Critiques spectateurs de Carth

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Coraline

Coraline

A la mode depuis le succès planétaire de L'Etrange Noel de Mr. Jack, l'animation en stop-motion n'a pas trouvé de grands successeurs, pas même l'énième essai Burtonien Les Noces Funèbres qui marqua davantage par sa médiocrité que par son originalité. Très récemment, les cinémas français ont accueilli l'adorable Komaneko, véritable peluche devenue rapidement culte au Japon. Ce moyen-métrage réussi montrait qu'il était encore possible de réaliser de belles choses dans la simplicité la plus évidente, sans forcément chercher l'originalité dans un bombec renfermant un scorpion ou un mille-pattes. Henry Selick est donc de retour pour afficher d'évidentes ambitions, et quoi de mieux qu'un passage obligé dans la projection en 3-D pour dépoussiérer le genre quelque peu vieilli. Ne nous trompons pas, Coraline n'existe pas a contrario de Coraline 3-D, ce qui change complètement la donne d'un point de vue immersif. Et quelle éclatante réussite que ce conte énergique, poétique comme sait le faire Selick avec un soupçon de farce grotesque macabre. L'inspiration est constante, chaque plan contient une idée de mise en scène. En parlant de filmage, Selick garde toujours cette marque de virtuosité rappelant que certains grands maîtres sont passés dans ses rétroviseurs pour tout ce qui touche le plan et sa composition. De L'Etrange Noel de Mr. Jack en passant par Freaks, THX 1138, Le Baron de Munchausen, Aliens ou l'univers du jeu vidéo avec American McGee's Alice ou encore Bioshock, les univers empruntés sont formidables de variété, les personnages charismatiques au possible (les deux vieilles soeurs anciennes trapézistes, l'ancien homme de cirque et son accent Russe formidable) et l'humour noir fonctionne à merveille. On rigole souvent, on s'extasie devant la perfection du rendu de la projection en 3-D (oubliez les mots de crâne de la vieille époque), on frissonne aussi de temps en temps devant l'ambiance macabre du dernier tiers. Assurément une belle réussite dans le genre.

8.9

Publié le 4 Mai 2009

X-Men Origins : Wolverine

X-Men Origins : Wolverine

Remplissant son contrat de spin-off sur les origines du personnage de Wolverine, le film de l'inégal Gavin Hood a ceci-dit oublié d'être un minimum regardable et thématiquement intéressant. A l'heure où de plus en plus de films issus du cinéma mondial arrivent à mêler divertissement et vision d'auteur propre, Gavin Hood réalise tout le contraire en saccageant la mythologie des super héros : mené par un Hugh Jackman fatigué de grimacer pour rien et une ribambelle de seconds couteaux désespérants, le film parvient à se moquer du spectateur par l'intermédiaire d'une séquence gerbante (faire crever deux vieillards au formidable accent texan dans un pur soucis d'entertainment pyrotechnique) et par un twist pas crédible pour un sous survenant dans son dernier tiers. Le reste n'est que bordel cosmique pas possible qui ferait passer Zack Snyder pour Béla Tarr ou Michael Bay pour un auteur de génie, jusque dans un final (post libération des X-Men) perché sur une centrale aux chorégraphies banales. Et encore, si ce n'était que ça. Wolverine est le film X-Men le plus poseur de l'Histoire, le plus cliché mais aussi le plus fade dans sa démarche. Pas de couilles, pas de talent de mise en scène malgré une introduction à la saveur presque Shyamalanienne prouvant qu'il est fort possible de faire de Wolverine autre chose qu'un Watchmen du pauvre. Les super zéros du film de Snyder ressemblent effectivement à tout sauf à des playboy qui prennent la pose.

