Critiques spectateurs de Dante_1984

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Le Roi des Ronces

Le Roi des Ronces

En 2012, un virus ravage la population. Les autorités sont incapables de fournir un vaccin. Aussi, le virus emporte des millions de vies. Pour tenter de sauver l'espèce humaine, un groupe de 160 personnes est cryogénisé dans l'espoir d'être soigné lorsqu'un remède sera découvert. Le Japon a toujours été une terre fertile en matière d'oeuvre originale et fascinante. Le pays du Soleil levant dispose d'un savoir-faire unique quand il s'agit de mélanger l'émotion à l'émerveillement dans un film d'animation absolument somptueux. Le roi des ronces ne déroge pas à la règle. Un voyage dans un imaginaire à la fois enchanteur et débridé est sur le point de commencer.

Ce qui frappe de prime abord avec Le roi des ronces est son ton résolument pessimiste et réaliste sur notre avenir. Suicides collectifs, crise sociale, c'est dans un contexte brinquebalant que nous évoluons et il n'aura fallu qu'une simple étincelle pour mettre le feu aux poudres. En l'occurrence, un organisme microscopique qui pétrifie ses hôtes. Le scénario est habile, travaillé et intelligent. Ses propos ciblent un public mature et quelques séquences violentes finissent de parachever cette impression. À mi-chemin entre le film d'anticipation et la fantasy la plus audacieuse qui soit, Le roi des ronces est une odyssée entre le réel et l'imaginaire sans jamais savoir où commence l'un quand l'autre se termine.

La survie est une donnée clairement établie à travers le comportement de certains personnages, mais ce qui frappe une fois la seconde partie amorcée, c'est cette abnégation que font preuve les protagonistes pour s’'entraider dans un univers qui n'a rien de rassurant. Pas d'héroïsme suicidaire ou de mièvreries mal placées, simplement un groupe de survivants qui essayent de vivre tout en se sachant condamner à l'avance (par le virus). Dès lors, on parvient à s'identifier à l'un ou à l'autre. Il n'y pas de personnage principal ou de héros, mais une palette de points de vue différents sur un événement particulier à la fois extraordinaire et étrange.

Alors que les grands studios occidentaux continuent à se morfondre dans une course à l'image de synthèses où leurs productions sont majoritairement une vitrine technologique, le Japon persiste et signe dans une animation « classique » avec des teintes et des environnements détaillés. Un visuel accrocheur, presque hypnotisant, qui nous emporte les méandres de château avec une rare immersion. Changement d'ambiance, contraste plus ou moins accentué, les animateurs multiplient les tours de forces pour nous offrir une véritable oeuvre d'art inspirée. Mais il ne faut pas s'arrêter à son indéniable beauté, Le roi des ronces est également un film aux ramifications complexes sur ce que représente la vie et la part d'illusions qui englobe chaque existence de cette planète. Des propos philosophiques qui ajoutent de l'épaisseur à un récit original, intrigant et fascinant.

8.2

Publié le 8 Juillet 2011

Mega Python Vs. Gatoroid

Mega Python Vs. Gatoroid

Dans une petite ville tranquille des États-Unis, des serpents échappés d'un laboratoire se reproduisent à une vitesse exponentielle. Sur leur chemin, les hommes bien sûrs, mais également des alligators géants en rogne. Depuis quelques années, les films de Mary Lambert ont perdu de leur superbe. Après l'inoubliable Simetierre, une suite moins séduisante et d'autres productions relativement minimes, la réalisatrice vient de sombrer irrémédiablement au fond du trou avec ce Mega python Vs Gatoroid. Un affront au bon goût dans tous les sens du terme. On a peine à croire qu'elle est à la barre de cette catastrophe ambulante.

On ne présente plus les films SyFy et Asylum. Aussi, lorsqu'ils s'associent, ce n'est pas pour le meilleur, loin s'en faut. Avec la série des Mega shark, Mega piranha, Asylum avait haussé le niveau de connerie à des sommets galactiques. On ne change donc pas une recette qui ne fonctionne pas, on reprend sensiblement des ingrédients similaires à ces autres nanars du même gabarit, mais cette fois-ci en faisant affronter un serpent géant face à un alligator géant. Difficile de trouver un quelconque attrait à cette sombre idiotie, quand bien même vous déciderez de le regarder second degré. Tout y est pathétique.

On commence par nos deux intéressés qui se vouent une bataille féroce à travers des scènes épiques dignes des plus grands... En fait, pas du tout. Les deux bestioles sont aussi molles que moches. Un amas d'images de synthèse grossières mal incrusté à l'écran qui éprouve des difficultés à digérer quelques hors-d'oeuvre de la campagne. Il n'y a même pas la moindre petite goutte de sang pour nous contenter (ou alors très peu). Des trucages minimalistes qui font vraiment de la peine à voir. En comparaison, on pourrait presque penser que les anacondas de monsieur Fauntleroy font figure de reptiles hyper-réalistes.

Rien de bien neuf sous le soleil décérébré de deux firmes qui usent jusqu'à la corde un concept déjà à l'origine peu avenant. Mais que serait un bon vieux nanar sans sa brochette d'acteurs à la masse qui cabotine un maximum dans des rôles à la consistance d'une tranche lyophilisée de maïs ? Indigeste de but en blanc tant sur le montage, la mise en scène que les effets spéciaux, nous voici en présence d'une nouvelle perle innommable qui multiplie les bavures à la vitesse grand V. Qui sait, cela pourrait devenir une philosophie à part entière dans quelques années. Triste époque.

