Die Nibelungen (série de films)

Hagen tötet Siegfried an der Quelle

À la base, Die Nibelungen est inspiré par "La Chanson des Nibelungen".

"La Chanson des Nibelungen" ("Nibelungenlied" en allemand) est une épopée médiévale en moyen haut-allemand composée au XIIIe siècle.

Il s'agit de la version originale germanique d'une légende également attestée en Scandinavie par des contes danois ou islandais.
Redécouverte en Allemagne au XVIIIe siècle, elle y a été considérée durant deux siècles comme une épopée nationale décrivant la construction du pays.
Elle raconte les exploits de Siegfried, prince détenteur du trésor des Nibelungen, pour aider le roi burgonde Gunther à conquérir la main de Brunehilde, puis son mariage avec Kriemhild, la sœur de Gunther.
Son assassinat par Hagen initie une longue vengeance menée par Kriemhild et dont l'issue est le massacre des Burgondes sur les rives du Danube.

Le fondement de "La Chanson des Nibelungen", et plus généralement de la légende des Nibelungen, a été et continue à être l'objet d'un débat entre deux écoles de philologie, l'une réduisant la légende à un mythe, l'autre lui accordant une authenticité et une origine historiques.
Eugène Beauvois, au XIXe siècle, est de ceux qui acceptent comme source historique véritable le contenu de la légende des Nibelungen, telle qu'elle est transmise dans l'Edda de Snorri (texte littéraire en vieil islandais rédigé à partir de 1220 par Snorri Sturluson).
Ses thèses ont été sévèrement critiquées par Karl Bartsch, pour qui les rapprochements historiques sont fondés sur une méthode suspecte.
Pour Geneviève Bianquis également, le Nibelungenlied est l'assemblage d'éléments mythiques scandinaves et de données historiques vagues.
Si les philologues s'accordent sur l'existence de références historiques, ils hésitent à savoir si ce matériau a servi à façonner la chanson, ou si elles présentent quelque cohérence dans leur assemblage.
La question peut ainsi être résumée, comme le fait Régis Boyer:
« Sigurdr est-il un personnage historique qui est entré dans la légende, ou a-t-il existé un personnage de conte populaire immémorial, germanique ou indo-européen, auquel on a raccroché, à un moment donné, Sigurdr, en enrichissant progressivement son image d'apports fournis par d'autres héros ? »

Le contenu de "La Chanson des Nibelungen", en substance, nous a été transmis par bien d'autres sources, certaines islandaises telles la "Völsunga Saga" (saga légendaire nordique d'origine islandaise racontant l'histoire du clan Volsung au cours des générations. C'est une histoire d'aventures, d'amour et de tragédie datant du XIIIe siècle mais ayant des sources provenant de textes plus anciens, comme l'Ancienne Edda [Edda Poétique]) et les "Eddas" (deux manuscrits du XIIIe siècle fort différents qui constituent des compilations poétiques), d'autres danoises et scandinaves en général.
"La Chanson des Nibelungen" est, elle, la plus ancienne attestation de la légende en langue allemande.
Toutefois, les éléments merveilleux, notamment les divinités, sont absents de la version de "La Chanson des Nibelungen" au point qu'elle ne contient presque plus d'événements tout à fait surnaturels.
Elle est la compilation des poésies notamment scandinaves et leur succède véritablement.

Pour Albert Réville, l'idée générale de la chanson, qui est présente dans toutes les versions de la légende et que l'on retrouverait aujourd'hui encore chez les peuples celtes, est que la possession d'un grand trésor est toujours porteuse de malheur.
En effet, dans les mythes, l'or a un sens ambivalent. S'il est le métal noble des rois, il symbolise également la séduction et la corruption, notamment lorsqu'il est détenu par la femme.
C'est le cas dans la Völuspá scandinave, où la magicienne Gullveig (Ivresse de l'or) vient troubler les Ases et déclencher la première guerre.

Pour Jean-Paul Allard, l'or du Rhin, en accord avec les représentations du paganisme germanique ancien, est avant tout le symbole de la souveraineté magique et sacrée qui caractérise la royauté.
Un interdit pèse dans la mythologie des anciens Germains sur l'or conçu comme moyen et véhicule d'une richesse matérielle et marchande.
L'or, symbole du pouvoir, ne devait en aucun cas être dépensé pour pourvoir à des besoins d'ordre matériel.
Convoité, dérobé et dissimulé par Hagen dans l'intérêt exclusif de son roi Gunther, il conserve le caractère d'un motif traditionnel imaginé quelques siècles auparavant.

