Critiques spectateurs de Frank zito

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Christmas Evil

Christmas Evil

Le jeune Harry, victime d’un trauma durant son enfance -il a surprit le soir du 24 décembre le père noël en train de lutiner sa maman- garde pour Santa Claus un amour d’une pureté tout enfantine. A quarante ans passé, il fait carrière dans une usine de jouets où le manque d’enthousiasme des assembleurs à la chaine le dégoute. Mais un soir du 24 décembre 1980, mis sous pression par des collègues taquins, il va saisir l’occasion de devenir lui-même le père noël et remettre les pendules à l’heure... Christmas Evil donne le ton dès l’ouverture, avec son épisode traumatique grotesque. Cheap au possible, mais réalisé avec enthousiasme par Lewis Jackson et produit par Edward Pressman (qui depuis l’a consciencieusement enlevé de sa carte de visite) Christmas Evil n’a d’yeux que pour son Harry chéri. Un peu déboussolé, celui-ci se transforme en ayatollah des fêtes de fin d’année, intransigeant quand aux règles à suivre le soir de noël. Déguisé en père noël de supermarché, il part dans la nuit noire faucher les cadeaux au pied des sapins des vilains garnements afin de les redistribuer aux gentils enfants. Habité par le rôle, comme possédé, Brandon Maggart porte seul le film sur ces épaules, peu aidé il est vrai par une copie dvd bien pourave et une réalisation un peu (euphémisme) bancale. Toujours raccord avec une histoire qui fait sens, Harry crève un œil avec un jouet en plastique, étouffe un ancien collègue avec sa hotte de père noël et fini par l’égorger avec l’étoile du sapin. Ayant troqué son traineau et ses rênes par une camionnette 4 chevaux, il fouette le tableau de bord en lançant des « hiha !» du plus bel effet, quand les policiers font des tapissages afin de présenter aux témoins des séries de père noël suspects. Harry, quand il ne chante pas ses comptines inquiétantes aux passants médusés, coince son gros cul dans une cheminée et finira par s’envoler dans le ciel, au clair de lune, au volant de son estafette enchantée. S’il y avait un message à faire passer, personne ne l’aura compris, si ce n’est que Santa Claus avait l’air d’avoir une case en moins dans les années 80. Reste un bon film d‘exploitation, bien foutraque, le cul posé entre le slasher et les productions trauma, pas gore pour un sou, mais puéril et malveillant, attendrissant et parfois surréaliste. Du gros Z, pour amateur uniquement.

6.25

Publié le 29 Décembre 2010

The Walking Dead

The Walking Dead

Adaptation par le réalisateur de « la ligne verte » d’une bande dessinée bien vénère, The Walking dead a fait la sensation cette année, allant jusqu’à grimper sur le podium des meilleures séries de l’année pour les Inrock (troisième, derrière les monstrueux Mad Men et Breaking bad.) De quoi fantasmer grave, d’autant que le pitch, pour avoir déjà été visité au cinéma (des survivants à un holocauste zombie tentent de de s’en sortir sans perdre leur humanité), reste bien alléchant. Ajoutez à cela un pincée de photos promo démentiels, avec ses morts-vivants putréfiés du meilleur goût, et hop, on court déguster ça chez l’ami Megaupload. Le verdict, au bout des six épisodes qui font la saison 1, est mi-figue, mi-raisin. Pour le coté figue, on notera la qualité globale de l’ensemble. L’image est plutôt léchée, les effets spéciaux très réussit et la réalisation au dessus de la moyenne du tout venant télévisuel. L’histoire, de son coté, est plutôt divertissante, et les quelques pistes ouvertes laissent présager d’une seconde saison intéressante. A noter que certaines scènes, assez gore, démontrent aussi la volonté de Darabont de ne pas réaliser une série trop aseptisé et de coller à l’esprit brut de décoffrage de la BD. Ce qu'il ne parvient pas à faire, et nous permet de passer coté raisin. Avec en premier le lieu le casting, et ses acteurs dénués de tout charisme -le pompon étant décroché par le très fade Andrew Lincoln, qui peine à rendre crédible son officier de police chef de meute-. Suivit de près par les dialogues souvent verbeux, ronflant et sentencieux, qui plombent un peu l’ambiance. Et enfin la réalisation qui, au lieu de rentrer dans le lard du sujet, huile à outrance le moindre de ses cadrages, le plus petit travelling. Tout cela, au lieu de sentir le sang et la fureur, respire la mise en scène et l’académisme clinquant, déjà opérant dans « La Ligne verte » . Darabont, droit dans ses bottes, trousse son Walking Dead comme s’il s’agissait d’une énième adaptation télé d’un Stephen King. Tant pis pour nous. En bref : Six épisodes plutôt bons, au dessus de la moyenne générale, mais assez éloignés de l’OVNI qui nous était promis. Fréquentable quand même.

