Une femme disparait

Ce jour restera pour moi mémorable ! Imaginez plutôt : une belle soirée d’été tempérée, une salle de cinéma d’antan qui a vu défiler bon nombre de chefs d’œuvre (entendez par là une salle anti-commerciale) et un classique du cinéma qui porte la signature du maître du suspens : Alfred Hitchcock ! Hé oui, je suis un petit veinard, je sais. Que dire de ce film ? Tout simplement que les thèmes récurrents dont AH nous a habitués tout au long de sa carrière prennent leurs pleines mesures ici. Les jeux de lumières, les ombres, les cadrages de caméra : cela à l’air si simple pour lui et si compliqué pour d’autres à l’heure actuelle que ça en devient une évidence : AH était un génie ! Le plus banal des scénarios pouvait être transfiguré avec lui. Ici, tout commence par une simple disparition (comme dans bon nombre de ses métrages) alors que bien avant AH aura bien pris le temps de nous présenter les futurs protagonistes : des personnes très ordinaires … tellement ordinaires qu’on ne peut s’empêcher de s’identifier à elles. A cela, il ajoute des situations granguignolesques pouvant dérider la personne la plus froide. Qu’est-ce que cela apporte au reste du film vous me direz ? Beaucoup de qualité car contrairement aux films actuels qui bouchent les énormes trous béants scénaristiques, les films dont accouchent AH gagnent en profondeur et en psychologie. Bref, il arrive à donner de l’épaisseur à ses personnages qui paraissent très banals de prime abord. La suite du film tourne autour de cette mystérieuse disparition. Mystérieuse ? Oui car toutes les personnes à bord ce train nie l’avoir vue. Pourquoi tant de mystère ? Pourquoi ces gens mentent-ils ? Pour cette jeune femme, il ne faudra pas seulement retrouver la disparue mais également faire la part de lumière sur cette sombre affaire. Niveau casting, on peut dire que AH avait le nez creux pour dénicher des perles. Tout y est : des jeunes premiers au sourire d’ange et propre sur eux aux ombres menaçantes cachant secrets et mensonges derrière leur visage impassible. La suite de sa carrière en sera le parfait reflet et nous laisse entrevoir les prémisses de sa passion pour les femmes plantureuses. Le suspens est omniprésent (normal vous me direz) mais c’est surtout dans la manière dont il vous entraîne d’une scène à une autre sans qu’on s’en rende compte qui force le respect. Comme si le film avait été tourné sur une seule grande scène, sans coupure. Je pourrais en parler pendant des heures que ça n’y changerait rien : ce genre de film ne se raconte pas, il se vit et sur grand écran si comme moi vous avez cette chance. Je n’ai qu’une dernière chose à dire : merci Monsieur Hitchcock pour cette leçon de cinéma !

Premier chef d'oeuvre d'Hitchcock selon moi, mêlant avec une insolente réussite enquête policière dans un train, humour et charme avec la jolie brunette Margaret Lockwood. Aucun temps mort pour une réussite totale, Hitchcock nous faisant du Hercule Poirot avant l'heure. Un film brillant, injustement méconnu...