5.6

Publié le 8 Juillet 2011

La Traque / Proie

La Traque / Proie

Un groupe de chasseurs décide de nettoyer la forêt aux alentours de leur propriété. Néanmoins, les sangliers sont plus féroces que prévu et agissent en meute. Le chasseur devient la proie. Premier long-métrage de l'inconnu Antoine Blossier, La traque (ou Proie, c'est selon) reprend les stéréotypes même du survival animalier pour les retranscrire en terrain connu. Une initiative honorable, mais qui n'a rien d'innovant dans le fond. On songe notamment à Razorback ou le plus récent et déjanté Chaw. Cette incursion hexagonale entre deux références du genre sera-t-elle tirer son épingle du jeu ? Pas sûr.

Dès le départ, le rythme laborieux, presque redondant, donne le ton. Les séquences s'étirent plus que de raison sans que l'on y trouve un intérêt quelconque. La mise en place des protagonistes est beaucoup trop fastidieuse pour susciter notre curiosité. Dans le même cas, la caractérisation est également trop conventionnelle (le vieux chasseur bourru, le fils qui suit ses traces, le type qui n'a rien à faire dans l'histoire et enfin, l'enfoiré égoïste de service). Dès lors, La traque ne se révèle qu'une succession de scénettes qui font office de remplissage au lieu de créer une angoisse palpable à travers ce cadre pourtant prometteur.

Si la volonté de mettre en avant la forêt comme un élément menaçant, voire dangereux, le résultat est tout autre. Faute de budget conséquent, on nous octroie des hors champ qui se multiplient autant de fois que possible. Des buissons qui s'agitent, des feuilles qui bruissent, le nasillement des sangliers, c'est efficace dans les premiers instants, mais dans ce domaine, il aurait été préférable de céder à une violence plus visuelle pour ce sujet (la nature qui se rebelle contre l'homme). La suggestion n'est donc pas des plus judicieuses. Elle met plutôt en évidence les limites dont a souffert la production pour donner vie au projet.

Pas de véritables attentes pour ce film modeste. Il n'y a pas de surprise à se retrouver face à un survival animalier qui tombe très facilement dans les travers français. C'est-à-dire, une contemplation de mauvais goût, des choix artistiques passablement discutables (on excepte certains rendus de la forêt assez saisissante, mais pas tous) et un traitement du sujet principal alambiqué et maladroit. En ce qui concerne les sangliers, ils sont rares à l'écran, pour ne pas dire inexistants. Deux ou trois plans maximums, le reste n'est qu'une succession de nasillements et de végétations frétillantes. La traque est un film sans réelle ambition qui aura du mal à retenir l'attention.

6.88889

Publié le 6 Juillet 2011

Girl in 3D : Dominer ou Mourir

Girl in 3D : Dominer ou Mourir

Vicky accepte de devenir l'objet sexuel de Stu, son idole, contre rémunération. Seulement, elle est bien loin de se douter des penchants sadomasochistes de Stu. La situation dégénère rapidement lorsque la star du rock assouvit ses fantasmes les plus tordus. En général, quand le cinéma parle du milieu porno underground, c'est en des termes durs et sans concession. Il marginalise cet état de fait en dénonçant la perversité des différents intervenants. Avec Girl in 3D (il s'agit du numéro d'un appartement et non d'une image tridimensionnelle), le réalisateur montre l'envers du décor du showbiz et de leurs magouilles.

Pour appuyer de tel propos, l'histoire se ponctue constamment de petites statistiques mettant en exergue une criminalité toujours plus brutale et impitoyable. Plus de disparitions, plus de meurtres, plus de violences. À cela, ces mêmes incursions font voler en éclat les illusions que nourrissent les aspirants acteurs. Par exemple : 80 % des acteurs à Los Angeles sont au chômage. Si les faits sont éloquents, le film lui, l'est un peu moins. La faute à une trame narrative redondante et sans réel intérêt une fois les intentions clairement décryptées.

Les états d'âme artistiques de Stu succèdent à ses fantasmes scabreux et délurés. L'objectif : lui faire retrouver l'inspiration de ses grandes heures de gloire. Il ne reste plus qu'à ajouter quelques acteurs de seconde zone et l'on obtient un résultat médiocre qui bénéficiait pourtant d'un certain potentiel. Doté d'un budget relativement restreint, le film de Luis Aira pâtit des travers de ce genre de production. Autrement dit, une mise en scène inégale aux angles de caméras pas toujours adéquats ou judicieux selon les circonstances. On notera également un cabotinage évident ou un manque inhérent de talent de la part des interprètes.

Bref, Girl in 3D est un DTV relativement inconnu qui est condamné à le rester, et ce malgré quelques idées louables et intéressantes. Notamment de montrer avec quelle impunité les stars du milieu se sentent au-dessus des autres en les traitants comme de véritables objets. Girl in 3D mélange les codes du thriller et de l'horreur pour un résultat inégal qui le rapproche davantage du film érotique soft plutôt que du pamphlet dénonciateur des vies délurées des « people ». Il lui manque l'esthétisme de Flower and Snake et le côté dérangé, pestilentiel de 8 mm pour parvenir à se démarquer. Une tentative vaine, mais honorable.