8.44

Publié le 28 Décembre 2010

Les Yeux de Julia

Les Yeux de Julia

Julia refuse de croire au suicide de sa sœur jumelle, victime comme elle d’une maladie oculaire dégénérative. Elle va donc mener l’enquête alors que la vue commence à lui échapper. Film d’épouvante espagnol, qui s’inscrit dans la droite lignée de la nouvelle vague ibérique, Les yeux de Julia possède les atouts et les imperfections de sa génération. Commençons , une fois n’est pas coutume, par les imperfections.

Avec en premier lieu l’épouvantable Belén Rueda, filmée avec un désir évident par Guillem Morales, visiblement sous le charme. Elle incarne Julia, desperate housewife atomique, femme au crépuscule de sa jeunesse, avec une intensité qui fait plaisir à voir. Surjouant à l’excès, hilarante lors de scènes de tâtonnements à l’aveugle inoubliables, où pas un bibelot n’échappe à sa furia -et des bibelots il y a !-. Comme son personnage, elle renverse tout sur son passage... Le reste du casting est plutôt au diapason, apportant beaucoup à l’atmosphère grand guignol du film. De même que les dialogues, boursouflés et parfois involontairement ridicules, ramènent (trop) souvent l’ambiance au niveau d’une télénovelas huppée.

Pourtant, si l’on ne sort pas de la salle en se prenant la tête à deux mains, c’est parce que le réalisateur est aussi capable de fulgurances particulièrement réussies. Disciple évident de Dario Argento, il pousse le vice jusqu’à rejouer plusieurs pan de l’histoire du cinéaste transalpin avec un certain talent. L’utilisation du postulat de base -certains voient, d’autres pas- est exploité avec bonheur dans des scènes mêlant voyant et non-voyant particulièrement saisissantes. A la grâce de ces différents statuts de perception, et même s’il s’emmêle parfois les pinceaux dans la conduite de son giallo, Guillem Morales réussit des scènes ludiques, nerveuses même, qui sauvent le film d’un échec total. Un film en forme de grand huit, donc, avec des points de réalisations flamboyant, entrecoupées de plongées assez longues dans des abîmes de médiocrité. Amputé d’une grosse trentaine de minutes, les yeux de Julia auraient put être un bon film. Il reste sympathique quand même.

7.23529

Publié le 24 Décembre 2010

Rubber

Rubber

Quentin Dupieux pose les jalons de son incroyable Rubber dans une scène d’exposition d’anthologie, où Stephen Pinella, flic et accessoirement monsieur loyal du film, sort du coffre d’une voiture qui vient d’écraser une dizaine de chaises en plein désert, pour faire un speech aux spectateurs -nous et nos d’alter-egos, une quinzaine d’américains moyens, panel édifiant du spectateur lambda- où il explique que la raison d’être de l’entreprise sera justement l'absence de raison. Introduction à la renaissance d’un pneu sérial killer que l’on va regarder faire de l’apnée, suivre des émissions de gymnastique matinale, boire à la rivière comme un prédateur, prendre une douche, s’interroger sur le sens de sa vie devant un miroir, draguer les filles, dormir à la belle étoile et bien sûr, éclater par télépathie pneumatique tout ce qui se trouve sur son passage, avec une prédilection certaine pour les têtes humaines. Tout cela sous l’œil avide de ces badauds qui nous incarnent, captivés par un spectacle qui n’en est même pas un. Loin d’être aussi nonsensique qu‘il le proclame, Rubber déroule tout un décor référentiel à l’histoire du cinéma d’horreur, citant tour à tour Massacre à la tronçonneuse, Psychose, l’enfer des zombies, Shinning, Scanner, j’en passe et des slashers. Motel miteux, désert inondé par un soleil de plomb, piscine à la fraîcheur enivrante, snack dépeuplé, redneck affublés de lunettes de soleil vintage, sergents interchangeables, station service désaffectée, transcontinentale goudronnée type 66, tous les stéréotypes du Texas des années 70 sont rassemblés sous l‘appareil photo de Dupieux. L’ambiance est également planante, à la grâce de la musique cosignée par Mr Oiso (le réalisateur) et Gaspard Augé (la moitié de Justice), qui colle au film de Quentin Dupieux comme un slim au cul d’un obèse. L’humour juste assez décalé, sonne toujours juste. Au final Rubber flirte à la lisière du cinéma Arty et de l’exploitation pure, et donne à voir un hybride quasi-parfait, véritable alliage alchimique d’audace et de divertissement. Une bombe…

