Sailor et Lula

Je suis assez surpris de la part de Lynch de faire un film comme ça, et aussi surpris qu'il ait eu la palme d'or du festival de Cannes. C'est une sorte de Roméo et Juliette facon violent, trash, barré et bien penché sur le cul. L'esprit de Lynch est bien là mais contrairement à ses autres films, je n'est absolument rien ressenti dans cette histoire, aucun dégout, aucune émotion, rien! c'est surment ce qui m'a le plus deçu dans ce film, Lynch qui arrive toujours à faire resortir les émotions de ses film et les faire vivrent au spectateurs, mais là il ne s'est rien passé, et je trouve que l'histoire tourne légérement en rond ce qui est dommage. Sinon les acteurs sont bon, mention spécial à Willem Dafoe qui est lui excellent dans son role SPOILER la scène de la banque m'a limite glacé, son expression de visage et son rire j'en est encore des frissons FIN SPOILER. Cela m'étonne énnormément que les juré du festival de Cannes ont aimaient ce film, eux qui sont connu pour faire un scandale dès qu'il y a de la violence et du cul (je les comprend vraiment pas), il devait vraiment avoir rien d'intérésant cet année là en compétition... A voir par curiosité, mais ne vous attendez pas à un chef d'oeuvre...

Je viens de découvrir ce film qui m'a plutôt séduit, même si je ne le place pas parmi les plus grandes réussites de Lynch.

Ce film est intéressant car on peut retrouver certaines de ses influences; pour ma part, j'ai remarqué des mouvements de caméra qui m'ont fait pensé à De Palma (les travelings notamment) et une façon de sauter d'un genre à l'autre de manière incongrue qui m'a fait pensé à Pierrot le fou de Godard.

Compréhensible dès la première vision, ce Sailor et Lula offre tout de même plusieurs couches de sens (le contraire aurait été décevant de la part du cinéaste) et plusieurs lectures. Il est par exemple lisible comme une variation sur les fantasmes et les peurs suscités par le passage de l'adolescence à l'âge adulte. Le personnage de la mère est de ce point de vue intéressant: elle apparaît comme une sorte de poupée vieillie (et de sorcière pour Lula!) à la sexualité débridée et non assumée, en proie à de forts troubles psychiques (Eh oui, c'est du Lynch!). Elle peut donc être analysée comme une incarnation des peurs de Lula: d'ailleurs son image s'évapore de la photo à la fin du film, quand Sailor et Lula finissent par se retrouver.

Je m'étonne cependant du profond conformisme du film. Je m'explique: le film raconte au fond l'histoire de deux marginaux qui rentrent dans le rang grâce à la prison et à la police! Je ne dis pas qu'un film doit être anarchiste pour être réussi mais cet aspect m'intrigue dans un film qui traite en partie de la liberté.

Signalons enfin une prestation savoureuse de Dafoe qui réussit sans problème à se hisser au niveau d'intérêt du couple vedette.

Adulant presque Lynch, j'ai eu du mal à croire que c'est lui qui avait réalisé cette romance meutrière assez banale et longuette. Malgré la présence de Dafoe, toujours excellent dans les rôles de méchants (cf Speed 2), j'ai eu du mal à m'accrocher, la faute au couple Dern-Cage, d'une pénibilité rare. A mon humble avis, le plus mauvais Lynch, pourtant primé à Cannes. Mais je garde un souvenir amer de ce road-movie !