Slipstream

Un scientifique a mis au point une petite machine à remonter le temps qu’il mettra à profit pour dévaliser une banque tout en passant inaperçu. Débutant sur de bonnes bases, David Van Eyssen s’attaque au voyage temporel. Comme je l’avais souligné précédemment pour l’excellent film de Nacho Vigalondo, Time crimes, aborder un tel sujet n’est pas sans risque. Il advient au cinéaste de réussir à se démarquer des productions existantes tout en soignant son histoire. Malheureusement, le récit se déroule dans un cadre conventionnel et ne propose aucune réelle innovation. Stuart Conway ne peut remonter le temps que de 10 minutes. Dans ces conditions, ses actions sont on ne peut plus limitées. Limiter est également le mot qui convient à une réalisation poussive. Le réalisateur utilise des effets de ralentis et d’accélérés à outrance sans se soucier de la cohérence de son histoire. Un récit qui se cantonne à restreindre au maximum les possibilités d’un tel procédé. Le film se déroule uniquement sur trois séquences fades. Le braquage de la banque, la prise d’otage dans le bus et la fuite. Un répertoire de situations très banales où les interprètes ne parviennent nullement à nous convaincre. Même Vinnie Jones, acteur que j’apprécie grandement, semble étrangement absent. Sa prestation laisse un goût amer au vu de son talent. De ce fait, le voyage temporel ressemble à un subterfuge pour masquer les errances du scénario. Sa réelle utilité est de répéter les actions pour en corriger les erreurs dans un cadre identique. Seulement, d’autres bévues apparaissent, pire que les précédentes. Un effet papillon insignifiant (les personnages ne se rendent compte de rien) par rapport au petit chef d’œuvre d’Eric Bress. D’autant plus que Stuart Conway se permet d’affirmer que tout ce qui entre en contact avec la personne remontant le temps n’est pas altérée. Elle conserve les objets acquis pendant ces 10 minutes et se souvient de tout. Je suis d’accord, mais si elle garde un souvenir, son psychisme est touché, si c’est le cas, son physique devrait en conserver les séquelles. Et bien non, ce n’est pas le cas. Incompréhensible. Doté d’une histoire bancale aux incohérences multiples, d’une interprétation grotesque et d’une réalisation prétentieuse, Slipstream est un film de science-fiction médiocre.