4

Publié le 29 Juin 2011

Retour Mortel

Retour Mortel

Un journaliste est confronté à un tueur en série qui vient d'assassiner sa maîtresse. Bien décidé à le traquer jusqu'à ce qu'il soit arrêté, il va découvrir une vérité qui dépasse l'entendement. Auteur de la préquelle Cube zero, Ernie Barbarash aime à marier les genres en évoluant à la fois dans des gammes aussi éclectiques qu'inattendues. La science-fiction, le fantastique et l'horreur sont passés sous la houlette du cinéaste. Cette fois, il s'attelle au thriller en y incorporant un élément de dernière minute qui en désarçonnera plus d'un. Aussi, pour éviter tout spoiler malvenu, il serait préférable d'avoir vu le film avant de lire ce qui va suivre.

Tout débute par une entame somme toute classique dans le monde du thriller. Un psychopathe qui ne lésine pas sur les moyens pour tuer ses victimes, des plans rapprochés, une atmosphère qui fleure bon le pestilentiel et le glauque. Pas de doute, les codes du genre sont respectés, du moins dans un premier temps, mais nous y reviendrons par la suite. Pour l'instant, attardons-nous sur le déroulement de l'intrigue. L'ensemble manque de vigueur et de répondant. Certes, le rythme est plutôt soutenu et l'on ne s'ennuie pas vraiment. Toutefois, on a l'impression qu'il manque une certaine spontanéité pour homogénéiser le récit. Mis à part le charismatique Neal McDonough, le casting fait pâle figure. Même Cuba Gooding Jr incarne le personnage principal avec détachement et nonchalance.

Toujours est-il que les questions posées en début de film trouveront des réponses pour le moins... incongrues, compte tenu de la teneur des événements. Au lieu de nous fournir un postulat tordu qui aurait démontré une certaine habileté dans la mise en place de l'intrigue, le scénariste s'est amusé à noyer ses bonnes idées sous des arguments hautement improbables et hors de propos. De fait, la dernière partie sombre dans le fantastique (ainsi qu'un zeste de science-fiction) en exposant une théorie du voyage dans le temps qui ne convainc guère. S'attaquer à pareille thématique comporte nombre de concepts à incorporer dans la vie des personnages et le contexte des événements. Or, il n'est question ici que d'un subterfuge destiné à conclure le film à la va-vite.

Bref, Retour mortel aurait pu être un thriller modeste, mais plaisant. La réalisation demeure correcte et la présence de Neal McDonough apporte un poids indéniable au projet. Si les ficelles du genre sont respectées, inutiles de préciser que la suite est bien moins réjouissante que ne le laissaient paraître les premières intentions. Il en découle un métrage ambigu et maladroit qui ne sait pas véritablement sur quel pied danser. Fantastique, thriller ou même science-fiction, on se retrouve avec un melting-pot qui emprunte çà et là de multiples idées (prises indépendamment, elles sont plus que valables) sans jamais parvenir à donner au film une touche singulière et intéressante à exploiter dans le fond. Une curiosité handicapée par des lacunes qui aurait pu le révéler comme une excellente surprise. Malheureusement, ce n'est pas le cas.

6

Publié le 22 Juin 2011

Colic

Colic

Un jeune couple attend un heureux évènement. Pour élever leur fils, ils décident de se rendre à la campagne pour qu'il s'épanouisse pleinement. Mais le nourrisson ne cesse de pleurer pour on ne sait quelle mystérieuse raison et ce ne sont pas les multiples examens médicaux qui trouveront la clef de l'énigme. Dès lors, des bruits étranges et des phénomènes surnaturels entourent la demeure familiale. Seul et unique long-métrage de Patchanon Thammajira, Colic s'appuie en partie sur des faits réels, ce qui permet d'intriguer le spectateur sur cette histoire qui sort de l'ordinaire.

Pour ceux et celles qui s’attendent à une énième ghost story made in Asie sans saveur, qu’ils se rassurent Colic mérite toute l'attention qu'on lui porte. Certes, le scénario demeure sensiblement similaire à ce que l'on nous a déjà servi précédemment, mais il se démarque aisément des productions médiocres grâce à une mise en scène appliquée et des personnages plus que convaincants. Du casting réside une part non négligeable de la réussite du film. Nous sommes en présence de jeunes acteurs peu connus du grand public (et encore moins en Occident) plongeant dans un univers fantastique avec un talent certain.

Le cadre est posé, les interprètes bel et bien présents, il ne reste plus qu'à instiller à Colic une ambiance prégnante digne des références du genre. Difficile, mais faisable. Après un départ sans panache, l'on se laisse porter par les petits effets de mise en scène. Lancinante, presque imperceptible, l'atmosphère joue autant sur la suggestion (les présences invisibles) que sur une horreur plus visuelle, viscérale. Il s'agit de cet aspect qui retient notre attention. Une angoisse permanente qui, grâce à quelques astuces (les pleurs de l'enfant...), hante chaque instant du métrage. De fait, on demeure aux aguets, scrutant l'écran au moindre changement de ton.