6.76923

Publié le 4 Mai 2009

Opera

Opera

La force d'Opera est de jouer de son esbrouffe pour évacuer la tristesse de son ensemble, naviguant entre pauvre série B mal jouée et thriller digne de guignol. Il fallait bien déclencher la machine sur "virtuosité" le temps d'une très longue introduction où le cinéaste poursuit ses expérimentations visuelles et sensorielles en donnant cette fois-ci une importance sans commune mesure dans son oeuvre à la vue en caméra subjective, exacerbant le côté labyrinthique de l'Opera via les yeux du futur criminel. Le fétichisme du décor se ressentira jusque dans Le Sang des innocents avec un long travelling filmant un simple tapis. Ici, c'est bien par sa virtuosité que le film arrive à se dégager de ses propres faiblesses : si Opera épouse une structure très classique (tranquillité, meurtre, libération, repos, meurtre, libération...), son exécution est bien trop sur des rails pour paraître crédible un moment. Reste que c'est son absence sidérante de crédibilité qui lui donne tout son mystère (n'y voyant rien, la fille traquée laisse entrer le tueur chez elle comme si de rien n'était, et lui de se faire passer pour un garde du corps en allant s'asseoir fumer sa clope), et sa folie limite Fellinienne en fin de métrage qui détruit les fondations bâties jusque là en métamorphosant l'Opera d'origine en un théâtre guignol en pleine campagne. Il fallait oser. A noter l'excellence de la copie éditée par Arrow en zone 2 British malgré un unique doublage anglais aux relents d'accent italien.

7.35

Publié le 4 Mai 2009

L'Echange

L'Echange

Grand film dans son approche du mélodrame d'ampleur classique, hollywoodienne, quasi romanesque. Du grand ouvrage presque alourdi par la prestation trop pleurnicheuse d'Angelina Joli. Cependant, la structure sans faille du récit, son admirable cohérence à travers les ans, et son intrigue criminelle bis effrayante font de L'Echange un film globalement complet à tous les niveaux, porté par une mise en scène subtile. L'un des plus beaux films de Clint et sans aucun doute l'un de ses plus ambitieux.

9.11111

Publié le 15 Mars 2009

Gran Torino

Gran Torino

Grand film humaniste et mise à mort du personnage Clint grimaçant, raciste, patriote, pathétique, drôle, c'est à dire mise à mort de ses personnages les plus "intéressants" au cinéma. Belle réflexion sur l'Amérique d'aujourd'hui et grande sensibilité. C'est aussi une merveille de tension grâce au sens du rythme parfaitement maîtrisé (l'agression des trois blacks, le passage à tabac de Sue...).Toute la force du film réside dans la beauté de la mise en scène qui ne cherche jamais à en faire des tonnes, plaçant son personnage au centre des débats tandis que le danger et l'espoir d'une américaine nouvelle -côté minorités d'Asie cette fois-ci - se côtoient. Grand film loin d'être mineur, à l'image de cette Ford, belle et emblématique, qui traîne dans le garage avant de ressortir pour une seconde vie. Même si Clint nous feinte à chaque fois sur son "dernier rôle au cinéma" (cf Million Dollar Baby), celui-ci, à travers toutes ses thématiques abordées, semble être la bonne.

9.25

Publié le 15 Mars 2009

Watchmen: Les Gardiens

Watchmen: Les Gardiens

Traite de son sujet avec une belle impertinence pendant 2h, avant de verser dans la romance niaise doublée d'un discours pseudo philosophique particulièrement médiocre. Film de contrastes, Watchmen c'est la remise en question du super héros, de sa fonction propre à la société, de son rejet, sa crainte, son désespoir. Zack Snyder, le visionnaire de supermarché discount, aura au moins réussi à s'approprier l'identité visuelle d'un comics inadaptable, frappant fort et sec là où ça fait mal. Pas pour les enfants de coeur, ni les plus impatients non plus.

8.46512

Publié le 15 Mars 2009

300

300

Cette bouillie granuleuse, portée par une approche Historique de son sujet frôlant le zéro, ne trouve même pas de grâce dans ses combats filmés au ralenti. Et lorsque le ralenti est utilisé uniquement comme procédé d'épate, le film tombe dans des relents MTV pour ados n'ayant que pour but que de distraire, bien caché derrière des propos d'élèves de CE1. Si Zack Snyder est "le réalisateur visionnaire" que tout le monde hurle sur le toit, le cinéma est mort.