Il s'agit là d'un motif indo-européen.
Dans ces mythologies, l'or est plus particulièrement associé à l'eau, il est en effet issu des paillettes transportées par les rivières.
L'or a pour destinée tragique d'être dérobé à un génie des eaux, tel l'anneau d'or d'Andvari dans la légende scandinave, de quitter son séjour premier pour devenir porteur d'une fatalité néfaste avant d'être restitué aux eaux dans lesquelles il reposait.
L'or selon le formulaire traditionnel indo-européen est le « feu des eaux ».
Pourvu d'une double signification comme symbole de souveraineté et enjeu d'un drame cosmique, la « flamme de la source » provoque une suite d'affrontements tragiques jusqu'au moment où il est rendu à l'élément dont il est issu.

Pourtant, dans le Nibelungenlied, ce thème s'affaiblit pour laisser place à la fidélité, celle de la femme envers son mari, du vassal envers le suzerain, des hommes envers leur devoir.
Cette importance donnée à la promesse, au lien d'homme à homme, est révélatrice d'une société déjà organisée par le droit féodal.

Le Nibelungenlied fait sans ambiguïté référence à des personnages historiques qui ont joué un rôle durant les migrations des peuples germaniques, notamment les Burgondes, un peuple germain venu de la mer Baltique et installé en 413 sur la rive gauche du Rhin comme « fédéré », lié par un fœdus qui en fait un allié militaire de l'Empire romain.
Le territoire dévolu aux Burgondes s'étend alors de Mayence à Strasbourg sur la rive gauche du Rhin, avec Worms comme capitale. Les Burgondes doivent garder la frontière rhénane et reconnaissent la suprématie de l'Empire.
En 436 ou 437, Gondicaire, voulant élargir les frontières de ses domaines, envahit avec ses Burgondes la province de Première Belgique.
Le patrice Aetius, dont les troupes comportent des mercenaires hunniques, inflige aux Burgondes une grave défaite qui anéantit presque totalement leur armée. Gondicaire y perd la vie.
En 443, les Burgondes survivants, sous la direction de Gondioc, fils de Gondicaire, sont déportés en Sapaudia (région située vers le Jura) avec pour mission de stopper les Alamans. Les Burgondes se joignent en 451 aux armées impériales afin de combattre Attila.
On constate que la liste des rois burgondes présente des similitudes nettes avec les noms apparaissant dans la Chanson des Nibelungen.
En particulier, le code burgonde appelé « loi Gombette » cite le nom des ascendants de Gondebaud, roi à la fin du Ve siècle et au début du VIe.

D'autres évènements historiques intéressants pour la Chanson sont:
. le personnage d'Attila, mort le jour de ses noces avec la princesse burgonde IIldico en 453,
. le conflit entre les reines mérovingiennes Brunehaut et Frédégonde, qui inspire la rivalité entre Kriemhild et Brunhild.
Siegfried serait inspiré par Sigebert, époux de Brunehaut, assassiné en 575 à l'instigation de sa belle-sœur Frédégonde, mais aussi par Arminius, chef de la tribu des Chérusques.

Mais il n'existe pas de concordance historique entre l'ensemble de ces éléments.
Ainsi, l'évêque Pilgrim de Passau a vécu plus de cinq siècles après Attila.
Si la rivalité entre les deux reines Brunehaut et Frédégonde a servi de fond au Nibelungenlied, c'est au prix d'une inversion de leurs époux, dans la mesure où Sigebert était le mari, non de Frédégonde, mais de Brunehaut.
De même, Théodoric le Grand, qu'incarne Dietrich de Vérone, est né en 449, et ne peut avoir participé à la bataille.
Tous ces éléments historiques sont donc de vagues souvenirs raccrochés à une légende.

Le texte du "Chant des Nibelungen" est connu grâce à plus de trente-cinq manuscrits allemands, dont seulement dix complets.
Le manuscrit le plus récent date du XVIe siècle, transcrit "lAmbraser Heldenbuch" commandé par l'empereur Maximilien Ier (manuscrit D).
Par la suite, le Nibelungenlied est presque oublié, ne faisant l'objet d'aucune impression avant l'époque contemporaine.