7

Publié le 18 Décembre 2010

Scott Pilgrim

Scott Pilgrim

Où l’on suit les élucubrations de Scott Pilgrim, empêtré dans des histoires de cœur entortillées, qui l’emmènent à devoir combattre les sept ex-maléfiques de sa nouvelle conquête. Adaptation très attendue d’une bande dessinée, par le très-attendu-au-tournant Edgard Wright, Scott Pilgrim déçoit énormément. Sûr, Wright entend prouver qu’il est un maître de la « coolitude ». Baigné dans une sous-culture attachante, celle de la BD, du jeu vidéo vintage et du rock and root’s étudiant, il s’est d’ailleurs donné les moyens de ses ambitions. Réalisation enlevée, dynamique, travail étonnant sur l’ellipse visuelle et les enchaînements acrobatiques, bref, il fait preuve sans conteste d’une belle virtuosité technique. Le scénario est malin, la surenchère spectaculaire parfaitement mis en scène, l’univers déployé cohérent. Mais par une volonté trop évidente de vouloir faire du culte, Wright agace. Tout comme son personnage principal, bon acteur mais tête à claque, qui fini par nous rendre son Scott Pilgrim désagréable. Le casting dans son ensemble est d’ailleurs plutôt médiocre, comme si l’essentiel ne s’était pas trouvé là, mais uniquement dans l’obsession de la prouesse permanente. Si bien que c’est tout le volet de la comédie qui s’effondre, n’arrivant à tirer qu’une poignée de sourire contraints, les blagues puériles (pourtant formidable fond de commerce de Wright) tombent à l’eau les unes après les autres. Reste donc l’emballage, magnifique, mais coquille vide de toute âme. Le buzz avait fait grimper le niveau d’exigence à son point le plus élevé, autant dire que le résultat à un gout de trop peu. Pas bon pour un film qui recherchait ostensiblement les superlatifs…

7.05263

Publié le 17 Décembre 2010

Elmer le Remue-Méninges

Elmer le Remue-Méninges

Elmer, une créature ancestrale à l’aspect située à mi-chemin entre le Muppets carbonisé et l’étron, possède la capacité d’injecter de forte doses d’une drogue puissante dans le cerveau d’humains qu’il finit le plus souvent par parasiter.

Frank Henenlotter, chantre du mauvais goût assumé, signe un film énorme sur le désir, l’extase, le manque et la dépendance, le cul entre la vulgarité décoincée d’un John Waters et la jubilation cradingue d’un Peter Jackson version Bad Taste. Doté d’un budget à peine moins dérisoire que celui de Frère de sang, il signe avec Elmer un film plus abouti, oppressant, sans concession, mais aussi corrosif, coloré et complètement frappé.

Un must de vidéo club des années 80, auquel le temps écoulé a renforcé la profondeur et la noirceur, faisant passer Elmer du statut de pochade gore au statut d’œuvre à part entière. A (re) découvrir.

7.875

Publié le 16 Décembre 2010

Kaboom

Kaboom

Film à l’esthétique pop, Kaboom joue sur la fusion des genres avec une légèreté vivifiante. Le glissement narratif de la comédie débraillée à une tension plus proche du travail de David Lynch se fait en douceur, sans nuire à aucun des ingrédients assemblés. Je ne connaissais pas Gregg Araki, son très bon film m’a donné envie de me pencher sur sa filmographie.