8.2093

Publié le 15 Mars 2009

Rashômon

Rashômon

Plus qu'un grand film sur la vérité, Rashomon est un symbole. Grâce à son Lion d'Or à Venise, le monde devait à présent compter avec le cinéma japonais. A inspiré nombre de films jusque là, de Jackie Brown à Joint Security Arena par son action vue sous différents angles. A reçu un Oscar d'honneur en 1952 après son triomphe critique en 1951 aux Etats-Unis.

9

Publié le 5 Février 2009

Hansel et Gretel

Hansel et Gretel

Relecture qui n'a pas grand chose à voir avec l'original des frères Grimm, cet Hansel & Gretel à la coréenne garde certains éléments du conte pour mieux les détourner et couper court à toute forme de magie que seuls les contes de fée peuvent nous offrir. Ici, point de maison à dévorer, point de sorcière, mais bel et bien trois gosses qui auraient mieux fait de continuer à jouer avec leurs poupées plutôt qu'avec des adultes qui se seraient perdus en chemin dans une forêt impénétrable. Eun-Soo est un futur jeune papa qui n'a pas choisi son jour pour prendre la voiture, contraint de se débrouiller par ses propres moyens suite à un accident de voiture sur une route de campagne. Personne aux alentours, il décide de prendre les devants en pénétrant une étrange forêt abritant une maison particulièrement jolie. Sur le chemin il rencontre une jeune fille, Young-Hee, qui lui conseille de la suivre pour se reposer chez elle avec son frère, sa petite soeur et ses deux parents. Arrivé sur les lieux, Eun-Soo ne se doute de pas grand chose, mais quelque chose cloche : les parents semblent stressés alors que le cadre fait penser le contraire (abondance d'objets colorés et de chaleur). Tout est trop rose, les sourires sont de mise, les enfants sont vêtus de vêtements dignes de conte de fées et se goinfrent de gâteau lors du repas. Désireux de rentrer chez lui au plus vite pour rejoindre sa femme enceinte, Eun-Soo est incapable de retrouver son chemin dans une forêt qui semble entièrement fermée. Il sollicite d'abord l'aide des parents puis celle des enfants, en vain, personne ne semble disposé à l'aider. Il passe une première nuit dans la maison, puis une seconde nuit, avant de découvrir une lettre des parents qui confient s'être absentés pendant un petit moment et espèrent que Eun-Soo s'occupera bien des enfants. Plus de son plus d'image, la disparition des parents coïncide étrangement avec le comportement douteux des enfants, ces derniers ne souhaitent pas le départ de Eun-Soo, mais pourquoi? La littérature, le cinéma ou encore le jeu vidéo sont des moyens essentiels pour voyager, rêver.

Le parallèle entre le cinéma et le jeu vidéo par exemple donne parfois lieu à des purs moments de bonheur. Ici, l'ambiance indescriptible de Hansel & Gretel cinéma fait penser à l'adaptation vidéoludique d'Alice au pays des merveilles version American McGee, adulte et cauchemardesque : si Kim Ji-Yong abuse un peu trop du grand angle et qu'un Kim Sun-Min coupe parfois trop rapidement, le film garde une direction artistique exceptionnelle, et en parallèle, si American McGee's Alice commence à souffrir du poids des ans (huit ans dans les pates) avec ses textures basse résolution et son affreux scintillement, il conserve la magie d'une direction artistique unique. D'un sens comme dans l'autre les tics de mise en scène chez l'un et l'âge chez l'autre ne sont en rien un frein quant à l'immersion du spectateur dans un univers revu par un grand plasticien et un vrai créateur d'ambiances à mi-chemin entre un Labyrinthe de Pan et les délires sous extas du meilleur cinéma dark de Jeunet. Cet Hansel & Gretel conserve les ingrédients du cinéma sombre en provenance de Corée, où les enfants de coeur sont restés devant la porte d'entrée et où on ne tolère pas un centimètre de place à la guimauve. Ici la guimauve, on la bouffe, on ne la subit pas. Pas très drôle non plus, cet Hansel & Gretel, ce n'est même pas le but, on pourrait rire devant les gros plans sur les visages grand guignolesques des adultes (merci à l'interprétation hallucinante d'un Park Hee-Soon en état de grâce brutale), on pourrait rire nerveusement face à la folie qui s'empare peu à peu des adultes et face aux enfants qui restent calmes et stoïques alors que l'heure est à la dégringolade, mais l'extrême noirceur enfantine prend le dessus. Les gosses, à peu près remarquables, prouvent que les cinéastes coréens savent autant diriger les enfants que de s'armer de chef opérateurs compétents, et par la même occasion, de directeurs artistiques vénères : l'intérieur de la maison de la joie est un pur labyrinthe de songes, de chaleur et de complexité. Les couleurs chaudes contrastent avec la nuit pesante d'une forêt capricieuse, les formes rondes des gâteaux sans aucun équilibre font penser à de l'esbroufe, comme pour cacher la présence d'un cadavre dans le meublier d'en face, les portraits de lapins affichés un peu partout sur les murs foutent les jetons et cette télévision qui passe en boucle un dessin animé des sixties accentue ce sentiment de beauté de façade.

