est Alice au pays des merveilles et qu'il se trouve que Mia Wasikowska est parfaite dans son rôle ! Ramasse tunes ! Ramasse tunes ce film j'vous dis ! :p

Bon, je pense avoir fait le tour sur les principaux défauts du film, peu nombreux au final mais non négligeables !

En ce qui concerne les éléments qui font de cet Alice au pays des merveilles un bon film malgré tout, on retiendra avant tout un casting parfait, chaque acteur jouant son rôle à la perfection. Mention spéciale à Helena Bonham Carter en Reine Rouge ! Tout simplement énorme ! Les différents personnages sont plutôt marrants et intéressants dans l'ensemble, mais la plupart sont sous-exploités, certainement dû au fait que la galerie de personnages soit pléthorique (c'est donc pardonnable...).

Les décors sont somptueux, bien que 70 % d'entre eux soient pompés sur d'autres films de Tim Burton comme je l'ai dit plus haut. Le château de la Reine Rouge et celui de la Reine Blanche sont de loin les plus réussis.

N'oublions surtout pas la musique de Danny Elfman - digne de celle d'Edward aux mains d'argent et de Batman returns - qui signe là l'une de ses meilleures BO. C'est bien simple, la musique tire à elle seule certaines scènes vers le haut ce qui n'est pas pour nous déplaire vu que cet Alice au pays des merveilles est loin d'être du grand Burton. Nul doute que le film aurait encore perdu en qualité sans la musique d'Elfman.

Enfin, je tiens à relever les quelques scènes et quelques éléments qui font plaisir à voir car ils nous montrent que le génie Burton n'est pas totalement mort : - La scène de la traversée des douves sur les têtes coupées : pas mal de voir ça dans un Di$ney ! - Quelques petites "scènes gores" très focalisées sur les yeux. - Une tentative de limiter un peu le manichéisme de l'histoire en faisant de la Reine Rouge un personnage plus sympathique et humain que celui de la Reine Blanche. - Le Jabberwocky doublé par le grand Christopher Lee.

Mais malheureusement ces arguments là sont trop légers et insuffisants pour faire d'Alice au pays des merveilles un Burton pur jus voire même un "Disney sauce Burton". Le côté manichéen et ramasse tunes de Di$ney l'emportant largement sur les quelques petites empreintes burtonniennes laissées ici et là le long du film...

Conclusion : Alice au pays des merveilles fait partie des films les moins bons de Tim Burton et est avec La planète des singes un "intrus" dans sa filmographie. Malgré tout, Alice au pays des merveilles reste un bon divertissement bien ramasse tunes agréable à regarder qui plaira tant aux plus petits qu'aux plus grands. Le problème c'est que de la part de Tim Burton on s'attendait forcément quelque chose de mieux qu'un simple divertissement commercial. Alice au pays des merveilles restera mémorable pour les fans de Tim Burton seulement grâce à la fabuleuse BO d'Elfman.

En espérant que le succès commercial du film permette à Tim de se ressaisir et de reprendre du poil de la bête, en se penchant notamment sur des projets plus personnels (avec Frankenweenie peut-être, même si c'est encore une fois en 3-D et produit par Di$ney, snif...). Wait and see...

Les décors sont beaux (aaaah !), la mise en scène est belle (c'est sur) et Johnny Depp assure (mais oui !) ? Et ben, commençons avec Depp. Rematez-vous Edward aux mains d'argent et passez ensuite à Alice, c'est carrement consternant de le voir cabotiner à ce point. L'univers d'Alice et la mise en scène sont du pur Burton ? Je n'ai pas du voir les même films car là où nous avions de décors fortement inspirés artistiquement pour des Batman, Beetljuice et même Big Fish, Alice derrière tout ca se retrouve en deça avec son niveau d'un direct-to-video à gros budget. Le pays merveilleux ne ressemble à rien visuellement , complètement vide et d'une pauvreté effarante. Sachant de plus que Burton n'a jamais été à l'aise avec l'ère numérique, il le prouvera avec son foirage d'effets spéciaux en nous balançant un terrain vague en CGI avec un château par ci, une forêt par la et une colline au milieu.