8.4

Publié le 16 Décembre 2010

Machete

Machete

Né d’un faux trailer tourné pour Grindhouse, Machete était l’occasion pour Robert Rodriguez de retrouver l’univers sévèrement burné du cinéma d’exploitation des années 70 qu’il ressuscite dans des films de plus en plus décomplexés. Mais là où son pote Tarantino développe une démarche cinéphile, avec le recul qu’elle suppose, Rodriguez, lui, fonce tête baissée, come un taureau excité par une cape rouge secouée sous ces naseaux fumant. Autonome, il tourne sans aucune contrainte, dans une ambiance décontractée qui emporte tout sur son passage. Jef Fahey se révèle meilleur que jamais dans son univers dépravé. Steven Seagal y apparait pour la première fois depuis des lustres en pleine lumière. Exempts les filtres grossiers qui cachent la baderne qu’il est devenu. Magie de l’enthousiasme de Rodriguez ! Ici, on aime les gueules cassées, vérolées, burinées, exit botox et chirurgie esthétique, bonjour rictus et tronches minées à l’excès. Un film de Rodriguez, ça sent les burnes, l’huile de vidange, la graisse de Buritos et la vieille sueur. Ca saigne aussi beaucoup, et Rodriguez est peut-être le seul à savoir mêler aussi efficacement aujourd’hui CGI et effets old-school. Pour mieux souligner cette performance il se paye à nouveau le luxe d’inviter le pape des SFX de genre, Tom Savini, dans le rôle monosyllabique d’Osiris Ampanpour. Don jonhson, lui, ressemble à Elvis version fin de carrière. Pourri jusqu’à la moelle, il semble prendre son pied à chaque prise. Et que dire de Robert de Niro, qui enchaine depuis maintenant vingt ans les merdes comme Seagal s’enfile des saucisses apéritifs, et qui ici, en se caricaturant à l’extrême, retrouve une étincelle dans le regard, de celle qu’on pensait perdue à jamais. Si ça sent la sueur, Rodriguez n’oublie pas d’intégrer à son incroyable histoire le sexe, avec une galerie d’actrices plus customisées les unes que les autres, les travestissant ici en Che Guevara, là en nonne, dans une ambiance de boite de striptease qui serait tombé dans les mains des entraîneuses. Personne n’est net, dans Machette. Tout semble dégueulasse, et pourtant, c’est de la fiente qu’émerge le héro de tous les temps, l’incroyable Dany Trejo, acteur épouvantable, mais gueule de cauchemar, que Rodriguez, qui ne renouvelle pas l’erreur de Prédator, limite ici à une expression dans laquelle se projette tous les fantasme des spectateurs. D’aucun diront que le film est un peu vain. Peut-être. Mais a-t-on vu souvent, dans l’histoire du cinéma, des pellicules aussi déviantes et jouissives que celles-ci. Avec des acteurs qui mouillent le débardeur, sans se soucier de leur image ?… De toute façon, Rodriguez s’en fout. Il avance droit dans ses bottes, accompagné de son univers branquignol, et conduit ses film comme son héro les grosses cylindrées, écrasant les pisse froids sur son passage, et entraînant avec lui tous les autres, dans un gros son de Rock’n’roll qui tâche…

9

Publié le 11 Décembre 2010

Saw 3D : Chapitre Final

Saw 3D : Chapitre Final

La septième apparition du bricoleur de génie et de ses apprentis, sensé clore la franchise (ce que nie le sempiternel twist final, digne d’un épisode d’Amour Gloire et Beauté pris en cour de route) est plutôt un bon cru. Evidement, il vous faudra passer outre le fait que le Jigsaw (ou sa descendance) est devenu un telle grenouille de bénitier qu’à ces coté Soeur Thérésa passerait pour un Hell’s Angel. Voyez plutôt: les piégés de l’épisode le sont pour : mensonge, infidélité et grossièreté raciste ! Seule la torture pouvait ramener de tels pêcheurs dans le droit chemin. Attention spoiler : il parait que dans l’épisode huit, le successeur du Jigasw s’occupera des voleurs de gommettes de l’école primaire des Œillets (Information qui reste à vérifier) Mais c’est dans ce délire de puritanisme que l’épisode décolle vraiment.

Totalement déconnecté de toute vraisemblance, la franchise y va tellement à fond dans le Grand-Guignol et l’ambiance train fantôme de fête foraine, qu’elle désamorce mécaniquement le caractère torture porn qui pouvait gêner dans certains épisodes. On passe d’un meurtre (ou purification, selon l’angle de vue) l’autre sans avoir le temps de cogiter, les effets spéciaux craspecs fonctionnent bien, malgré une légère lassitude en cour de route, et la police fait toujours preuve d’une incroyable connerie.