Si Colic n'est pas foncièrement novateur dans le fond, il est suffisamment immersif pour procurer à son public quelques petits frissons bienvenus. En touchant au thème de l'enfance, plus particulièrement des premiers moments de la vie, le réalisateur dérange dans certains aspects (la scène du mixeur) pour mieux piéger son audimat. À cela s'ajoute le sujet de la réincarnation (et donc des croyances religieuses locales) si cher à cette frange du cinéma sans prendre toutefois le pas sur l'histoire principale. Il en découle une ghost story plaisante et rondement menée.

6.5

Publié le 17 Juin 2011

The Last Day

The Last Day

À travers le quotidien des habitants d'une ville côtière, une catastrophe sans précédent est sur le point de se produire. Un tsunami menace la Corée, mais les autorités demeurent sourdes aux avertissements des scientifiques, pourtant alarmistes. Un film relatant une catastrophe naturelle d'une pareille ampleur, ce n'est pas nouveau. Mais lorsqu'il provient de l'Asie et plus précisément de Corée du Sud, un petit détour s'impose pour constater de quoi il en retourne. La promotion fait étalage d'un habile mélange entre Le jour d'après et 2012. On est donc en droit d'attendre un film catastrophe digne de ce nom. Seulement, il faut se rendre à l'évidence : cette appellation est honteusement usurpée.

Dès le premier quart d'heure, on s'inquiète de la tournure des événements. Mis à part une introduction immersive qui nous brinquebale sur le pont d'un bateau en pleine tempête, l'action retombe aussi rapidement qu'elle est survenue. La raison est simple, le réalisateur s'appesantit sur le quotidien et les destins croisés des protagonistes sur l'avant-catastrophe plutôt que sur celle-ci. Certes, cela permet de trouver les personnages attachants, voire cocasses dans certaines situations, mais ce n'est clairement pas le propos auquel on était en droit de s'attendre. Pourquoi un tel procédé ? Sans doute pour justifier un happy-end digne d'Hollywood.

Après plus de 80 minutes de tergiversations, la vague arrive. Enfin ! Il faut reconnaître que les effets spéciaux sont assez saisissants, même si l'on peut repérer quelques ratés çà et là. 10 minutes où le chaos se déchaîne. 10 minutes où l'on s'immerge dans ses rues menacées par le tsunami. L'histoire se répète. On retombe dans la fadeur et les mièvreries de circonstances pour le dernier quart d'heure du métrage. Héroïsme inconsidéré, retournements de situations improbables et même incohérentes, rien ne nous est épargné. Le plus frappant est une deuxième vague qui s'abat sur les côtes (que l'on aperçoit des toits des gratte-ciel), mais qui ne perturbent pas nos valeureux survivants au sol alors que les immeubles sont touchés de plein fouet.

Bref, The last day aurait pu s'avérer une production très divertissante s'il n'y avait pas eu tromperie sur la marchandise. On se sent lésé par tant de facilités et de vaines promesses qui ne seront, à leur grande majorité, jamais tenue. Le réalisateur s'appesantit beaucoup trop sur les pérégrinations des personnages plutôt que sur l'intérêt principal du récit : le tsunami. Après l'avoir vu, on ne peut qualifier The last day de film catastrophe, même si les dernières minutes plagient et empruntent les pires clichés de ce genre au cinéma américain, prévalant l'amour patriotique et l'abnégation de soi-même au profit de la vie des concitoyens. Absolument pathétique dans le fond, seuls quelques effets spéciaux sympathiques sauvent cette production du naufrage total. Une publicité mensongère, tout simplement.

6.5

Publié le 2 Juin 2011

L'Invasion des Piranhas

L'Invasion des Piranhas

Une bande de voleurs cache leur butin au fond d'un lac en attendant que les autorités abandonnent l'enquête. Lorsqu’ils reviennent sur les lieux, le précieux coffre est fermement gardé par des piranhas affamés. Les productions de piranhas ne sont pas légion dans le paysage cinématographique. Après Piranhas de Joe Dante, c’est au tour de l'Italie de nous desservir un métrage aux allures de survival animalier qui n'en revêt que les apparats. En effet, L'invasion des piranhas se révèle davantage un film d'aventures très classique, plutôt qu'un joyeux festin pour nos amis les poissons rouges aux dents de rasoir.

D’emblée, le film accuse ses trente années d'existence. Outre ses effets spéciaux et ses subterfuges d'un autre âge, on remarquera des personnages qui sont terriblement plats. Les stéréotypes du baroudeur au flegme impénétrable, de la blonde ingénue ou de la tête à claques de service sont de la partie. Certes, pour une production des années 1970 cela peut passer, mais il en découle une certaine prévisibilité dans le bon déroulement de l'action. Le scénario, rafistolé avec deux bouts de ficelles, fait la part belle au hold-up et les conséquences qu'il engendre sur l'équipe de malfaiteurs, au lieu de se concentrer sur l'attrait principal du film : les piranhas.