L'univers est du pur Burton, ouais p't'être qu'après un pack de roteuses on pourrait se l'imaginer ... en attendant un univers à la Burton est rempli de culot, ne manquant jamais de profondeur, et n'est pas superficiel, chose qu'est exactement cet Alice aux pays des merveilles ... c'est fou de voir Burton faire exactement l'inverse de ce qui a fait sa renommée.

L'actrice campant Alice est la seul actrice potable dans ce monde car la reine rouge ... c'te blague, marrant de voir comment Burton mélange tout ... Reine rouge du fait que s'il s'agissait vraiment d'elle, issue du livre "L'autre côté du miroir" (et non celui Alice aux pays des merveilles), elle n'aurait pas de cartes à son service mais des pièces d'échecs comme la Reine Blanche, tandis que la nous avons la reine de Coeur transformée en reine Rouge ... bref elle est carrément insupportable.

Le reste des personnages n'est qu'une mauvaises blagues, haut en couleurs, plaisants et déjantées ? Burton via son Mars Attack y arrivait cent fois mieux sans éprouver le besoin de faire cabotiner des acteurs affublés d'un maquillage de prostituées au rabais, avec un chapeau à la con.

Alors oui le film est sympa pour ceux qui n'ont que très peu d'admiration ou ne connaissant que très peu l'historique et l'aventure Burtonienne (les vrais eux ne peuvent pas cautionner ça) et certes son film a rencontré un franc succès, mais quel Walt Disney n'en n'a pas rencontré? (cela dit en France on a des goûts très douteux aussi ... la preuve "Plus belle la vie" existe toujours) Seulement pour l'instant, Burton n'est plus que l'ombre de lui même, étant devenu conformiste à mort obéissant à ses employeurs (chose qu'il ne cautionait jamais et qui le rendait si spécial et qui avait causé en partie son départ de chez Disney). Car avec Alice, il prouve ouvertement avoir laissé tomber ses fans de la première heure pour, en quelque sorte, devenir le zinzin de service chez les studio Disney.

Saluons tout de même le seul à être resté fidèle à lui même et avoir livré le seul point positif, non pas à mes yeux, mais plutôt à mes oreilles: l'inimitable et génialissime compositeur Danny Elfman.

Les acteurs sont très bons, bien intégrés dans leurs rôles respectifs ... mais il faudra noter malheureusement que les personnages de synthèse sont parfois meilleurs que les vrais acteurs ... ce qui est un comble tout de même ! Si Helena Bonham Carter est formidable ... l'actrice principale avec son nom impossible est faiblarde et blanche comme une morte ... Depp est un peu faible et manque aussi singulièrement de folie ... pour le chapelier toqué !!!

Le scénario est assez bon, reprenant tant les éléments des aventures d'Alice au pays des merveilles que ceux de la suite 'de l'autre coté du miroir' ... les rebondissements sont excellents, bien menés et correctement construits ... il faut aussi avouer que l'idée d'encadrer l'histoire du pays des merveilles dans un cadre purement habituel est plus que bienvenue et rafraîchissante ! Ce qui en outre apporte une finale plutôt belle aussi !

L'image est superbe, impossible de revenir là-dessus ... c'est coloré et noir tout à la fois, retrouvant ici une note Disney associée à une note Burton ... résultat : on se croirait dans les livres ! Il n'en reste que certains personnages sont moins bien réussis que d'autre mais bon, là, j'ergote !

Oserais-je dire enfin que si le résultat est psychédélique et que si les personnages présentent un grain fabuleux il manque encore malheureusement cette puissance de folie, cette imperception fatidique qui faisait la grandeur du livre et l'épuisante manifestation psychotique du dessin animé de Disney. Et si on est heureux de retrouver la reine de coeur et son quadrige de flamands roses de golf ... on est un peu perplexe devant le manque de coeur et de tête et l'emploi plutôt parcimonieux du lapin blanc, de la chenille (redevenue chenille par ailleurs !!!! mais tout est étrange au pays des merveilles) et du chat de Cheshire ...