Les trois manuscrits complets les plus anciens, considérés comme les plus importants, sont, depuis les travaux de Karl Lachmann, désignés comme suit :
. Manuscrit A (Manuscrit Hohenems-Münchener): datant de 1280 environ, il est redécouvert en 1779 dans la bibliothèque des comtes de Hohenems par Franz Joseph von Wocher, puis vendu à la bibliothèque de la cour de Bavière où il est encore conservé. Il est constitué de soixante feuillets de parchemin et contient le Nibelungenlied dans sa version la plus courte, "La Plainte" et "Das Buch der Vollkommenheit".
. Manuscrit B: il est contenu parmi d'autres œuvres dans le "Codex Sangallensis 857" qui date du second tiers du XIIIe siècle. Conservé par l'historien suisse Aegidius Tschudi au XVIe siècle, il est vendu au prince-abbé de Saint-Gall en 1768. Il est accompagné notamment de "Parzival" et de "La Plainte".
. Manuscrit C: contenu dans le "Codex Donaueschingen 63", celui-ci est redécouvert le 29 juin 1755 par Jacob Hermann Obereit dans les archives de la bibliothèque du Château de Hohenems. Il est donné en 1807 au juriste Michael Schuster, puis acheté en 1815 par le collectionneur Joseph von Lassberg. À sa mort, en 1855, le manuscrit est transféré à Donaueschingen dans la bibliothèque des princes de Fürstenberg. Depuis 2001, il est conservé à la Bibliothèque nationale du Bade-Wurtemberg, à Karlsruhe.
En 2008, ces trois manuscrits ont été proposés par la Bibliothèque nationale de Bavière au programme de l'UNESCO « Mémoire du Monde », auquel ils ont été inscrits en 2009. À ce titre, le Nibelungenlied devient le premier exemple de la poésie héroïque à être inscrit au patrimoine mondial.

Dans les manuscrits, le Nibelungenlied ne porte pas de titre.
Le nom actuel vient du dernier vers par lequel se terminent une partie des manuscrits:
hie hât daz mære ein ende
daz ist der Nibelunge liet
(ici s'achève l'histoire
c'est le chant des Nibelungen)
Le mot « liet » en moyen haut allemand n'a toutefois pas le sens actuel de Lied actuel (chant), mais bien plutôt de Dichtung (poème). Une assimilation a été effectuée afin de donner au texte le titre qu'il a aujourd'hui.
Le mot « Nibelungen » est probablement l'adaptation en haut allemand de Niflungar, le mot norrois servant à désigner, dans les textes scandinaves, les membres de la famille de Niflung, à laquelle appartiennent Gunther et Hagen
Le mot « Niflung » (de l'islandais Nifl : « brouillard ») serait quant à lui un emprunt au moyen bas allemand Nevelingen. Il désigne donc « ceux qui vivent dans les brouillards ». Nibilung a d'ailleurs été un nom de famille connu chez les Burgondes et est aussi attesté chez les Francs, où les Nibelungides sont une famille de la noblesse franque, et où il existe aussi un usage toponymique.
Nibelungen peut être également rapproché du nom de la ville belge de Nivelles, dont le nom flamand Nyffels rappelle particulièrement la dénomination norroise. Il est possible que la maison des Nibelungides y ait régné. Le terme servait d'ailleurs à désigner les Francs arrivés sur le Rhin après la fuite des Burgondes.
Dans l'introduction à leur traduction de la Chanson des Nibelungen, Maurice Colleville et Ernest Tonnelat supposent que le nom Nibelungen est, dans la deuxième partie du poème, appliqué aux Burgondes parce qu'ils étaient devenus les détenteurs du trésor du roi Nibelung.

En savoir plus:
https://fr.wikipedia.org/wiki/Chanson_des_Nibelungen

Image de présentation:
"Hagen tötet Siegfried an der Quelle" (Hagen tue Siegfried à la source) de Julius Schnorr von Carolsfeld (1847).