La maison des gosses, c'est l'enfer. Pourtant, les enfants ne sont pas les responsables de ce malaise, de cette gêne qui les poussent à faire des bêtises avec les "grands" qu'ils rencontrent : violés à l'orphelinat, dotés de pouvoirs magiques depuis qu'un père noël est passé par là, ils ont à présent le pouvoir d'imaginer et de donner vie à leurs souhaits, pratique lorsque l'on veut transformer une jeune femme adulte en poupée pour s'amuser. Mais les enfants ont encore un plus grand secret, caché derrière une porte qui ne mène nulle part si ce n'est à l'enfer. On ne spoilera pas, mais le "twist" fonctionne à merveille sans pour autant dénaturer ou faire voler en éclat les bases instaurées depuis le début. Cet Hansel & Gretel aurait pu emprunter un chemin un peu moins tendancieux, logique depuis qu'un Oldboy à succès est passé par là, l'avalanche de scènes brutales en fin de métrage fera office de pur plaisir visuel pour certains (l'utilisation du four fait vraiment mal) avec ce contraste d'un père noël sacrément malsain vêtu d'un rouge saturé comme jamais et d'un "père" pédophile dont on ne verra pas -ou peu- le visage, les autres se sentiront un peu gênés face au traitement des gamins. Question sensations on est servi, mais attention à ne pas trop sombrer dans le larmoyant, les dix dernières minutes étant particulièrement relevées de ce côté-ci ; on mettra cela sur le compte des nerfs qui lâchent et sur le semblant d'amour qui semble -enfin- régner avec sincérité sous le toit de cette maison pas commode. Hansel & Gretel est au final un film inégal certes, car accusant le coup de vouloir tout montrer et tout relire en moins de deux heures, mais il s'avère suffisamment bien interprété et doté d'un univers admirable (décors féériques foutraques, musique prenante) pour faire voyager son spectateur vers l'asile, l'enfer et le pays des rêves. Un petit gâteau ne me ferait pas de mal...

8.875

Publié le 5 Janvier 2009

Coq de combat

Coq de combat

Soi Cheang revient après son navrant et bâclé Dog Bite Dog à la réalisation avec l'adaptation live du manga éponyme Coq de Combat disponible sur le territoire français depuis un petit bout de temps. Bien que le cinéaste n'ait pas totalement oublié ses relents clinquants, donnant une importance toute légitime au clipesque lissé façon MTV, le résultat s'avère bien meilleur qu'il ne laissait espérer. Le film débute sur une grimace de Ryo (Shawn Yue), l'oeil injecté de sang, le teint blafard, une figure diabolique. Pourtant les premiers instants du film, dans un univers carcéral poisseux, montrent un Ryo chauve, violé à sec par une armée de prisonniers, subissant les foudres de son entourage hormis ce gros bénêt qui se lie rapidement d'amitié avec lui. Mais les choses vont se corser lorsqu'un professeur de karaté interprété par Francis Ng, débarque pour donner des leçons. L'homme jusque là victime va se retrouver dans la peau de la machine à tuer, tentant sa chance dans une école de boxe réputée mais aussi corrompue. A Ryo de se forger un espoir de survie auprès des autres et de se prouver qu'il est bien un véritable challenger. N'y allons pas par quatre chemins, Coq de Combat est une pure réussite du film de genre en dépit de ses énormes défauts qui ne prennent pourtant pas la tangente sur son univers déposé, sorte de lieu glauque régit par la racaille friquée.

