Eden Lake

Pastiche du cinéma anglais à l’instar d’un « This is England », « Eden Lake » est une compilation de scènes d’une cruauté atroce souffrant cependant d’une bien trop grande prévisibilité. En effet, tout s’enchaine comme on pourrait le penser, et ce n’est pas le final, bien que psychologiquement fort, qui témoignera du contraire. Si l’ensemble des personnages tiennent du cliché, le réalisateur sait s’absoudre de ce mauvais côté pour y donner de la consistance n’enlevant cependant pas cet impression persistante de déjà-vu. Mais la ou Watkins fais fort, c’est dans son flirt avec l’actualité : la montée en puissance de la criminalité infantile. Projet assez risqué dans l’ensemble, la plupart des réalisateurs surfant sur des faits médiatiques bien souvent exagéré par des médias avides de sensation forte se plantent royalement – et Dieu sait que ce fait en particulier n’est que foutaise médiatique, comme dirait AKH : « Mais en parler au journal tous les soirs, ça devient banal Ca s'imprime dans la rétine comme situation normale, Et si petit frère veut faire parler de lui, il réitère ce qu'il a vu avant 8 heures et demie »-. Pourtant Watkins insuffle avec brio une froideur d’image propre au climat anglais sur la photographie du film, ne laissant présager aucun signe d’espoir quant à la survie des protagonistes. Et ca fonctionne, le spectateur se laisse trainer dans les méandres de la cruauté humaine avec cette sensation bizarre de voyeurisme qui fait le bonheur de tout amateur du genre. Paris réussi donc, fortement louable pour un film actuel. On en redemande.

Je dois dire que je ne suis pas du tout étonné que le scénariste de ce film soit également celui de la suite de l'excellent "The Descent", tant les similitudes entre ces deux films sont évidentes ! A la limite, on retire la sympathique petite ballade de spéléologie et on remplace les crawlers par une bande de sales morveux désoeuvrés, et le tour est joué ! Je n'exagère pas tant que ça, et c'est tant mieux finalement ...

En effet, l'héroine du film ressemble fortement à la Sarah de "The Descent", pas seulement au niveau de la couleur des cheveux, mais surtout au niveau de l'évolution psychologique. Une petite ballade romantique dans un cadre idyllique, et là ... c'est le drame ! La jeune femme se voit traquée par une meute de jeunes pubères en mal de sensations fortes, et va se muer à son tour en prédatrice à mesure que la haine prend le pas sur la souffrance et la peur ... Un cheminement similaire à la pauvre Sarah dans le film de Neil Marshall, où la jeune femme terrorisée et spectatrice d'un horrible carnage, finissait par se rebeller et déglinguer du crawler à son tour ...

Viscéral, violent, réaliste, crédible dans les réactions des uns et des autres, ce survival met l'accent sur les dérives d'une certaine jeunesse en perte de repères, délaissée par l'éducation parentale, soumise au joug de l'image véhiculée, la peur de se voir rejeter par le groupe, en témoigne l'influence néphaste et dominatrice du caractère le plus affirmé auprès de ses camarades, allant jusqu'à leur ordonner de commettre l'irréparable sous peine de se voir exclure de la "meute" ... Mais je retiens surtout le final, d'une noirceur dramatique abyssale et sans concessions ... Ce survival d'un rare pessimisme confirme l'excellente santé actuelle du cinéma de genre britannique, qui surfe sur une hausse inquiétante de faits divers sordides impliquant des jeunes au pays de Sa Gracieuse Majesté ... Une vraie force d'impact !

Un couple part en week-end au bord d'un lac apparemment tranquille. En apparence seulement, puisque des jeunes voyous s'approprie les lieux. S'ensuit une escalade de violences qui amènera une chasse à l'homme sans concession. Avant de poursuivre, je tiens à signaler que je donne quelques explications concernant la fin (sans toutefois la spoiler, du moins je l'espère) et qu'il serait préférable de ne pas lire ce qui suit pour ceux qui n'aurait pas vu le film. Eden Lake est un film au message fort. Outre l'aspect horreur très bien retranscrit, il nous montre une jeunesse en plein désarroi qui ne possède plus aucun code moral. Il enchaîne les scènes de barbaries (je ne vois pas d'autres mots) sur le couple où la surenchère de violence gratuite atteint son paroxisme vers la fin du film. Un dénouement très pessimiste et qui a mon avis n'était pas le plus adéquat pour le thème abordé. D'habitude, je ne rechigne pas à voir une "mauvaise" fin (j'entends pour les protagonistes), si tant est qu'elle soit cohérente par rapport à l'histoire. Pour Eden Lake, le message final que le réalisateur nous apporte est... dérangeant. En clair, seul la loi du plus fort prévaut. La sauvagerie humaine ne possède aucune limite. Eden Lake est donc un excellent film au message fort et controversé.

Dans la même lignée que ILS ou THE STRANGERS, EDEN LAKE est sans contestation un survival. Dans la même idée que ces derniers, on a un petit couple de citadin qui viennent passer un week en dans la campagne et qui découvre les autoctones du coin...

Ce qui est intéressant dans ce film, c'est la montée du film. En effet, on entre pas dans la boucherie dès les 5 première minutes, mais c'est un jeu de rivalité entre cette bande et ces "etrangers" qui va amener la dérive et qui est ici très bien mis en scène sans devenir ridicul.

Le jeu des acteurs est vraiment bon, mais surtout réaliste comme le scénario. On est pris de compassion et de terreur pour le couple. Cette folie barbare déclenchée et ce point de non retour sont vraiment bien mis en scène.

On regrettera néanmoins une fin qui pour ma part était prévisible (quand on comprend la dynamlique du film il ne peut y en avoir une autre). J'ai aussi était déçu par les relations au sein du groupe d'ado, qui à la fin me paraissent décallé (je ne dirais pas non plus incohérent mais j'ai été surpris que certains ressentent de la compassion ou deviennent hostiles entre eux).

Mais c'est un vrai bon moment de tension qu'on passe. Ce film pose les questions d'un "conditionnement" à la violence enseigné par les parents, et de l'inconscience qu'ont certaines personne face à un public qui peut se révéler être très dangereux. A conseiller vivement.

INFERNO

Eden Lake est une excellente surprise. Et pourtant, ca commence mal, le début est long et ne nous épargne pas les clichés, on craint un énième navet... Que nenni ! Certes, comme tout survival, Eden Lake a sa part de violence gratuite et de scénes chocs. Mais là où le film se démarque c'est dans le fait que la violence ne soit peut-être pas si gratuite que ca ou, tout du moins, on comprend d'où elle vient : des gamins violentés et paumés qui deviennent violent à leur tour. Le film comporte bon nombre de messages sur les rapports parents/enfants, rien que l'on ne sache déjà mais que l'on voit autrement après ce film. On est pris de compassion pour ces héros à qui l'on n'épargne rien et surtout pas les pires tortures... On est également rarement pris d'une telle aversion pour les "méchants" qui sont d'autant plus effrayants qu'ils sont des enfants. Le twist final est excellent mais également décevant tant l'on attend une autre fin, plus morale... Le jeu des acteurs est inégal mais bon dans l'ensemble, le scénario n'est pas spécialement original mais n'en reste pas moins efficace. Eden Lake fait parti des meilleurs dans son genre et pourrait bien devenir un film culte. A voir mais à déconseiller aux ames sensibles...