Les petits carnassiers sont relégués au second plan et prennent l'allure d'un châtiment réservé aux « traîtres » plutôt qu'un fléau naturel qui s'abat sur la population locale. Qui plus est, on ne les voit que trop rarement. Quelques bulles, des images de véritables piranhas par-ci par-là, mais pas de gerbe de sang à l'horizon, du moins dans un premier temps. Hormis de fugitives giclées dans les derniers meurtres en fin de parcours, il n'y a pas grand-chose à se mettre sous la dent ; ce qui est bien peu pour une histoire sur ce sujet. À noter, des montages frénétiques et plutôt habiles compte tenu du peu de moyens alloués pour les trucages. Ils parviennent à limiter les dégâts en donnant à l'image un mouvement épileptique.

Bref, L’invasion des piranhas est une modeste production. Distrayante en la prenant au second degré, il ressort que le cinéaste s’appuie malheureusement beaucoup trop sur le hold-up (le point de départ) au grand dam des piranhas, faire-valoir dans un récit très prévisible. Pourtant, le film ne manque pas de rythme. Fluide et sans réel temps mort, il est difficile de s'ennuyer dans ce cadre exotique. L'intrigue demeure plaisante (sans être trop exigeant) et suffisamment bien menée par son casting pour procurer un spectacle sympathique, mais sans grande prétention. À découvrir en dépit de ses nombreux défauts et son côté kitch qui ne plaira pas forcément à tout le monde.

7

Publié le 31 Mai 2011

Street Fighter: La légende de Chun-Li

Street Fighter: La légende de Chun-Li

Chun-li a vu son père enlevé par des malfrats lorsqu'elle était enfant. Depuis, elle nourrit une insatiable soif de vengeance. À la mort de sa mère, elle se rend à Bangkok pour traquer l’association criminelle qui est à l'origine de la disparition de son père. Les adaptations de jeux vidéo au cinéma ne sont jamais de bons présages. Comme pour confirmer ses dires, la première adaptation live de Street fighter (Steven de Souza) était un nanar tant ridicule que lamentable. Pour tenter de ressusciter la franchise, Andrzej Bartkowiak s'y colle avec à son actif des films d'actions prévisibles, mais nerveux et bien menés, ainsi que la correcte adaptation de Doom (compte tenu du scénario de base).

Le traumatisme est encore vif dans nos mémoires. Street fighter est davantage réputé pour ses jeux vidéo proches de la perfection que pour sa pathétique incursion dans le septième art qui, soit dit en passant, n'a rien à envier au film Super Mario bros. Pourtant, les producteurs ne se découragent pas et reprennent le flambeau en faisant table rase du passé. Le cinéaste opte pour une approche plus « réaliste » du matériau originel. On conserve l'essence du jeu de combat (bien qu'il n'y ait pas de tournoi dans le scénario), quelques personnages emblématiques de la saga pour une série B qui reflète la filmographie de monsieur Bartkowiak. En d'autres termes, un moment distrayant où l'on ne s'ennuie pas, mais très classique dans le fond.

Même si l'on dénotera un certain effort en comparaison de ce qui avait été commis auparavant, La légende de Chun-li n'a rien à envier aux productions des années 1980. Un récit manichéen jusqu'au bout des ongles où il n'y a pas de demi-mesure ou ambiguïté sur les intentions de chaque protagoniste. En revanche, les chorégraphies sont assez convaincantes. À mi-chemin entre surréalisme et combat à l'américaine (bref et violent), la recette fonctionne. On serait simplement passé de quelques effets spéciaux kitch au possible. Au niveau de l'interprétation, les acteurs se tiennent plutôt bien. Pas de cabotinage à l'extrême ou des caricatures de mauvais aloi. La surprise vient tout particulièrement de Neal McDonough en Bison. S'il n'est nullement habitué à ce genre de rôle, il campe son personnage avec force et conviction. Étonnant.

Si La légende de Chun-li ne fera pas d'étincelles et que les éternels accros de la série conspueront au scandale éhonté, cette adaptation a le mérite d'ancrer le mythe Street fighter dans un contexte plus réaliste et moins saugrenu que son prédécesseur. On aurait pu s'attendre au pire, surtout après la récente sortie du misérable Tekken de Dwight Little. Il en ressort un film d'action qui reflète les aspirations de son metteur en scène : classique, mais relativement plaisant à regarder. Un film qui n'est donc pas la catastrophe pressentie, ni l'adaptation incontournable qui surprendra tout le monde. Simplement une production au-dessus des immondices que l'on nous offre depuis un certain temps lorsque l'on parle jeu vidéo et cinéma.

5

Publié le 25 Mai 2011

MegaMind

MegaMind

Après la très lucrative et néanmoins réussie saga Madagascar, Tom McGrath reprend du service avec Megamind, nouvelle production des studios Dreamworks qui met en scène un super-méchant répondant au nom mégalomaniaque de Megamind qui tente (en vain) de s'emparer de la ville de son éternel rival : Metroman. Lorsqu'il parvient à ses fins, tout ce qu'il a toujours désiré est à lui. Pourtant, la lassitude le gagne. Il décide donc de créer un autre super-héros pour se confronter à nouveau au bien. Mais ledit personnage est bientôt incontrôlable et plus méchant que notre génie du mal.