Coq de combat développe le parcours chaotique d'une victime, mais pas n'importe laquelle puisque Ryo est avant tout un criminel, auteur du meurtre de ses parents. Après avoir retrouvé sa soeur et suivi un parcours initiatique auprès de son professeur de karaté, la violence et le combat vont donner une véritable signification à sa vie. Sombre et désenchanté, le film parvient néanmoins à faire office d'actionner martial très efficace et particulièrement violent, dans la veine brutale et misérable de Dog Bite Dog, la volonté de développer un vrai scénario -et de se planter- en moins puisque Coq de Combat est avant tout un pur film de genre pour un public qui ne demande que du spectacle punchy et des torgnoles sans broncher. A la différence de Dog Bite Dog (2006) , qui tentait désespérément de donner un semblant de vie à son personnage rongé par la haine, Ryo est l'archétype même du mauvais gars, victime et bourreau, d'où la difficulté de se situer précisément dans le film, le spectateur restant plus passif (mais content du spectacle) que réellement acteur à part entière. D'où cette sensation de décalage, de déséquilibre avec les images qui défilent sous nos yeux. Mais qu'importe, l'instant fut bourrin, pas noble c'est sûr, mais déterminant dans la nouvelle carrière -houleuse pour certains- de Soi Cheang.

6

Publié le 11 Décembre 2008

Dog bite dog

Dog bite dog

Dog Bite dog est un immense gâchis estampillé massacre ludique, où la noirceur du polar HK contemporain (Johnnie To rules!) cède à la violence complaisante, le rendant ainsi tout sauf plaisant ou jouissif. Le malaise que l'on ressent à cause d'une photo jaune pisse et d'un cadre poubelle presque terrifiant contraste avec la caricature des personnages : le jeune type orphelin enragé, la fille paumée et violée par son propre père, le flic senior qui n'assume pas le fait que son fils soit flic à son tour, et j'en passe.

Dog Bite dog perd aussi sa marque HK et met en avant ses prétentieux mots tirés de l'anglais et son score typé ballade rock cucul la praloche. Misogynie gerbante, gratuité des meurtres (première scène, une femme se fait flinguer par quatre balles dans la tronche, la dernière scène est un récital d'égorgements, poignardements et éventration, bon appétit bien sûr), et traitement final abjecte plombant Dog Bite dog de bêtises et autres joyeusetés malsaines, dont une morale de fin imbécile. Un film massacre par un réalisateur qui a clairement vu plus gros que son coffre ne pouvait contenir jusque là. Edison Chen a beau faire ce qu'il peut pour se dépatouiller des clichés imposés par le scénariste (clairement, Dog Bite dog est un Danny the dog trash), sa performance n'excède pas le moyen, tout comme le reste du casting gavé de personnages cabotins à n'en plus finir. Esthétisé ou rendu répugnant par son ambiance putride et sombre, le film de Soi Cheng n'est qu'un récital de bonshommes qui s'en mettent plein la tronche, avec une vague intrigue histoire de soutenir l'ensemble. Un Fight Club HK qui ne vaut clairement pas un kopek.

4.5

Publié le 11 Décembre 2008

L'Hirondelle d'or

L'Hirondelle d'or

Un beau classique des studios de la Shaw Brothers, contenant la violence d'un Chang Cheh aliée au mysticisme de King Hu. Loin de ses chefs-d'oeuvre contemplatifs, reste une "série B" d'excellente facture annonçant des rôles féminins plus en verve grâce à son grand succès.

