Demonia

6.7/10
Demonia

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Sir Gore
America's Most Wanted - 525 critiques
publié le 01/01/2007 - 00:00
8
 

Les nonnes ont la dent dure

Pour tous, et même pour les inconditionnels, Lucio Fulci est artistiquement mort depuis la première moitié des années quatre-vingt jusqu'au point final de sa carrière. La facette navrante de la chose réside dans le fait que la plupart n'ont pas pris la peine ou eu l'opportunité de découvrir toutes les petites perles oubliées que le maestro a réalisées durant sa dernière période professionnelle, quand bien même ses problèmes de santé et les budgets misérables avec lesquels il se voyait contraint de tourner n'ont cessé d'y imposer des obstacles et par la même occasion d'enterrer progressivement le cinéaste italien dans les tréfonds de l'oubli. À cheval entre l'ancienne et la nouvelle décennie, entre 1989 et 1990, Fulci est physiquement remis sur pied à la suite d'un long calvaire qui l'avait forcé à quitter le plateau de tournage de plusieurs films, parfois jusqu'à devoir confier le restant de la tâche à un collègue (en l'occurrence l’incapable Bruno Mattei pour Zombi 3); cependant, plus ruiné que jamais, il est par ailleurs obligé de terminer un contrat avec Alpha Cinematografica, compagnie pour laquelle il a déjà mis en scène deux ou trois longs-métrages tout en participant de manière plus anecdotique aux autres d'entre eux. Il est a noter que l'on trouve de petits bijoux inconnus parmi les dites œuvres, tels Soupçons de Mort, Hansel e Gretel (co-réalisation avec Giovanni Simonelli) ou encore The Murder Secret de Mario Bianchi, où se dessine un univers morbide et singulier, obtenu avec un format 16mm donnant lieu à une esthétique très brute, granuleuse, les décors d'une Italie provinciale vétuste, des histoires tour à tour macabres, dérangeantes et fantastiques ainsi que le feu vert au gore crade, fait avec les moyens de bord.

Naît alors Demonia, qui marque une pause intermédiaire avant la fin de la collaboration avec Alfa Cinematografica. Avec trois bouts de ficelle, une équipe improvisée et quelques uns de ses comédiens fétiches du moment – dont Brett Halsey, Al Cliver, Carla Cassola ou encore Lino Salemme –, Fulci tournera ce film d'épouvante avec pour thème la résurrection de nonnes crucifiées au Moyen Âge ayant pour but de se venger sur une petite communauté au même endroit où s’est produit l'incident des siècles auparavant au cœur d'un petit village de Sicile caractérisé par un relief pentu, des maisons et des grottes en pierre. Le scénario de Demonia s'inspire fortement de celui de L'Au-delà et les similitudes entre les deux œuvres ne s'arrêtent guère là; outre de nombreux éléments parfois à peine détournés, comme les séquences de crucifixion, la médium qui se fait tuer par ses chats de la même manière que la voyante aveugle de L'Au-delà par son berger allemand ou encore les personnages presque identiques (la jeune fille jouée par Meg Register se nomme Lisa tout comme Catriona McColl), l'on y ressent le même style d'atmosphère, mêlant onirisme, surréalisme et fantastique ésotérique dans un environnement baroque.

Toutefois, Demonia n'a pas l'étoffe du point d'orgue de son auteur, et ce pour quelques raisons évidentes, à commencer par sa qualité visuelle et sonore exécrable: le rendu photographique hideux laisse à croire que le film fut presque entièrement tourné au camescope, quant au son, il semble avoir été réenregistré en post-production dans des conditions catastrophiques. Un comble de la part du technicien aussi habile et talentueux que l'on a connu dans d'autres films. Ensuite, le récit tourne en rond à de trop nombreuses reprises et les scènes de remplissage sautent aux yeux. Tout cela peut représenter la conséquence d'importantes lacunes de budget et Fulci devait sans aucun doute lutter laborieusement contre le manque de temps et d'argent, mais plus encore, l'investissement inexistant de la production.

Et pourtant, malgré toutes ses faiblesses, Demonia demeure fort intéressant; la réussite de son ambiance et la beauté de ses décors le prouvent, mais également la folie dont il fait preuve lors de l'arrivée de scènes gore en seconde partie de métrage. L'on retiendra trois d'entre elles, particulièrement graphiques et impressionnantes: la première est le meurtre d'une voyante énigmatique par ses chats, qui se retournent subitement contre elle, la mutilent et lui dévorent les yeux en gros plan; la seconde illustre la mise à mort d'un boucher qui en savait trop, égorgé à l'aide de crochets à viande avant de se faire clouer la langue sur un tabouret; enfin, la troisième montre l'écartèlement complet d'un homme qui souhaitait arracher son enfant des bras d'une nonne-fantôme. En dépit de l'indigence des trucages, Fulci s'obstine à tout montrer, ce qui rend son Demonia drôlement extrême, à classer sans problème au rayon des bandes trash d'Olaf Ittenbach ou Andreas Schnaas de la même époque, venues d'Allemagne. En ce qui concerne l'inteprétation, les comédiens s'en sortent honorablement et l'on aura eu l'occasion de voir bien pire chez le cinéaste (Aenigma et sa calamiteuse direction d'acteurs); le maestro joue d'ailleurs lui-même – et non sans une certaine classe – le rôle d'un inspecteur de police se grattant sans cesse la barbe. La musique, signée Giovanni Cristiani, s'accorde très bien au climat envoûtant et mystérieux du film, même si aucun thème ne paraît aussi mémorable que ceux de Fabio Frizzi, le compositeur de la grande période horrifique de Fulci, depuis L'Enfer des Zombies jusqu'à Manhattan Baby.

Demonia fait figure de ce que l'on pourrait qualifier de maelström fulcien, car pour autant que l'on connaisse bien le réalisateur, sa patte, son style, il n'évoque rien de plus précis que tout ce qui charpente son univers, univers unique s'il en est. Une sorte d'œuvre-synthèse des tics de Fulci, de son génie à sa maladresse, qui pâtit hélas d'une réalisation lamentable, mais évite le naufrage grâce à une atmosphère proprement incroyable et des dégénérescences gore monstrueuses. Il s'agit d'un film à réserver toutefois uniquement aux amoureux du maître en raison de son inaccessibilité.

Portrait de Guill Guill
Serial Killer - 838 critiques
publié le 01/01/2007 - 00:00
8
 

Demonia

S'avérant un film mineur et peu connut de la filmo de Lucio Fulci, il en vaut quand même le détour. Quelques scènes nous faisant rappeler ses anciens films mais dans une manière un peu subtile. Le scénario défilant sans preuve de grande originalité nous réserve en revanche une bonne ambiance stylé et soignée minutieusement de la part de Fulci. Lui-même ayant un rôle dans le film ce qui m'a surprit d'ailleurs l'ayant jamais vue jouer auparavant. Quelques scènes gores valent le détour comme par exemple l'écartèlement d'un homme via des cordes attachées à ses membres, une scène faisant rappeler le même soit-disant passage dans 'Cut and Run' de Ruggero Deodato. Finalement un bon divertissement faisant partie de ces film de fin de carrière mais pas inoubliable.

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