On l'aura compris, Megamind prend place dans un univers de super-héros et singe les codes du genre comme Monstres contre aliens l'avait fait magistralement en son temps. Ici, tout est dédié à l'amusement et à l'autodérision. Les stéréotypes foisonnent, mais qu'importe puisque c'est parfaitement assumé et volontaire. Outre les références inévitables qui vont de pair avec cet exercice, on retrouve une bande-son survitaminée qui accompagne le périple de notre super-méchant. Une fois n'est pas coutume, il s'agit de la « bête noire » (plutôt bleue) qui tient la tête d'affiche et non le bienfaiteur de la ville, ersatz de Superman.

Un choix au départ étonnant, mais qui confère à Megamind un soupçon d'originalité dans cet univers sans peur et sans reproche. Dreamworks oblige, la technique est au service du grandiloquent. Une animation maîtrisée où les protagonistes très marqués se fondent parfaitement dans leur environnement. Là encore, l'histoire est un savant mélange de tout ce que l'on exige d'un bon film d'animation ; a fortiori d'un studio aussi renommé. Tout est dans l'équilibre entre action démesurée et humour sans que l'un ne prenne jamais le pas sur l'autre. On reconnaît le savoir-faire des studios de monsieur Spielberg.

Bref, Megamind est une nouvelle réussite incontournable dans le paysage de l’animation. Drôle, décomplexé et parfaitement assumé, une production hommage aux films de super-héros d'antan qui ne manque pas de mordant pour toucher à la fois les grands et les petits. En s'orientant vers les hommages à des genres particuliers, Dreamworks continue sur sa lancée avec des films entraînants qui cible tant les adultes avec les multiples références à l'écran que les plus jeunes pour l'humour et la bonne humeur qui découle de leurs productions. Un incontournable de plus à mettre à l'actif des talentueuses équipes de Dreamworks.

7.66667

Publié le 23 Mai 2011

The Green Hornet

The Green Hornet

Britt, le fils d'un riche journaliste hérite de l'empire de son père quand celui-ci décède. Sa vie prend un tournant différent lorsqu'il rencontre Kato, employé inventif et génial à son service. Ensemble, ils mettent au point des gadgets aussi fous qu'invraisemblables et une voiture qui ferait passer celle de James Bond pour une trottinette. Ils sont bien décidés à combattre le mal qui règne dans les rues de la ville. Michel Gondry est surtout connu pour ses délires métaphoriques et visuels qui lui sont propres. La science des rêves étant un OVNI à part entière, c'est surtout son Eternal sunshine qui avait retenu mon attention. Avec The green hornet, il succombe aux appels des blockbusters made in Hollywood.

On remet donc au goût du jour une vieille série des années 1960 qui a eu le privilège de révéler au public le mythique Bruce Lee. Il faut reconnaître que la notoriété de la série télévisée au fil des ans a grandement joué sur la figure de l'acteur emblématique. Nul doute que sans sa présence, Le frelon vert prendrait la poussière dans les archives cinématographiques. Néanmoins, Michel Gondry ne retirera que l'idée originale. De fidèle, il n'y aura que les protagonistes de conservés ainsi que leurs costumes. Pour le reste, on ajuste leur voiture de 1 001 gadgets, on gratifie l'histoire de la très séduisante (mais très inutile) Cameron Diaz et le tour est joué.

Pour ceux qui espèrent retrouver l'esprit de la série ou un côté kitsch parfaitement assumé, il ne faudra pas s'attarder dessus. Comme si cela n'était pas suffisant, l'humour très teen-movie du pataud Britt Reid alourdit considérablement un film sympathique, mais très commercial dans ses intentions. Si vous n'êtes pas familier de la série ou que vous en gardez un souvenir flou, The green hornet (le titre aura résisté inexplicablement à la traduction française) s'avérera sans aucun doute un divertissement familial de premier ordre. En dehors de cela, le côté super-héros et super-méchants ne déroge pas aux règles du genre.

Pas de prise de tête à l'horizon, ni même une grande surprise, The green Hornet version 2011 est un blockbuster qui remplit son contrat sans ambages. Le minimum syndical, une esbroufe quasi-permanente pour contenter un public davantage enclin à s'attarder sur la forme que sur le fond. Il résulte un produit peu ambitieux et peu innovant. On déplore également que le fameux thème musical de la série ne s'entende que quelques secondes à la fin, et ce, partiellement. Un remake onéreux à l'humour qui ne fait pas toujours mouche que l'on classera dans la catégorie « Remake opportuniste », plutôt que « Remake catastrophique ». En soi, ce n'est déjà pas si mal.

7.14286

Publié le 18 Mai 2011

Au-delà

Au-delà

Le destin croisé de trois individus qui se retrouvent confrontés différemment à la mort. L’un est médium, l’une a été le témoin de la folie dévastatrice du tsunami de 2004 et le plus jeune a perdu son frère jumeau lors d’un accident de voiture. On ne présente plus Clint Eastwood et sa filmographie légendaire tant en matière d’acteurs que de metteur en scène. Il convient de dire néanmoins que ces dernières années ont été, pour le cinéaste, fructueuse en chef d’œuvre indiscutable. Après le merveilleux Invictus et en attendant son biopic sur Hoover, monsieur Eastwood fait une incursion dans le fantastique avec cet Au-delà.