7.33333

Publié le 11 Décembre 2008

La légende des cavaliers du vent Wu ji

La légende des cavaliers du vent Wu ji

Ce beau film d'aventure de Chen Kaige a au moins le mérite d'être plus digérable que l'affreuse allégorie Legend of Zu signée Tsui Hark, bouillie filmique de tous les instants, même s'il s'avère une fois de plus miné par des effets spéciaux à peine dignes des premières séquences en image de synthèse de l'ère PSone. On n'ira pas chercher la nouveauté ou la révolution dans Wu-Ji, mais bel et bien cette naïveté qui lui sied tant de part sa galerie de personnages hauts en couleur, son nombre de rebondissements -tous téléphonés- qui n'ont d'effet que de surprendre parce que justement on les attend pensant qu'il seront tout autre, en vain, et parce que l'histoire d'amour qui nous est contée, autour d'une promesse, vaut bien plus que n'importe quelle scène de combat réalisée pour dynamiser le film, le rendre plus épique. Wu-Ji n'en a pas besoin pour vivre, il pourrait même s'en passer tant la romance est motrice de la narration. Ce n'est ni cette effroyable course effrénée avec des buffles en début de métrage ni ces duels dans les airs qui donnent le souffle au film, Kunlun rappellerait même le Berthold du Baron de Munchausen lorsque celui-ci se met à courir à la vitesse de l'éclair, c'est dire.

Pourtant quelque chose fonctionne ici, ces élans poétiques parfois de toute beauté, cette femme qui est censée aimer un autre homme, cette cape qui rend son porteur prisonnier à jamais, les retrouvailles entre Wuhuan (Nicholas Tse) et QinCheng (Cecilia Cheung) une fois adultes, malheureusement l'ensemble reste plombé par des effets spéciaux d'un autre âge maladroitement incrustés à l'image, balayant la beauté des décors naturels d'un simplement brasement d'aile. Wu-Ji ne vaut clairement pas un kopeck à ce niveau, il est préférable de se tourner vers les à-côtés plus intéressants et dans la mise en forme d'une vraie mythologie, toujours meilleurs que les poignards volants cassés ou les héros en carton du wu xia de Tsui Hark précédemment cité.

8

Publié le 11 Décembre 2008

The Big heat

The Big heat

Lorsqu'un tandem de réalisateurs immanquables sort l'artillerie lourde quasi dix ans avant la rétrocession (tout en se préoccupant du temps restant, "On n'a pas de temps à perdre" dixit l'un des good boys), cela donne un polar à mi-chemin entre une oeuvre orientée bis racoleur et celle où les héros ont un vrai sens des valeurs ("ne dis pas à ma mère que j'ai été blessé"), dégainent les armes à la manière des acrobates chez John Woo (tiens tiens, A Better Tomorrow 2 l'année dernière) et n'hésitent pas non plus à pleurer pour émouvoir une clientèle carrément en attente d'émotions fortes, qui à ce niveau ne découlent pas uniquement que d'une apogée de violence. La force de l'émotion suscitée par le polar HK post A Better Tomorrow peut provenir d'une musique au synthé ou d'un thème à la guitare électrique gentiment rétro, d'une séquence où un flic se rendrait compte qu'il est sur le point de raccrocher les gants du fait d'une balle logée où il ne fallait pas, d'un bleu trop naïf, valeureux comme tout mais perdant ses moyens face à l'ennemi, d'une séparation sentimentale forcée à cause du métier et que sais-je encore. On retrouve quelques unes des grandes thématiques de l'honneur, du courage et de l'amour du métier dans The Big Heat qui ne lésine pas non plus du côté des effets gores (premier plan du film, une main transpercée par une perceuse, dernier plan du film, un corps littéralement criblé de balles au point d'en être déchiqueté) pour satisfaire un public un peu con, un peu jeune aussi. C'est l'époque qui veut ça ? Les eighties et son avalanche de cinéma gore mondial, The Big Heat n'y échappe pas et propose un spectacle gore aux antipodes de celui d'un John Woo ou d'un Ringo Lam, pourtant deux clients du bullet and ballet. En roue-libre totale, le film est un véritable foutoire au rythme typiquement -et dangereusement- hongkongais, le montage speedé confirme cette tendance tout en donnant aux séquences une vraie lisibilité malgré certaines techniques employées un peu démodées, comme l'utilisation du bleu et du rouge quasi expérimentale dans le genre mais kitsch quand elle est vue depuis les rétroviseurs. Le procédé donne néanmoins lieu à l'une des meilleurs séquences du film, la confrontation entre deux bandes de flic (la couleur permet néanmoins de dissocier qui est qui dans l'affaire et de distinguer les deux bandes). Cette série B furieuse est aussi parfois pleine d'humour, et le personnage du bleu est particulièrement intéressant dans son utilisation : pas trop de figuration, de l'héroïsme lorsque celui-ci tente d'en découdre avec le mauvais riche homme d'affaire, un second Leslie Cheung au physique de Tony Leung Chiu-Wai. On a connu pire comme combo ? L'humour respire aussi à travers la galerie de gweilos sortis d'un mauvais film d'espionnage, mais le traitement du "blanc" dans le cinéma hongkongais n'est plus à étudier surtout lorsque certains parlent le cantonais à la perfection et que le Russe manie le mandarin sans sourciller et semble comprendre le cantonais. La classe niveau communication. Niveau mise en scène, du travail bien exécuté malgré l'utilisation parfois un peu "too-much" du ralenti. Du boulot de qualité qu'un John Woo sublimera dans les proches années à venir, naturellement.