Bref, situé entre Fort Boyard et Destination finale, Saw 3D ne déçoit pas. Il ne convainc pas non plus. Il n’existe que pour rapporter du fric. Et comme le Jigsaw ne réprouve pas la cupidité, le jeu risque de durer encore longtemps…

7.1

Publié le 10 Décembre 2010

La Résidence - Horreur au Pensionnat

La Résidence - Horreur au Pensionnat

La première œuvre du méconnu (en France) Narciso Serrador, auteur de l’incroyable «Révoltés de l’an 2000» (Œuvre pionnière dans le traitement sans concession de l’enfance malfaisante dans le cinéma de genre), possède une réputation en béton armé. Et le moins que l’on puisse dire c’est qu’elle n’est pas usurpée. Tourné en 1969, l’histoire de ce pensionnat de jeunes filles est une pure tuerie. L’occasion pour le réalisateur de décortiquer les mécanismes de domination et d’asservissement dans une résidence à la tonalité plus proche de l’établissement pénitencier que du club méditerranée. Discipline de fer, punition au fouet, frustration, abstinence, jalousie, meurtres, toutes les thématiques du film de pensionnat sont visités dans un scénario extrêmement bien écrit. Jamais manichéen, le réalisateur délivre une œuvre violente et ambiguë, où le vernis de la bienséance forcée craque pour laisser entrevoir les dégâts irréparables d’une éducation basée sur la soumission. Baigné dans une ambiance de cauchemar, Serrador signe un film d’une grande perversité, parfaitement maitrisé, à l’efficacité redoutable, dont l’affiliation au cinéma transalpin de l’époque, et plus précisément celui de Mario Bava, est éclatant. Assurément une des clefs de voute du cinéma de genre espagnol.

8.5

Publié le 9 Décembre 2010

Phantasm

Phantasm

Un adolescent un peu collant à la curiosité aiguisée, suit aux jumelles l'enterrement de son frère. Depuis son point de vue, Mike va surprendre le croque-morts soulever seul, à la fin de l’office religieux, le pesant cercueil qu’il fourre sans ménagement dans son corbillard. Cette exposition insolite est le prélude à une succession de scènes aussi étranges que macabres qui s'enchaînent à un rythme soutenu, réduisant les passages illustratifs à leur portion congrue. Coscarelli, totalement habité par son scénario, évite par la même les poncifs du genre fantastico-horrifique de l’époque. Exempt de ces couloirs de dialogues, il signe un film d'ambiance pure. Fauché comme les blé, ou pas loin, il utilise avec intelligence le moindre décors, à l'image de l'inoubliable funérarium marbré, et enveloppe, à la grâce d'une photographie admirable, son Phantasm dans des ténèbres impénétrables. Les éléments se détachent alors à l'écran, isolés par les projecteurs, accentuant par là même le sentiment d'étrangeté, de perte de repères. Jusqu’à ce que l’on accède à la pièce de toutes les révélations, saturée d’un blanc intense qui aveugle. Et puis il y a ce score qui colle à la pellicule avec une précision rare pour ce genre de production. Seuls les effets spéciaux, bricolés, ont pris l'eau avec le temps, de la disparition très "envahisseurs" de la morgue, à la mouche à merde géante aujourd'hui hilarante. Mais ils ne gâtent pas le plaisir, loin de là. Ils soulignent même l'incroyable travail qui à du être fait pour dépasser l'évident dénuement que ces effets révèle. Véritable prouesse, film fantasme par excellence, il est aussi le berceau de l'un des boogeyman les plus charismatique du cinéma fantastique, le "Tallman", incarné de façon définitive par Angus Scrimm. Symbole de l'épaisseur du mystère que le film renferme, d'une incroyable complexité, ces mutations servent une férocité que l'on pressent aussi inflexible qu’inoxydable. Une figure entrée au Panthéon du cinéma, tout comme cette boule métallique à tête chercheuse qui fut si propice à faire travailler l’imaginaire de toute une génération…