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Liste des films

Les Nibelungen: La Vengeance de Kriemhild

Les Nibelungen: La Vengeance de Kriemhild (1924)

Kriemhild n'a pas pu oublier Siegfried et son lâche assassinat par Hagen de Tronje, qui reste le protégé du clan des Burgondes et s'est approprié le trésor des Niebelungen qu'il a caché dans le Rhin.
Le margrave Ruediger von Bechlarn lui apporte la demande en mariage du roi Etzel (en français Attila): elle l'accepte....

Les Nibelungen: La Mort de Siegfried

Les Nibelungen: La Mort de Siegfried (1924)

L’audacieux et intrépide Siegfried se rend au château du roi Gunther.

En chemin, il tue un dragon et un roi nain maléfique, gagnant ainsi un trésor et un casque magique d’invisibilité et d’illusion.
En échange de la permission d’épouser la sœur de Gunther, Kriemhild, Siegfried accepte d’utiliser le casque pour aider le faible...

Le Chevalier Blanc

Le Chevalier Blanc (1957)

Le jeune Sigfrid est confié au nain Mime à la mort de sa mère.
A l'âge adulte, il se forge lui-même son épée, et part combattre le dragon qui lui permettra d'acquérir l'invulnérabilité...

La Vengeance de Siegfried - Première Partie

La Vengeance de Siegfried - Première Partie (1966)

Terminant son initiation chez le nain Mime, Siegfried se forge une épée, et va tuer le dragon Fafnir, se baignant alors dans son sang pour acquérir l’invincibilité.
Mais une feuille de frêne se colle sur son dos, lui laissant une partie vulnérable.

Il se rend ensuite à la cour des Burgondes, chez le roi Gunther, où il va tomber...

La Vengeance de Siegfried - Deuxième Partie

La Vengeance de Siegfried - Deuxième Partie (1967)

Kriemhild n'a pas pu oublier Siegfried et son lâche assassinat par Hagen von Tronje, qui reste le protégé du clan des Burgondes.

Elle accouche d'un enfant conçu avec Siegfried.
Elle décide également de distribuer l'or du trésor des Nibelungen, hérité de son époux, à la population. Mais, son trésor est volé par Hagen...

Die Nibelungen

Die Nibelungen (1967)

Siegfried, un héros intrépide, quasi invulnérable grâce à un bain de sang de dragon, peut aider le roi de Bourgogne Gunther à vaincre l’invincible Brunhild.
Une cape de camouflage l’y aide et il finit par épouser la vaillante sœur de Gunther, Kriemhild.

Quand Brunhild déclare que Siegfried est responsable de sa défaite, celui-ci...

Das Schwert der Nibelungen

Das Schwert der Nibelungen (1976)

Terminant son initiation chez le nain Mime, Siegfried se forge une épée, et va tuer le dragon Fafnir, se baignant alors dans son sang pour acquérir l'invincibilité.
Mais une feuille de frêne se colle sur son dos, lui laissant une partie vulnérable.

Il se rend ensuite à la cour des Nibelungen, chez le roi Gunther, où il va...

Der Ring des Nibelungen

Der Ring des Nibelungen (1980)

Au fond du Rhin repose l'Or, gardé par trois ondines (les filles du Rhin).

Le Nibelung Alberich, en voulant séduire l'une de ces sirènes, attise par son comportement et son empressement les moqueries de ces dernières.
Par déception, et parce qu'il sait qu'il ne fera rien de cet or sans cela, Alberich maudit l...

Die Nibelungen

Die Nibelungen (2002)

Siegfried von Xanten est un courageux jeune homme qui va connaître un destin glorieux en aidant le Roi Gunther à vaincre son ennemi, et dont le destin tragique appelle à la vengeance...

L'Anneau Sacré

L'Anneau Sacré (2004)

Un mal puissant ronge le royaume de Burgondie: le redoutable dragon Fáfnir.

Armé de sa seule épée forgée dans le métal des dieux, le Prince Siegfried part affronter le terrifiant dragon pour prouver son courage et réclamer son or aux Nibelungen.

Mais le trésor du dragon cache une terrible malédiction qui met non seulement le...

Jason71 : Ne connaissant guère les légendes germaniques j'ai apprécié ce film sans chercher à comprendre s'il respectait oui ou non les traditions scandinaves mais cela donne au fond une glorieuse réalisation avec un bon casting (Robert Pattinson, Kristanna Loken, Julian Sands) et malgré la durée on reste dans le rythme du film. A voirLire la suite

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