Force est de constater que cette nouvelle réalisation est loin de faire l’unanimité. Le public comme les critiques se divisent. Tout commence par le tsunami qui a ravagé les côtes thaïlandaises en 2004. Une entame sur les chapeaux de roue qui montre la catastrophe au plus près de l’action. Puis, le rythme s’aplanira de lui-même pour donner le ton général. Car Au-delà est avant tout une description de personnages confrontés à ce qui nous attend tous : la mort. Qui a-t-il après ? La fin, le commencement. Étrangement, l’histoire ne s’appesantit que brièvement sur la question, car il démontre avant tout ce que représente la vie à travers le quotidien.

Un parti pris audacieux qui nécessite toute la force et la conviction du cinéaste pour donner au film son aura. Pourtant, cela ne sera pas suffisant. La faute en revient principalement à son concept de base : la multiplication des points de vue. Inégale dans les intérêts et les enjeux qui entrent en ligne de compte. L’histoire de George, médium solitaire par la force des choses est la partie la plus passionnante. Le personnage est ambigu, recherché et crédible. Le jeune enfant a le mérite de montrer les charlatans qui gangrène la profession de voyants. Malheureusement, Marie Lelay est loin d’être enthousiasmante, car elle s’appesantit trop sur sa condition sociale en contradiction avec son expérience récente.

Bref, Au-delà est une petite déception en soi de par l’illustre filmographie de Clint Eastwood. Néanmoins, il réside un récit qui évolue sur un nuage éthéré. La caractérisation des personnages se tisse progressivement à travers des situations parfois convenues, parfois intéressantes dans leur symbolique. Malheureusement, certains allers-retours narratifs ennuient et plombent l’ambiance (les deux rendez-vous de Marie avec son ami au restaurant). On reconnaît tout de même un traitement sobre et loin du clinquant hollywoodien qui est la signature du cinéaste. Un film étrange, voire risqué dans sa conception qui se sort de justesse d’un propos mielleux sur un sujet qui nous concerne tous tôt ou tard.

6.6

Publié le 16 Mai 2011

Le Dernier des Templiers

Le Dernier des Templiers

Au XIIIe siècle, deux croisés désertent le champ de bataille après qu'ils aient reçu l'ordre de massacrer un village de femmes et d’enfants. Néanmoins, ils sont capturés dans une ville ravagée par la peste noire. Compte tenu de leur statut, ils ont une chance de voir les charges à leur encontre abandonnées s'ils acceptent d'escorter un convoi où une sorcière doit être jugée par les religieux d'un monastère. Après un thriller glacial dans les contrées désertiques de l'Antarctique, Dominic Sena voyage dans le temps pour transposer son action au Moyen-âge. Est-ce que cela lui redonnera des couleurs pour autant ? Pas si sûr, au vu de ce que recèle Le dernier des templiers.

Après l'excellente surprise que fut Black death, cette histoire de chasse aux sorcières avait tout pour immerger le spectateur dans un contexte barbare et violent où l'aveuglement de la foi chrétienne l'emportait sur le bon sens. Une époque pétrie de superstitions dans laquelle il ne faisait pas bon vivre si tant est que l'on soit différent du troupeau. Un contexte, une réalité historique avérée et un sujet intéressant à plus d'un titre. Pourtant, ce potentiel est honteusement mis au ban du récit, pour ne pas dire littéralement gâcher. Certes, la toile de fond est présente, le cadre bien retranscrit, mais rien des thèmes suscités n'est développé en amont. Au lieu de cela, on se retrouve avec un blockbuster assez creux.

Outre des péripéties tous plus attendues les unes que les autres, on regrette que le panel des protagonistes soit aussi édulcoré, plat, presque sans âme. En d'autres termes, des individus stéréotypés aux motivations très sommaires. Le chevalier servant en quête de l'éternelle rédemption, son fidèle acolyte, le prêtre soucieux de servir au mieux les intérêts de l'église, l'escroc pleutre ou le jeune et téméraire nouveau venu dans la bande. Cela sent irrémédiablement le réchauffé. Un constat d'autant plus amer qu’ils évoluent dans un scénario aux tenants et aboutissants prévisibles jusqu'au bout des ongles. Dommage, d'autant plus que le matériau originel permettait une odyssée sombre et violente.

À cause d'un manque de risques évidents qui met en exergue une histoire sans grands atouts, Le dernier des templiers relève davantage de la production de luxe sans énergie plutôt que d'un film fouillé tant dans son esthétique que dans ses propos. À défaut de proposer un métrage intéressant, il faudra se contenter d'une jolie vitrine du budget alloué au projet, un brin distrayante, un brin navrante. Il est préférable de se retourner vers des productions nettement plus modestes (mais également plus ambitieux) pour espérer trouver une histoire de Moyen-âge appliqué et impliqué dans son contexte. Au hasard, le récent Black death. Un constat mi-figue, mi-raisin pour ce film que l'on espérait plus surprenant dans son contenu.

7.09091

Publié le 13 Mai 2011

Lost Island - L'île: Les Naufragés de la Terre Perdue

Lost Island - L'île: Les Naufragés de la Terre Perdue

Trois hommes font naufrage sur une île déserte après que leur avion s’est crashé en plein Océan Atlantique. Ils ne tardent pas à explorer les environs et tombent dans un piège qui semble inextricable, du moins en apparence. Premier long-métrage d’Olivier Boillot, L’île est un DTV très modeste qui emprunte à bon nombre de productions du même style son lot de bonnes idées, mais il s’entiche également des écueils que l’on aurait préférés voir absents. L’œuvre de Jules Verne (particulièrement L’île mystérieuse) est une influence incontestable pour cette aventure teintée de fantastique.