8.53125

Publié le 13 Novembre 2009

Wanted : Choisis ton Destin

Wanted : Choisis ton Destin

Timur Bekmanbetov. Le nom qui tue quand on veut conseiller l'un de ses films. Il faut dire que l'accueil méprisant de ses pourtant terribles "Daywatch" et "Nightwatch" m'avait donné l'occasion de défendre à plusieurs reprise ce réalisateur fantasque, accusé bêtement de plagier le cinéma US alors qu'il nous livrait un diptyque original, habité de culture russe, depuis son scénario alambiqué, sa mise en scène inspirée jusqu'à son esthétique craspec très éloigné des formats américains du moment. Las, le mot était passé dans nos médias: les russes n'étaient pas capable de produire un film d'action original, de développer un univers qui leur était propre et Timur Bekmanbetov ne pouvait être qu'un Michael Bay du pauvre. C'est pourquoi je me suis jeté sur l'affreux fourreau métal de l'édition collector, celui criblée de balle en relief... Alors me sont revenues les critiques qui étaient adressées à Bekmanbetov, et je me suis pincé en constatant qu'elles faisait toutes sens à propos de Wanted. Vainement acrobatique, resucée de déjà vu, souvent laid, toujours con, Wanted est une infâme purge gesticulante que n'arrive pas à sauver les rares effets de mise en scène réussis (A l'image de la tension montante de Wesley devant le harcèlement de sa supérieure). Le casting ignoble surligne l'horreur de la chose, avec en tête de gondole le toujours pénible Morgan Freeman, qui ne lésine pas sur ses regards les plus torves, et la creuse Angelina Jolie, qui nous gratifie d'une interprétation tout en pesanteur, à la hauteur de la connerie du sujet. Pire que tout, là où Nightwatch et Daywatch semblaient oeuvrer pour une vision du monde humaniste, accepter la différence des individus dans une structure hiérarchique, Bekmanbetov nous livre une incroyable apologie à la société de consommation sous sa forme la plus vulgaire et la plus narcissique. Son final en forme de leçon de morale culpabilisante finit de soulever le coeur. Au lieu du « spectaculaire blockbuster qui transcende le genre » (dixit la jaquette) nous n'auront donc eut droit qu'à une horrible 306 tunnée par un beauf décomplexé. Un film tellement ringard qu'on en croit pas ses yeux...

7.15385

Publié le 12 Novembre 2009

The Box

The Box

Une famille se voit proposer une offre plutôt insolite: recevoir un million de dollars en échange d'une simple pression sur un champignon logé dans une mystérieuse boîte. Pression qui déclenchera automatiquement la mort d'un inconnu… L'offre, alléchante et quelque peu perverse, va chambouler la vie paisible de notre couple pris dès lors dans un engrenage diabolique... Richard Kelly convoque donc Richard Matheson pour un scénario qui fait écho à « la quatrième dimension » . Et on peut écrire que le ménage fonctionne à merveille. L'intrigue s'épaissit dans une atmosphère particulièrement étrange, tordant les convictions les plus intimes d'une Cameron Diaz et d'un James Marsden attachants. L'empathie est totale, l'angoisse monte à mesure que le piège se referme sur cette cupidité que l'on imagine avoir un prix très élevé. La réalisation classique sert le récit à merveille, et l'on se surprends à suffoquer à mesure que les questions s‘accumulent. Que signifie ce singulier marché? Qui est ce mystérieux Mr Arlington, au visage dévoré par une brulure infâme? Qui sont ces gens atones qui menacent l'univers jadis paisible de Norma? Pendant plus d'une heure, Kelly nous bourre d’énigmes et fait monter l’égarement à des degrés rarement atteints... Et c'est alors qu'on est pris à la gorge que The Box va se dégonfler comme un mauvais soufflet. Car des réponse, il y a. CIA, NASA, Martiens, foudre, portes vers l'au-delà, le récit explose soudain, miné par les explications qui s'amoncellent et désamorcent les unes après les autres la tension si précisément organisée. L'inquiétude cède d'abord la place à l'incompréhension, avant que la cascade abracadabrantesque d'évènements ne finisse par lasser pour donner l'impression qu'en fait de quête mystique, on se trouve face à une film truqueur qui n'arrive pas à se sortir de sa terrible ambition première. Tout ce qui faisait la force du début devient soudain faiblesse. Les scènes sonnent faux, les rebondissements semblent artificiels, Norma traîne un regard amorphe sur des bobines au sens relatif, des ingénieurs se perdent en explications vaseuses, jusqu'au terrible Mr Arlington dont la courtoisie raffinée finit par lasser. On assiste à un effondrement narratif rare, que seul des coupes franches en salle de montage auraient pu sauver du naufrage. The box, brutalement sectionné en deux parties, se place donc au Panthéon des films qui, à trop vouloir monter son suspense, se fait piéger par sa propre vacuité. Un film qui laisse donc un goût amer, après nous avoir offert une des tranche de mystère les plus épaisses depuis "l'invasion des profanateurs", mais sans avoir pu tenir la ligne épurée de son illustre ainé.