8.66667

Publié le 8 Décembre 2008

2 Soeurs

2 Soeurs

Cela fait un certain temps que je n'avais pas ressenti pareilles sensations devant un film d'épouvante. Une sensation difficilement explicable, sorte de mélange entre l'excitation et le plaisir d'avoir enfin vu un film d'épouvante digne de ce nom, loin d'une sensation de malaise ou d'écoeurement comme lorsque l'on vient de finir Cannibal Holocaust de Deodato (la dernière claque en date, et dieu sait que cela remonte) mais plus une sensation de fascination, d'exaltation extatique, alliée au soulagement d'avoir profité de deux heures intenses de cinéma à tous les niveaux (fond/forme), 2 Soeurs étant un superbe drame noir emprunt d'une complexité à plusieurs étages.

On retient de prime abord l'intense performance des quatre acteurs avec en tête Lim Soo-Jung et Yeom Jong-Ah, définitives. N'oublions pas non plus la touchante Moon Geun-Yeong que l'on aimerait protéger sous son aile de tous les malheurs du monde quitte à se sacrifier pour la protéger. Car dans 2 Soeurs il est question de protection, une protection qui engendre un malaise au sein de cette famille -banale mais étrange-. Ce malaise engendre à son tour une perte hallucinante de repères, transportant le spectateur dans un monde fermé de toute part (deux lieux différents, le manoir et le jardin, point barre), métaphore du renfermement des deux soeurs que ce soit matériellement (cloîtrées dans leur chambre, guère proches de leurs "parents") ou mentalement (absence de dialogues, crainte). En cela, le film de Kim Ji-Woon réussit haut la main le pari de marier le naturel et le surnaturel en structurant puis déstructurant l'espace, le temps, aboutissant au final à une cohérence absolue malgré la prise de risques d'user d'artifices malins pour pondre un double twist criant de sincérité et surtout de cohérence, nullement prise à défauts sur deux heures. Une expérience tétanisante, éprouvante, puisant des éléments là où les cinéastes nippons se vautrent constamment, 2 Soeurs contient son lot de séquences choc d'une beauté "épouvantable" sans jamais tomber dans la vulgarité visuelle ni même l'esbroufe malgré une approche très esthétisée, la "faute" à une réalisation exemplaire distillant une ambiance merveilleuse qui joue avec le clair obscur, donnant du relief aux décors, murs et sols, cachant de terribles secrets. Un cigare pour monsieur.

7.875

Publié le 13 Novembre 2008

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