Human lanterns

Tan Fu et Lung sont deux notables que tout oppose. Alors que leur rivalité ne cesse de s’exacerber, les proches de Tan Fu disparaissent mystérieusement. Lung est rapidement suspecté même s'il nie toute implication. Y aurait-il un rapport avec le concours de lanterne qui est censé se dérouler dans peu de temps ? Principalement cantonné aux productions d’action virevoltantes, la Shaw Brothers fait une incursion dans le cinéma d’horreur pour le moins surprenante avec Human lanterns, habile mélange des genres qui s’avère une curiosité on ne peut plus étrange dans le paysage asiatique de l’époque.

À mi-chemin entre le film d’arts martiaux typiquement hongkongais et une horreur très esthétique que ne renierait pas certains réalisateurs de renom, Human lanterns dispose d’un casting cinq étoiles qui, s’il ne dit rien au profane, a de quoi laisser pantois. Pour ne citer que les têtes d’affiche : Tony Liu, le regretté Lo Lieh (une filmographie de près de 200 films !) et Chen Kuan Tai. Un trio gagnant qui s’avère un atout non négligeable dans la réussite du film. Mais Human lanterns se démarque également par une mise en scène propre et soignée qui se focalise sur l’atmosphère poético-macabre de l’histoire.

Certes, le scénario ne sort pas de l’ordinaire. On pourrait même reprocher quelques procédés faciles (la rivalité vectrice de tous les maux), mais Sun chung mêle savoir-faire asiatique à l’habileté des metteurs en scène soucieux de donner à leur œuvre une identité unique et porteuse de la thématique de fond. En l’occurrence, la vanité mène l’individu à sa propre perte par le biais d’un narcissisme aveuglant. Shaw Brothers oblige, les chorégraphies des combats sont irréprochables et finissent de conférer au film une singularité toute trouvée. Affrontements aux sabres, joutes aériennes ou démonstration audacieuse de kung-fu, l’histoire se ponctue constamment de ces séquences d'action techniquement sans failles.

Bref, Human lanterns se révèle une production atypique. Action et horreur se côtoient dans un troublant mélange instillant à Human lanterns un graphisme travaillé et recherché tant sur le choix des ambiances visuelles que sur la mise en situation des différentes péripéties. Ainsi, combats réglés au millimètre et massacre de sang-froid se succèdent dans un film qui demeure aujourd’hui un objet rare et singulier. Force est de constater que Human lanterns a très bien vieilli au fil des décennies (mis à part quelques menus détails sans importance), ce qui est tout à son honneur.