6.46429

Publié le 8 Novembre 2009

Le Lac des Morts-Vivants

Le Lac des Morts-Vivants

Incroyable Jean Rollin, un des rares réalisateur capable de donner envie de défendre l'indéfendable. Mais le lac des morts-vivants, quand même… I faut écrire que même lui ne l'assume pas, signant d'un pseudo exotique (J A Lazer) cette pourtant bien franchouillarde pellicule. Et il n'a pas tord, car de Jean Rollin, il n'y a point dans ce navet cosmique. Exit sa langueur troublante au profit d'un pénible sur place. Pas de lyrisme, mais un je-m'en-foutisme continu. Et ce montage dyslexique! Les zombies sortent du lac en boucle, ils grognent au centre du village, un instant avant de sévir au bord de l'eau. D'un plan l'autre ils sont seul, trois, douze... En attendant il fait nuit, jour, jour, nuit dans le désordre le plus invraisemblable. Incroyable film à la photographie ignoble, au scénario irresponsable et à l'érotisme tristounet. On y trouve tout ce que les critiques reprochent traditionnellement à Jean Rollin. L'amateurisme total, la nullité de chaque plan, la bêtise intersidérale d'une histoire qu'évidement sa mise en scène ne vient pas sauver. Et c'est peut-être là que se niche l’intérêt majeur de ce Lac des morts-vivants: car il nous permet de toucher les différences palpables entre cette coquille vide de commande et les œuvres signées par le réalisateur et habitées, elles, d'une certaine poésie, d'un art assumé du plan qui fascine, d'un ridicule fauché qui attire la tendresse et l'indulgence. Un film à voir donc, dans l'optique soit de rire un bon coup en suivant cet improbable roman photo sur les difficultés d’assumer son rôle de père dans la France profonde quand on est un zombie nazi amphibie, soit de mieux comprendre, par son absence même, l’essence du cinéma de Jean Rollin.

4.22222

Publié le 6 Novembre 2009

La Longue nuit de l'exorcisme

La Longue nuit de l'exorcisme

Une femme déterre un squelette humain à main nue tandis qu'un enfant trompe son ennui en tuant des lézards au lance pierre et que des putes soulagent des paysans vulgaires dans les sous sols d’une ruine. Bienvenu à Accendura, petite bourgade d’Italie du sud! Le guide, Lucio Fulci! En délocalisant son Giallo il va souligner plus encore le regard désabusé qu’il pose sur l'humanité. Loin de la flamboyance urbaine de nombreux Gialli de l'époque, il se permet, grâce à cette délocalisation, d'appuyer lourdement là où ça fait mal. L'ambiance particulièrement malsaine, sert un scénario où se déverse toutes les tares possibles et imaginables. Femme, enfant, veau vache et cochon sont pourris, cruels, souillés, perturbés, vicieux, abrutis, vils, superstitieux... Bref, la galerie est parfaite pour jouer le drame glauque d'une série de meurtre d'enfants pour le moins impitoyables. Le casting est parfait, sans fausse note, le scénario tourmenté à souhait, la photographie soignée comme jamais. Mais surtout Fulci est dans une forme étincelante. Mise en scène d'une précision diabolique, travail des plan sophistiqués, mobilité absolue de la camera, il maîtrise totalement son sujet. Techniquement, on le sent au sommet. Il nous étouffe, nous indispose, imprègne la pellicule d’un épais malaise, putréfie l'atmosphère dans une ébauche évidente à la poésie macabre qui fera de lui un réalisateur à part. Misanthrope, il n'oublie pas d'opposer en quelques plans les tares génétiques de la campagne à l'indifférence, au mépris et au vice d'une ville organiquement lié à Accendura par cet autoroute ultramoderne qui draine ses citadins insensibles et égoïstes vers Milan. Malsain, désillusionné et particulièrement graphique, « La longue nuit de l'exorcisme » fait partie de ce que Fulci à tourné de meilleur. Un grand film avant même d‘être un bon giallo.

7.33333

Publié le 5 Novembre 2009

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