On remarque d'emblée les limites budgétaires qui ceignent un concept toujours séduisant, mais restreint compte tenu des nombreux clins d’œil auxquels le film fait allusion. Malheureusement, cela se ressent également dans la structure narrative qui privilégie les endroits clos et étroits. L’exploration de l’île se résume à quelques panoramas de carte postale et une randonnée dans la jungle vite expédiée. Pour le reste, on nous octroie un trou profond et un laboratoire souterrain. Le réalisateur lui-même préfère multiplier les plans rapprochés, quitte à ce que l’objectif rende l’action brouillonne et confuse à certains moments.

En ce qui concerne l’histoire, rien de fondamentalement surprenant. Le scénario nous entraîne sur des rivages connus où le mystère et l’aventure sont au rendez-vous. Du moins, dans les intentions. Outre l’influence de L’île mystérieuse, la deuxième partie du film renvoie à un autre auteur à l’imagination débridée : Benoît Sokal. À travers ce laboratoire abandonné, les dessins et les notes que l’on retrouve, on pense immédiatement à L’Amerzone, L’île noyée ou dans un style pas si éloigné, Syberia. Des œuvres intrigantes, étranges qui véhiculent un sentiment d’émerveillement. Ici, l’impression est plus mitigée puisqu’il ne s’agit pas à proprement parlé d’un univers original.

Bref, L’île est un film d’aventures sans grande envergure. Bien entendu, le réalisateur se sort à merveille de cette gageure si l’on prend en compte le budget famélique. Il parvient à masquer tant bien que mal les carences de ses moyens par le biais de situation convenue, mais demandant un faible investissement. Malheureusement, il en découle un récit redondant perclus de références qui empêchent au film de posséder une identité propre. Il demeure un moment cordial, peut-être plaisant, auquel l’on peut succomber si l’on est amateur de ce genre d’histoires. Une tentative limitée et prévisible, mais qui ne manque pas de charme dans ses intentions.

5.33333

Publié le 12 Mai 2011

Nous Sommes la Nuit

Nous Sommes la Nuit

Un trio de femmes vampires décide de soudoyer une nouvelle recrue en la personne de Lena. Cette dernière goûte alors les joies et les tractations nocturnes de la vie de vampire en compagnie de ses amies. Pourtant, les cadavres s’égrenant derrière leur sillage, la police ne tarde pas à remonter leur piste. Les films de vampires sont légion. Les productions allemandes traitant du sujet le sont beaucoup moins. Il va sans dire qu’il est très difficile d’innover dans cette thématique aussi fascinante qu’éculée sous toutes les coutures. Nous sommes la nuit ne déroge pas à la règle. Il remplit son cahier des charges comme il se doit, mais n’en fait pas plus.

Alors que les films de vampires romantiques sont à la mode avec la saga très édulcorée Twilight, il est encore des cinéastes qui tentent de préserver le mythe au détriment de l’aspect commercial que suscite la manne providentielle d’un filon aussi juteux que futile. Ce n’est pas pour autant que Dennis Gansel convainc le public avec son métrage. En effet, l’histoire recèle et recycle une trame très prévisible qui se divise en trois parties distinctes : l’errance d’une jeune fille sans avenir, la connaissance et l’apprentissage de sa nouvelle condition, puis le rejet de cet état de fait. En ce cas, on se contente simplement d’un récit sympathique, mais loin d’être originale et encore moins profonde.

Car, la vie de vampires est avant toute vouée à un hédonisme exacerbé où les plus futiles caprices sont assouvis dans la plus totale complaisance. On boit, on fait la fête, on mange et drague qui l’on veut quand on veut, sans oublier de rouler à tombeau ouvert avec de grosses voitures de luxe. Voilà à quoi se résume une vie d’immortelle en mal d’amour. La fuite de la réalité, mais surtout de la solitude qui se mue progressivement en malédiction. Quant aux protagonistes, elles possèdent des traits de caractère assez classiques et sont peu développées. Mis à part Charlotte, vampire torturé de sa condition, il n’y a pas grand-chose à se mettre sous la dent. Son personnage aurait gagné à être étoffé et mis en avant.

Bref, Nous sommes la nuit est une production vampirique moyenne qui véhicule l’insouciance et le plaisir de l’instant sans se préoccuper d’un hypothétique avenir. Ce constat est intéressant en le transposant à notre société (étrangement similaire). Toutefois et dans le cas des vampires, ce message peine à trouver de la crédibilité à nos yeux. Un immortel étant par ailleurs assez vieux pour disposer d’une certaine maturité en regard de leur longue existence, le comportement de notre quatuor n’en est que plus irrationnel. En dehors de cela, l’image est soignée et les effets spéciaux saisissants pour peu qu’ils apparaissent à l’écran. A noter également un combat final intéressant dans l’exploitation de l’environnement qui, là encore, aurait gagné à être approfondi.

7.5

Publié le 11 Mai 2011

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