John Rambo

Voilà presque 15 années que j'attendais cet évènement ; car je n'avais que 10 ans lorsque j'ai véritablement pris conscience de l'importance de Rambo dans ma vie de cinéphile. Avec les années, mon expérience s'est accrue et j'ai appris bien malgré moi que les suites sont rarement aussi bonnes que leurs aînées. A titre d'exception, je citerai notamment TERMINATOR : JUDGEMENT DAY, BLADE II ou encore EVIL DEAD II - DEAD BYDAWN. Comme la majorité des gens, j'ai eu beaucoup d'appréhension et de méfiance suite à l'annonce d'un quatrième épisode. Mais les mois qui ont précédé la sortie du film m'ont donné tort. L'extrême violence du « bloody traser » a laissé présager la non-soumission de Sylvester Stallone au politiquement correct, la courte durée du film qui ne laisserait pas de place à l'inutile,... Autant d'éléments qui laissaient croire au meilleur, voire au chef d'oeuvre. Cependant, une chose était certaine : le film allait diviser. Aussi sûre que le père Noël n'existe pas (ha bon ?), il y les pour et les contre ; mais certainement entre les deux ! car est complètement fou celui chez qui le film laisse indifférent. Je suis saint d'esprit et réaliste (et pas cynique, comme certains disent pou John Rambo) et c'est pourquoi j'ai signé le contrat des défenseurs du film.

Voici mon testament et je promets de dire toute la vérité et rien que la vérité. J'ai lu quelque part que le plaisir que l'on pouvait ressentir en regardant le film était comparable au fait de se servir (indirectement) du génocide birman pour bouffer du pop corn ! Une remarque pareille est inutile, infondée et totalement grotesque. De toute façon, le bruit provoqué par le pop corn est camouflé par celui des mitrailleuses, grenades et autres moments forts du film. Si en effet, Rambo menait une nouvelle vie d'ermite blessé en son coeur et en son âme depuis quelques années, en aucun cas il fût en « hibernation » attendant un nouveau combat comme certains peuvent le faire croire. De un, il n'attendait rien car déjà dans Rambo III il ne voulait plus se battre. La seule raison était de sauver son ami Samuel Trautman. Car « il l'aurait fait pour moi ... » comme il le disait si bien. De deux, le début du film montre bien que John Rambo vie une nouvelle vie ailleurs dans un coin perdu du monde et non pas en hibernation. Certains ne savent plus quoi inventer ! En plus de devoir supporter un fils déjà très violent, Stallone balance des images d'archives terrifiantes dans la gueule du spectateur : terrifiantes car réelles. En quelques minutes qui passent comme une flèche, le spectateur sait dorénavant la température qu'il fait en Birmanie. Voilà déjà un élément qui touche celui qui regarde le film. Et tout ça en même pas trois minutes ! La raison pour laquelle John Rambo a une paire de couilles plus grosses que celles d'un taureau, c'est tout simplement qu'il ose montrer la vérité. « Pas de peur, pas de regrets » disait Trautman. Pourquoi se cacher ? Pourquoi ne pas le faire ? Stallone aidé de son fils Sage, a compris qu'il faut donner des gifles dans la gueule pour faire bouger les choses ou mieux encore ébranler les consciences. Un tel assemblage d'idées doit forcément se voir sur un grand écran, car l'impact ne peut en être que plus grand. Mort aux pirates qui téléchargent sans vergogne ! A en juger, la violence est-elle gratuite ? Il est vrai qu'elle est excessive, mais savons-nous réellement ce qui se passe en Birmanie ? Les journaux nous montrent-ils vraiment la vérité ? Non, mais nous nous doutons tous un peu de ce qui se passe là-bas. Hé oui, car tout le monde n'est pas idiot !

Contrairement à beaucoup de films d'action où la violence est juste distrayante, celle de John Rambo ne l'est pas. Je dirais même que par moment elle me fût insupportable ! Chose très, très rare avec (l'ancien) Stallone ! Pratiquement parlant, les SFX sont impressionnant et font la mouche à chaque seconde des 90 minutes du film. Vous pouvez me contredire si ça vous chante, mais certains passages sont à la limite du documentaire ; tellement bien faits qu'on se demande parfois si Sylvester Stallone ne s'est pas transformé en mouche pour aller zigzaguer dans la jungle. Des films gores qui sont politiques il y en a certainement. Alors pour moi, sans conteste, John Rambo en est le plus bel exemple à ce jour ! Le film est bel et bien un missile 10 méga tonnes dans la gueule de TOUS les gouvernements, dénonçant sans pudeur (et sans parti pris) l'horreur de la guerre (ou en l'occurrence plutôt du génocide).

J'ai remarqué une chose qui m'a interpellé durant tout le film, John Rambo est le plus « guerrier » des épisodes de la saga, tandis que le premier est le plus « intimiste ». Mais musicalement, les thèmes du film sont moins furieux que ceux du premier. Brian Tyler a donc fait de l'excellent boulot en reprenant le travail de Jerry Goldsmith. Il n'est pas tombé dans le piège « film violent, musique violente » qui aurait donné un côté énervant. Malgré sa courte durée, le film n'en oublie pas pour autant les trois épisodes précédents. Un flash-back court, en noir et blanc est du plus bel effet. En l'espace de quelques secondes, il nous résume (et rappelle pour certains) ce qu'est John Rambo : un soldat traumatisé qui s'est longtemps renié malgré l'évidence : cela ne sert à rien de fuir car ce que tu es te rattrape toujours, telle est la pensée principale de ce flash-back qui m'a fait frissonner de nostalgie. Comme l'a si bien souligné le Mad Movies, Sylvester Stallone rend un hommage évident à CONAN de John Milius lors de cette séquence ou Rambo forge une arme blanche qui sera primordiale plus tard dans le film. Avant de terminer, je tiens à préciser une chose qui m'est ennuyeuse, preuve est encore une fois de la connerie humaine, John Rambo n'a pas vaincu l'armée russe dans le troisième épisode, il a battu un des derniers bataillons présent, dirigé par un chef qui n'obéissait qu'à lui-même, nuance donc... Après avoir vu le film, posez-vous donc la question de savoir si la violence peut servir le bien. Le monde est tellement devenu pourri que la violence est aujourd'hui devenu nécessaire.

La boucle étant fermée d'une façon magistrale comme dans Rocky Balboa, nous ne pouvions rêver meilleur final, nous spectateurs, pour cet homme qui nous a tellement fait vibrer. Alors pitié et j'en appelle à tous, pas de Rambo 5 ! Car comme l'a si bien dit John Rambo lui-même : « désolé, mais faut savoir s'arrêter ».